Au fil des ans, Mariah Carey est devenue une date butoir, une bûche hollywoodienne volontairement trop sucrée, un elfe avec un peu de fond de teint. Vous savez, ces petits moments dérisoires dans une année, qui sentent la naphtaline et l'hypocrisie, mais provoquent la même sérénité feinte qu'une moitié de Xanax dans une coupe de champagne.
Nous sommes le 1er novembre et la diva se dégèle pour nous rappeler qu'il va bientôt falloir déposer notre compte d'épargne dans un magasin de jouets et le rayon foie gras de chez Globus.
Quelle ponctualité!
Même plus besoin de se fouler pour faire plaisir. En trente petites secondes d'effets pas très spéciaux, accompagnée d'une citrouille sur pattes égarée dans un décor de neige artificielle, Mariah Carey assume pleinement son rôle d'émissaire du Père Noël. Dans quelques heures, All I Want For Christmas Is You se déposera, tel le premier tapis de poudre à Zermatt, au sommet des charts de tous les pays occidentaux.
Mariah Carey est probablement la seule star de la pop qui assume aussi franchement son statut de produit. Sans aigreur aucune, puisque la femme-sandwich la plus luxueuse de la planète en a fait une magie proprement à part, un job à temps très partiel qu'elle prend très au sérieux. Certes, cette signature est foutrement rentable (Forbes estime que le morceau lui rapporte chaque année près de trois millions de dollars), mais fait naître un petit miracle indescriptible dans nos cœurs de petits capitalistes effrayés.
Dans un monde aussi instable, polarisé et profondément susceptible, la diva des neiges s'affirme de plus en plus comme un symbole, un pilier de candeur. Et tant pis qu'il soit mercantile. Mariah Carrey le 1ᵉʳ novembre, c'est un peu Elisabeth II qui souhaitait un Merry Christmas au bas peuple. Mais dans un centre commercial.
God bless la magie de Noël.