Le maestro danois, Nicolas Winding Refn profite du GIFF pour diffuser sa nouvelle création et même donner une conférence - à distance, certes. Après Too Old to die Young sur Prime Video, voici Copenhagen Cowboy, sa deuxième série pour Netflix. Une immersion sanglante dans la capitale danoise et son bassin criminel, comme les affectionne NWR. Violence et esthétisme virtuose se couplent pour accoucher d'une expérience (très souvent) viscérale et unique. A ne pas manquer.
Philippe Falardeau est un cinéaste qui apprécie les récits tendres, à la fragilité souvent dévastatrice. Son Monsieur Lazhar était une petite pépite. Cette fois-ci, pas de long-métrage, mais une nouvelle série aussi drôle que touchante. Le temps des framboises traîne au décollage, mais l'histoire de cette famille endeuillée touche sa cible, remue délicatement l'existence et ses blessures. Sortez les mouchoirs.
Diverses temporalités qui s'entrechoquent dans une histoire qui se passe entre Stockholm et Berlin, quatre âmes dispersées dans ce monde pourraient être connectées. Des mystères où des vies antérieures refont surface, où le puzzle temporel entraîne le spectateur dans un enchevêtrement assez ingénieux et vertigineux grâce à une écriture acérée.
Gustave Möller, l'excellent réalisateur derrière de The Guilty, passe à son tour à la petite lucarne. Au menu, une série sombre traitant de la disparition d'un père et destin familiaux marqués au fer rouge. Un polar froid et solide, qui traîne derrière lui les flots sombres d'une enquête faite d'obstacles.
Autre cinéaste d'expérience au menu: Marco Bellocchio, 82 ans. Après son excellent film Il traditore (2019), l'Italien passe au format sériel et retraverse l'enlèvement d'Aldo Morro en 1978, par les Brigades rouges. La carcasse encore chaude du président du conseil italien, trouée de 12 balles dans la poitrine, est retrouvée dans le coffre d'une Renault 4l. Le pays est en deuil et Bellocchio, dans une minisérie étendue en six épisodes, (re)traverse une époque instable. Le fantôme de Moro ravive les plaies d'une Italie fragmentée et fracturée.
C'est sans doute l'époque qui veut ça. Le temps qui s'écoule d'ordinaire entre la réalité d'une personnalité et la fiction qui le raconte n'existe plus. Si bien qu'au moment de lancer This England, personne n'a oublié le moindre détail du mandat tourmenté et croustillant de Boris Johnson au 10 Downing Street. Dans cette série (forcément) anglaise, on suit de très près l'ancien premier ministre durant la tempête Covid la plus tendue de la pandémie.
Incarné «avec beaucoup de maquillage» par un Kenneth Branagh absolument magistral, ce BoJo-là confirme sa position de dirigeant aussi impuissant que tragicomique, dont la mission sanitaire et politique s'est vue sans cesse polluée par sa vie intime. Surprise: on rit, souvent.
En voilà un joli morceau. Le froid nordique et les écrits de Jo Nesbø comme gros bonbon bien calorique. La série Headhunters, adaptée d'un bouquin du Norvégien, exploite à merveille l'humour noir et le thriller savamment torché. L'histoire de ce chasseur de tête, Roger (Axel Bøyum), un fortiche du mensonge qui trompe son monde sans vergogne, est une progression constante dans l'ironie dramatique. Mais à force de pousser le bouchon, Roger va se casser les dents. Le passé vous rattrape toujours, c'est bien connu.
Headhunters, grâce à sa cadence effrénée et son excellent acteur principal, incarnation même de la filouterie, vous colle au siège, le sachet de sucreries à la main.
Un couple criblé de dettes et un accident de voiture pour donner le coup de grâce. Tom a perdu sa femme, Linda. La tristesse est double pour le désormais veuf, mais n'est-il pas derrière cette catastrophe? Une assurance vie serait la clé des secrets.
Le mari éploré peine à montrer ses émotions et laisse Philippe perplexe, un gendarme bien intrigué par l'issu du drame. Des mensonges, des chemins de traverse amorcés par la plume loufoque et empreinte de polar de Matthieu Donck, le créateur de la très bonne série La Trêve.
La nouvelle saison de The Handmaid's Tale pour clore cette édition du GIFF, avec le final de la cinquième saison. June (Elisabeth Moss) est toujours dans la panade, en pleine recherche d'identité. Les deux derniers épisodes seront diffusés durant le festival.