Ce ne sont plus seulement les risques d'inflation qui préoccupent la Fed: celle-ci s'est dite mercredi «attentive» également aux risques de voir l'emploi se dégrader trop fort à cause du niveau de ses taux, qu'elle a maintenu inchangés à l'issue de sa réunion.
La banque centrale américaine (Fed) a maintenu mercredi ses taux dans la fourchette de 5,25 à 5,50% dans laquelle ils se trouvent depuis un an, une décision prise à l'unanimité.
Ils avaient été remontés à ce niveau, le plus élevé depuis 2001, afin de faire ralentir l'activité économique pour juguler la forte inflation qui, aux Etats-Unis comme ailleurs dans le monde, avait accompagné la reprise économique post-Covid.
La banque centrale américaine se préoccupe désormais des risques pesant sur l'emploi également, et non plus seulement sur l'inflation. Le comité de politique monétaire de la Fed, le FOMC, «est attentif aux risques pesant sur les deux aspects de son mandat», à savoir des prix stables et le plein emploi, soulignent ses responsables dans le communiqué.
Le précédent communiqué mentionnait les risques d'inflation uniquement. «Le taux de chômage a augmenté mais reste bas», a toutefois souligné le FOMC:
Si la Fed craint de commencer trop tôt à abaisser ses taux, ce qui risque de provoquer une nouvelle flambée de l'inflation, elle veille également à ne pas le faire trop tard, ce qui pourrait alors faire augmenter le chômage. L'institution «veut se prémunir d'un scénario où les licenciements commenceraient à augmenter, conduisant à un affaiblissement plus rapide du marché du travail», selon Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics.
Une inflation qui semble désormais sur la bonne trajectoire, et un taux de chômage qui risque de grimper trop fort: la porte est ouverte à une baisse des taux prochaine. Les responsables de l'institution n'ont cependant pas été explicites sur ce point. Mais les analystes attendent majoritairement une première baisse pour la prochaine réunion, mi-septembre.
Cette baisse des taux serait la première depuis mars 2020, lorsque la crise du Covid-19 avait brutalement mis sous cloche l'activité économique, poussant la Fed à ramener le loyer de l'argent à zéro. Les entreprises et consommateurs américains se languissent de pouvoir de nouveau emprunter de l'argent moins cher. C'est en effet de l'évolution des taux de la Fed que dépendent ceux des prêts accordés par les banques.
La réunion de septembre sera d'autant plus importante qu'elle sera la dernière avant l'élection présidentielle américaine du 5 novembre. Le candidat républicain à la Maison-Blanche Donald Trump, avait, en février dernier, reproché à la Fed de vouloir abaisser ses taux pour aider les démocrates à gagner. (jch/ats)