Donjons & dragons, où D&D pour les intimes, est un jeu de rôle culte créé dans les années 1970. Un jeu immersif sur papier qui se jouait avec des dés et des crayons avant que le jeu vidéo ne l'évince. Une activité de niche, jouée dans des sous-sols pour une classe de gens peu populaires à l'époque: les geeks, les nerds et autres termes péjoratifs destinés à des gens qui se passionnaient pour les univers imaginaires.
Cinquante ans plus tard, la série The big bang theory est passée par là, rendant le geek chic. Plus récemment, c'est la série Stranger things et son Demogorgon directement inspiré de Donjons et dragons qui a mis un véritable coup de projecteur sur le jeu, au point qu'il a été réédité en masse et que les joueurs sont de plus en plus nombreux, aidés par l'essor des jeux de société qui se sont offerts une nouvelle jeunesse ces dernières années.
La franchise, détenue par la multinationale du jouet Hasbro, avait déjà subi une adaptation cinématographique en 2000, à côté de la plaque, avec des acteurs cabotins et des effets spéciaux brillants de médiocrité, qui a eu pour résultat de rapporter moins au box-office que ce qu'il a couté. Vingt-trois ans plus tard, Hasbro et Paramount pictures ont senti le vent tourner et proposent un nouveau divertissement dans cet univers heroic fantasy très second degré. Visiblement, cette adaptation libre du célèbre jeu de rôle sur table est une réussite. Les premiers retours sont visiblement favorables avec un score de 91% sur le site Rotten tomatoes.
Loin de la noirceur de Game of thrones ou de la grandiloquence du Seigneur des anneaux, Donjons & dragons: l'honneur des voleurs ne cherche visiblement jamais à se prendre au sérieux. Cette comédie d'aventure signée Jonathan Goldstein et John Francis Daley (Game night) suit principalement un groupe hétéroclite qui va être embarqué dans une aventure épique après «avoir aidé, qui il ne fallait pas, à voler ce qu’il ne fallait pas».
Au casting, on retrouve Chris Pine en barde plus prompt à sortir des punchlines qu'avoir des actes de bravoure et Michelle Rodrigez en barbare badasse. Le binôme sera accompagné de Regé-Jean Page en paladin droit dans ses bottes, Justice Smith en sorcier maladroit, et Sophia Lillis qui incarne une druidesse. Tout ce joyeux monde devra faire face à l'inattendu Hugh Grant en grand dirigeant excentrique qui fait office ici de méchant de service.
Le film semble avoir été taillé pour les adeptes du jeu de rôle et puisque ce sont désormais les franchises qui dirigent Hollywood, il est indispensable de ne pas froisser les connaisseurs.
Ainsi le film semble vouloir récompenser les fans en y intégrant pléthore d'easter eggs et d'éléments typiques d'une campagne de Donjons & dragons: des temples maudits, des monstres, des coffres piégés, des sorts et autres objets magiques. Le film se fait d'ailleurs une place dans un univers étendu au marketing bien huilé puisque des livres centrés sur les personnages principaux du film sont déjà disponibles. L’éditeur du jeu, Wizards of the coast, a également publié de nouvelles cartes Donjons & dragons qui sont liées au long métrage.
Ce blockbuster calibré pour toute la famille semble être dans la lignée des grands films d’aventure qui mêlent action et humour. C'est peut-être l'acteur Chris Pine lui-même qui a donné la meilleure définition du film durant une interview: «Un long métrage très 80's à la croisée de Game of thrones, Princesse bride avec un soupçon de Sacré Graal des Monthy Python. Le tout saupoudré d'une touche des Goonies.»
«Donjons & dragons: l'honneur des voleurs» sortira dans les salles romandes le 12 avril 2023.