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«Maestro» avec Bradley Cooper: ça vaut le coup ou pas?

Bradley Cooper et Carey Mulligan sont excellents dans Maestro.
Bradley Cooper et Carey Mulligan sont excellents dans «Maestro».Image: Netflix

Maestro sur Netflix, ça vaut le coup de s’assoir 2 heures?

Bradley Cooper réalise son deuxième film avec Maestro, après A Star is Born. Une fresque réussie, relatant un mariage tumultueux et une oeuvre maîtrisée par l'acteur et réalisateur.
20.12.2023, 20:0921.12.2023, 11:53
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Bradley Cooper n'était pas le premier choix pour (re)donner vie à Léonard Bernstein pour les besoins de ce nouveau film Netflix. Martin Scorsese devait, dans un premier temps, le réaliser (il est producteur à la place), Spielberg était ensuite pressenti (il est présent en tant que producteur exécutif). Mais c'est bien l'acteur et réalisateur, pour son deuxième film dans la peau du cinéaste, qui se place derrière et devant la caméra. Il incarne et donne vie au compositeur, devenu une vedette du jour au lendemain, à 25 ans, en triomphant à Carnegie Hall après avoir remplacé au pied levé le chef Bruno Walter, cloué au lit par la maladie.

Maestro, c'est le titre, a d'abord essuyé une première tempête médiatique dans la foulée de sa diffusion en première mondiale à la Mostra de Venise. Il y a eu cette polémique du nez, cette prothèse nasale portée par Bradley Cooper pour mieux coller au physique du chef d'orchestre. Un scandale qualifié de «Jewface», qui a fait couler beaucoup d'encre et obligé la famille du défunt chef d'orchestre à défendre les choix de l'acteur.

Carey Mulligan dans "Maestro".
L'excellente Carey Mulligan dans la peau de Felicia Montealegre Cohn. Image: Netflix

Désormais place au film dans son plus simple appareil, débarrassé des scandales et tout le tintouin. Bradley Cooper lance les hostilités dès les premières minutes, n'hésite pas à faire basculer sa caméra à une vitesse effrénée, comme ce matin de 1943, où la légende Bernstein s'amorce et se sublime grâce à un plan-séquence assez dingue où nous suivons Bernstein de sa chambre au Carnegie Hall.

Le film passe par certains poncifs (obligés) du biopic, mais Cooper (avec sa casquette du réalisateur) laisse glisser son objectif entre des scènes de concert assez vertigineuses et les turbulences du couple que Bernstein et Felicia Montealegre Cohn formaient - près de 25 ans de vie commune.

Le film a une vraie vitalité, une énergie qui rend hommage au cerveau derrière les compositions telles que la comédie musicale West Side Story ou On the Waterfront du mythique cinéaste Elia Kazan. La musique paraît même un poil en second plan pour s'intéresser à une réflexion de la sphère intime, d'une introspection d'un mariage fait de compromis. Felicia, interprétée par la sublime et précise Carey Mulligan, accepte pleinement la présence ponctuelle d’amants dans l’existence de son mari.

Passion amoureuse aux qualités poétiques

Les sentiments et les ressentiments fusent dans le couple «Lenny et Felicia», comme se plaisaient à les appeler leurs amis. Le «tentons l'aventure» que lance la future épouse du compositeur au moment de se faire passer la bague au doigt, chorégraphie un ballet sentimental qui s'étendra sur de longues années. Une phrase pour une légende qui s'écrit à deux; une pellicule qui fait honneur aux deux personnages centraux et orchestre une passion amoureuse, qui crache d'indéniables qualités poétiques.

En résulte un flot de scènes, des fragments d'amour et de colère, des années 1950 aux années 1970. Cet amour fragmenté, déstabilisé par les amants de Bernstein, aurait pu pourrir le noyau du couple. Felicia a d'ailleurs ce diction chilien pour résumer son couple:

«Ne reste jamais en dessous d'un oiseau qui est en train de chier»

Auquel elle ajoute:

«Et moi je vis sous cet oiseau qui chie depuis si longtemps que c'en devient comique».
Maestro. (L to R) Carey Mulligan as Felicia Montealegre and Bradley Cooper as Leonard Bernstein, (Director/Writer/Producer) in Maestro. Cr. Courtesy of Netflix © 2023.
Une scène sublime lorsque Felicia pousse Léonard Bernstein dans ses derniers retranchements. Image: Netflix

Les reproches sont portés sur le comportement de Bernstein, qui fuit ses obligations, qui simule l'amour et la sincérité, selon son épouse. Le roi de l'indécision a trouvé sa reine, plus décidée a contrario.

Bradley Cooper fragilise l'attitude du compositeur, paralysé par les coups assénés, avant d'en recevoir un dernier dans les dents, par une Felicia épuisée dans cette excellente séquence où le règlement de comptes est corsé:

«Ta vérité n'est qu'un putain de mensonge! Elle aspire toute l'énergie sans laisser aucune place aux autres pour vivre et respirer»

L'épouse le remet à sa place, renvoyant le musicien à sa dimension égocentrique, achevant sa proie avec cette phrase cinglante:

«Si tu continues comme ça, tu finiras comme une vieille folle solitaire»

Un épuisement qui aurait pu scinder le couple, fusiller les derniers verrous d'une union au bord du précipice. Maestro prend un autre tournant, plus lourd, hissant des instants crépusculaires. Ce basculement narratif embrasse un pan du film traitant de la connaissance de soi-même, pour nous amener au ciment d'un mariage qui aurait pu s'éparpiller - il n'y aura donc que la grande faucheuse pour les séparer pour de bon.

Maestro est une symphonie réussie, avec ses envolées; elle sonde les déboires du couple et évite les affres de l'hagiographie. Le métrage laisse surtout un réel terrain de jeu pour les acteurs, sublimant la partition qui frôle parfois le sublime. Bradley Cooper et Carey Mulligan réussissent à nous jouer la mélodie du bonheur (fragmenté).

«Maestro» est disponible sur Netflix dès le 20 décembre

Bande-annonce:

Vidéo: watson
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