«Higher for longer». Tels étaient les derniers mots d'ordre des marchés financiers: les taux d'intérêt resteraient longtemps élevés. C'est pourquoi les taux d'intérêt à long terme aux Etats-Unis ont temporairement atteint leur plus haut niveau depuis des décennies.
Mais comme c'est toujours le cas en ces temps de changement, les choses évoluent vite, très vite. Lundi, la Banque cantonale de Saint-Gall (SKGB) a publié une «Investment View» intitulée: «Baisse des taux d'intérêt ante portas?»
«Aux portes» ou «à la porte» signifierait dans ce cas: dès l'été prochain. Et ce qui se tient aux portes n'est pas le général carthaginois Hannibal, comme chez les Romains, mais plutôt la Banque nationale suisse (BNS), qui abaisse à nouveau ses taux directeurs pour la première fois. Des baisses de taux d’intérêt? Cela aurait des conséquences sur le marché immobilier. Les ménages pourraient être plus enclins à emprunter.
Par ailleurs, le taux hypothécaire de référence qui fait augmenter ou diminuer les loyers en Suisse est également lié au taux directeur de la BNS. Ainsi, sur le long-terme, cette baisse pourrait donc représenter une bonne nouvelle pour les locataires.
Ce n'est pas l'auteur de cette «View», le «Chief Investment Officer» de la Banque cantonale de Saint-Gall, Thomas Stucki, qui a prédit qu'il en serait ainsi. Ce sont les marchés qui ont intégré une baisse des taux d'intérêt. C'est ce que Stucki lit dans les taux d'intérêt swap, selon lesquels les banques financent à nouveau leurs hypothèques à taux fixe.
Ces swap de taux sont désormais inférieurs aux taux directeurs de la BNS sur toutes les durées, et ce parfois de manière significative. Les marchés s'attendent donc à ce que la BNS abaisse ses taux directeurs pendant ces durées, la première fois en juin 2024.
Ce revirement est venu de l'étranger. Dans la zone euro, il y a eu de nouveaux chiffres sur l'inflation, aux Etats-Unis sur le marché de l'emploi. La Banque centrale européenne et la Réserve fédérale américaine ont toutes deux laissé leurs taux directeurs là où ils étaient.
Ensuite, les taux d'intérêt sur les emprunts d'Etat à dix ans ont baissé de près d'un demi-point de pourcentage aux Etats-Unis. Et, écrit Stucki, la Suisse a également été touchée par ces spéculations sur la baisse des taux.
Est-ce que ça va se passer comme ça? Stucki ne le pense pas. Le renchérissement annuel atteindra bientôt à nouveau 2%, lorsque les loyers et les prix de l'électricité plus élevés seront pris en compte. La BNS veut qu'ils soient inférieurs. Ce n'est pas un hasard si elle a mis en garde contre de nouvelles hausses des taux d'intérêt.
La seule chose qui semble certaine, c'est qu'il peut se passer beaucoup de choses dans les mois à venir. Il existe également une théorie selon laquelle l'inflation élevée était avant tout la conséquence d'un choc Covid-19 sur les chaînes d'approvisionnement mondiales — et pourrait donc disparaître à une vitesse sans précédent dans l'histoire.
Traduit et adapté par Noëline Flippe