Bruxelles a annoncé mercredi jusqu'à 38% de hausse des droits de douane européens sur les importations de véhicules électriques chinois. L'UE a dit dans le même temps chercher à éviter une guerre commerciale avec Pékin, accusé d'avoir favorisé illégalement ses constructeurs.
L'Allemagne, très engagée en Chine, a bataillé avec la Suède et la Hongrie pour éviter des sanctions, craignant des représailles. La France et l'Espagne ont au contraire poussé pour des mesures ciblées et proportionnées.
Pékin a immédiatement dénoncé «un comportement purement protectionniste» des Européens, via un communiqué du ministère du Commerce. La Chine avertit qu'elle «prendra toutes les mesures pour défendre fermement ses droits légitimes».
De Mercedes à Ferrari, l'Europe est le berceau de marques automobiles prestigieuses. Championne des moteurs essence et diesel, elle craint pourtant de voir ses usines disparaître si elle échoue à endiguer la déferlante annoncée des modèles chinois qui ont une longueur d'avance dans l'électrique.
Cette passe d'armes s'inscrit dans un contexte plus large de tensions commerciales entre les Occidentaux, Washington en tête, et le géant asiatique, qui est aussi accusé de détruire la concurrence dans plusieurs autres secteurs comme les éoliennes, les panneaux solaires ou encore les batteries.
Aux Etats-Unis, le président Joe Biden a annoncé le 14 mai une hausse des droits de douane sur les véhicules électriques chinois à 100%, contre 25% précédemment, transformant le marché américain en forteresse où le champion national Tesla règne sans partage.
Une semaine plus tard, Ursula von der Leyen avait déclaré que la réponse européenne serait «plus ciblée» avec une taxe correspondant «au niveau du préjudice» subi. De quoi freiner les importations de véhicules électriques chinois sans les bloquer complètement.
L'UE espère ainsi protéger une filière qui emploie 14,6 millions de salariés dans l'UE tout en évitant un conflit mortifère avec son deuxième partenaire économique derrière les Etats-Unis.
Pékin a déjà annoncé en janvier une enquête visant toutes les eaux-de-vie de vin importées de l'Union européenne, dont le cognac. Le vin, les produits laitiers, le porc et les voitures à grosses cylindrées seraient aussi dans le viseur, selon la presse étatique chinoise.
Le ministre allemand des Transports, Volker Wissing, a mis en garde contre une «guerre commerciale» avec Pékin.
La Chine a doublé le Japon l'an dernier comme premier exportateur automobile. Elle a investi très tôt dans les batteries, coeur technologique des véhicules électriques dont elle a fait sa spécialité.
En Europe, les marques chinoises progressent vite grâce à des tarifs compétitifs. Elles y sont passées de moins de 2% du marché des voitures électriques fin 2021 à près de 8% fin 2023, selon l'institut Jato, profitant de l'interdiction des ventes de moteurs essence et diesel décidée par l'UE à l'horizon 2035 pour lutter contre le réchauffement climatique. (jch/ats)