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«Le Monde après nous» sur Netflix: une cyberattaque réussie

Le Monde après nous, une fresque angoissante et réussie. CR: JoJo Whilden/NETFLIX
Des satellites HS, des avions qui s'écrasent et des Tesla qui partent en vrille, Le Monde après nous compile tout ça.Image: Netflix

«Le Monde après nous»: Netflix nous plonge avec brio dans une cyberattaque

«Le Monde après nous», disponible sur Netflix et produit par les Obama, est un excellent thriller et révèle la fragilité de notre société dictée par le tout numérique.
09.12.2023, 15:4009.12.2023, 17:14
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Tout débute à Long Island: une belle maison, des vacances en famille pour s'arracher à la mouvance continuelle et au brouhaha de Brooklyn, New York. «Je ne peux plus blairer les gens», lâche, regard noir, Amanda (Julia Roberts, impeccable) à son mari Clay (Ethan Hawke). Ni une ni deux, dans un élan spontané, les parents et les gamins (Archie et Rose) prennent le large.

L'arrivée dans la luxueuse villa ne va pas être une cure de remise en forme, mais bien un guet-apens. Les premiers rires et plongeons dans l'eau passés, une première alerte indique que quelque chose ne tourne pas rond: un pétrolier se dirige vers la plage où se trouvent les Sandford et s'écrase sur le sable. Etrange.

Un premier événement qui en appelle d'autres. L'ambiance prend un autre tournant au moment où G.H. (Mahershala Ali, excellent, comme d'habitude) détale avec sa fille, Ruth (Myha'la Herrold). Une arrivée impromptue; pourquoi sont-ils là, que veulent-ils?

Le père et sa fille sont les propriétaires de la bâtisse, et leur venue coïncide avec les prémices d'une cyberattaque. Mais leur arrivée nourrit un sentiment de méfiance véhiculé par Amanda, tout spécialement, qui n'arrive pas à faire confiance à un inconnu. Tout le contraire de son mari, lui, le professeur qui préfère tendre la main.

Un repaire de narcoleptiques

Entre une ambiance post-apocalyptique (sans les artifices) et la défiance qui règne sous le même toit, c'est l'ambiguïté qui prédomine, les regards en coin et une bande d'humains (aux abois et terrorisés) en chien de faïence; nous voici dans le repaire des narcoleptiques.

Car l'angoisse est constante, elle valdingue hors-champ, en force invisible, musclée par des mouvements de caméra qui appuient le vertige. On ne le serait pas moins avec le spectre d'une possible fin du monde planant sur leur tête. La tension ne fait que pulser; les premiers signes d'une cyberattaque font leur apparition en voyant le réseau téléphonique et internet partir en vrille. Il n'y a plus âme qui vive dans les alentours, la vie semble s'éteindre avec le numérique.

«Le Monde après nous» est un excellent exemple de film catastrophe: ténu, solide, intense.

Le maître d'orchestre Sam Esmail réussit à intensifier cette sensation oppressive de black-out général. Le créateur des excellentes séries Mr. Robot et Homecoming adapte un roman de Rumaan Alam, qui s'est retrouvé sur les listes du très prestigieux National Book Award, et produit par les Obama.

Le Monde après nous, l'excellent thriller de Sam Esmail. CR: Courtesy NETFLIX
Mahershala Ali est impeccable.Image: Netflix

Paralysie et attente face à l'apocalypse

Au lieu de filmer la catastrophe, l'histoire se plaît à sonder la sphère intime, cadrer l'attente de six personnes obligées de cohabiter. Le conflit est plus difficile à gérer quand tout est question d'attente, sans la moindre information. C'est le silence radio, sauf cette seule alarme perforante qui laisse tout le monde hagard.

Parfaitement épaulé par un casting solide, entre une Julia Roberts ronchonne et un Mahershala Ali roi des bons types, en passant par un Kevin Bacon en survivaliste, Esmail compose et impose son économie de la dramaturgie, cadrant les névroses des protagonistes.

Il se débarrasse de longs monologues, préfère ébaucher des notions sociétales tout en distribuant le carnage silencieux, là, environnant dans notre monde qui se fissure. Il y a un mix entre tensions raciales et peur de l'effondrement numérique et civilisationnel.

S'ajoute également le conflit générationnel, qui est admirable dans son approche et joué par Rose (Farah Mackenzie), la benjamine de la famille Sandford qui se plaint de ne pas être écoutée. C'est elle qui percevra les premiers mouvements étranges, tels que ces cerfs qui rôdent autour de la maison. On ne peut s'empêcher de caresser la symbolique de l'animal, sachant que le cerf représente la passerelle entre notre monde et le suivant, et qu'il est un symbole de voyage spirituel ou interdimensionnel, selon des traditions.

Le métrage prend alors la forme d'un huis clos stressant, où sont distillés des détails sur la menace qui se fait de plus en plus prégnante. La mise en scène, immersive et efficace, use de mouvements de caméra complexes. Une scène appuie cette maîtrise du réalisateur, avec un joli morceau d'action quand des Tesla deviennent folles - ou encore un avion...

«Le Monde après nous» trace un périmètre d'insécurité, qui adopte de petites touches légères avant qu'elles ne soient balayées par l'abrupte réalité.

Le récit crache des créatures humaines serviles, empêtrées dans l'apocalypse grondante, confrontées à la fragilité de la civilisation qui court vers son déclin à grandes enjambées. Les partitions musicales de Mac Quayle, élève de Cliff Martinez, achèvera le travail - et les plus anxieux d'entre nous.

«Le Monde après nous» est à voir le 8 décembre sur Netflix.

Bande-annonce:

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