Je suis tombée sur Man vs Food par hasard. J’étais en train de zapper frénétiquement (chaîne 420 sur ma télévision, c'est pour dire...) quand j’ai vu ce personnage roux et transpirant avec des expressions faciales dignes d'un personnage de dessin animé.
Casey Webb voyage dans tous les États-Unis pour goûter les spécialités culinaires locales et relever des défis qui pourraient boucher vos artères: burger de 3 kilos, faux-filet de 2,2 kilos, ramen de 2 kilos... S’il réussit, il gagne un T-shirt, sa photo sur le Wall of Fame et évidemment, la reconnaissance éternelle.
J’ai regardé un épisode et j’ai eu l’impression de prendre 2 kilos d’un coup. C'est pas un programme pour les estomacs fragiles. C’est gras, c’est frit, c’est too much et Casey Webb parle souvent la bouche pleine.
Si la télévision française diffusait ce genre de programme, ça ferait un scandale du genre:
C’est pour ça que j’adore ce genre d’émissions. Juste au moment où l'on pense qu'on ne peut pas tomber plus bas, l'Amérique sera toujours la première à dire: «Challenge accepted!»
On est à des années-lumières des émissions culinaires françaises comme Top Chef qui mise sur l'excellence parfaitement ennuyeuse dans lesquelles des hipsters infusent de la mousse d’arbre et font des condiments de foie.
Dans Man vs Food, on touche à l’Amérique profonde. De notre point de vue d’Européen, on a l’impression de regarder une autre planète scandaleusement mais délicieusement régressive.
En dehors des défis insensés, l'émission montre qu'il existe un autre monde que celui de McDonald's et Burger King dans l'univers du fast-food.
Casey Webb va systématiquement en cuisine pour voir comment le plat signature du restaurant est préparé. Il y a la quantité, mais il y a aussi de la qualité. Vous ne verrez jamais de porc effiloché aussi fondant et juteux que dans cette émission. Pour avoir tenter d'en faire à la maison, je peux vous dire qu'il faut s'armer de patience.
Certains fast-foods proposent même des plats intéressants, comme au Funny Farm dans l’Ohio, avec leur wrap de jambon de dinde enroulé dans un genre de pain perdu. Le chef cuit sa dinde sous vide dans un bac d’eau pendant plusieurs heures pour qu’elle reste tendre.
Évidemment, tout est souvent frit et quand Casey Webb goûte, son vocabulaire est limité à: «c’est croustillant», «c’est croquant» et «wow!» qu’on peut interpréter par: «je n'ai pas d'avis sur la question.»
Mais l’épisode qui m’a le plus marqué, c’est celui du burger de pulled pork au piment. Casey Webb se rend dans l’Iowa pour relever le défi de la «Showdown Sauce». Le sandwich au porc effiloché, d'apparence innocente, est chargé d'une sauce incroyablement épicée, dont une pâte de piment atteignant 9 millions sur l'échelle de Scoville (c'est beaucoup). C’est tellement fort que le cuisinier est obligé de préparer ce burger dans un parc. Casey Webb est en sueur alors que le défi n’a pas commencé. Il tousse alors qu’il est à plusieurs mètres de distance de la poêle. Va-t-il parvenir à le manger sans vomir? Le suspens est entier.
Son défi: faire disparaître ce burger de la mort en moins de dix minutes. Et si l’animateur rate la plupart des challenges, c’est une bête dès qu’il s’agit de bouffer du piment. Il réussit à ingurgiter le burger en 7 minutes. Néanmoins, il n’a pas le droit de se moucher ou de boire avant la fin des 10 minutes règlementaires. C’est succulent à regarder.
Casey Webb peut compter sur les gens qui l'entourent durant ses défis. Il y a toujours un groupe de personnes là pour l'encourager, un mélange de clients et d'employés du restaurant qui lui balancent des: «One more bite! One more bite!» ou qui expriment leur déception par un «hooo» quand l'animateur échoue. On se croirait vraiment dans un dessin-animé parfois.
Bref, Man vs Food, c'est du pornfood dans toute sa splendeur. Si vous aimez voir des gens faire des monticules de nourriture, ce show est pour vous mais regardez-le l'estomac plein, sinon vous allez finir la tête dans votre frigo.