Exit Moordale, hello Cavendish College! En changeant de décor, Otis, Eric, Ruby, Aimée, Isaac et les autres nous offrent le vent de fraîcheur (et d'appréhension) que ressent un gamin qui foule pour la première fois le lino de sa nouvelle classe. Maeve, toujours aussi rebelle et dégourdie, s'est envolée pour étudier aux Etats-Unis. Si ça s'envoie encore en l'air entre deux envolées philosophiques à la maturité invraisemblable, notre grappe de lycéens a grandi et accueille un peu d'introspection dans leur bain d'hormones.
La quatrième saison de la série britannique Sex Education, décapsulée jeudi par Netflix, ne se défroque pas d'une formule qui a fait ses preuves. Elle la densifie. Au point que cette fresque pubère volontairement caricaturale, bourrée de trouvailles, de bonne humeur et d'humour, se transforme peu à peu en un monde qui n'existe pas (encore?).
L'établissement est autogéré par les élèves, on y étudie moins qu'on y médite sur un tapis de yoga, les deux roues font la loi, interdiction ferme de propager des méchancetés et les personnages issus de la communauté LGBT+ sont à deux doigts d'être trop nombreux pour être tout à fait crédibles. A ce point qu'Otis, notre jeune mâle blanc à la testostérone tendrement malhabile, devient un ingrédient accessoire. Il faut d'ailleurs le voir paniquer au moment de photographier son sexe, dans une séance de sexting improvisée avec une Maeve au bout du monde (et de l'écran).
Attention, cela n'égratigne en rien le courage et le talent de la scénariste Laurie Nunn qui, dans une époque à bout de nerfs et fortement polarisée, parvient à mettre en scène la transition de genre de Cal, identifié comme non-binaire dans la saison précédente, avec une bonne dose d'intelligence et de réalisme.
Qu'on se rassure, l'éveil sexuel et social continue de se décrotter le coin des yeux avec malice et les expériences (en tout genre) sont toujours aussi décomplexées. Mais en densifiant le CV émotionnel de tous les personnages, en chargeant la barque des difficultés qu'ils traversent (le thème de la mort sera d'ailleurs extrêmement bien amené), l'indigestion pointe. Mot d'ordre: quantité versus qualité, au risque d'égarer quelques fervents admirateurs, faute de pouvoir totalement s'identifier.
Sex Education, qui reste indubitablement le baromètre le plus fiable de l'inclusivité sur les écrans et le GPS de toute une génération de jeunes explorateurs, a peut-être simplement grandi trop vite. C'est ce qui arrive parfois aux (trop) bons élèves.