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Chute de Credit Suisse: tout aurait commencé par un tweet

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Marlene Amstad, présidente de la Finma, et Axel Lehmann, président du CS, rejettent les rumeurs sur la crise du CS.image: keystone

Chute de Credit Suisse: tout aurait commencé par un tweet

La présidente de la Finma et le président du CS sont d'accord pour dire - sans aucune autocritique - que des rumeurs dans les médias sociaux ont contribué à porter le coup de grâce à la grande banque.
21.03.2023, 11:5922.03.2023, 18:56
Kilian Marti
Kilian Marti
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Les rumeurs et les mensonges sur les médias sociaux auraient définitivement sonné la fin de la grande banque Credit Suisse (CS). Axel Lehmann, son président et Marlene Amstad, présidente du conseil d'administration de l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) sont d'accord là-dessus. Tous deux l'ont expliqué lors de la conférence de presse du Conseil fédéral dimanche soir.

Les explications de la Finma

L'autorité de surveillance suisse, la Finma, est la seule au monde à avoir assisté à l'effondrement d'une banque d'importance systémique depuis la crise financière. Tout a commencé à l'automne dernier, a expliqué sa présidente, Marlene Amstad:

«Depuis octobre 2022, des rumeurs déclenchées dans les médias sociaux ont entraîné des sorties massives de dépôts de clients auprès du CS.»
Marlene Amstad, Verwaltungspraesident FINMA, spricht waehrend der Jahresmedienkonferenz der Eidgenoessischen Finanzmarktaufsicht FINMA, am MIttwoch, 5. April 2022 in Bern. (KEYSTONE/Anthony Anex)
Elle a observé l'effondrement du CS: Marlene Amstad, présidente de la Finma.image: KEYSTONE

La banque a «malgré tout (!) toujours respecté les exigences réglementaires minimales» en matière de capital et de liquidités, même après que la Finma a augmenté ces exigences suite aux sorties de capitaux.

Amstad constate que le CS a, par ailleurs, conservé encore plus de liquidités que ce qu'il lui était imposé. La banque s'est ainsi assurée d'être en mesure d'absorber les «sorties de fonds historiquement élevées».

La présidente de la Finma souligne: «Bien que les données fondamentales étaient foncièrement correctes, la confiance se perdait de plus en plus.» La grande peur d'une nouvelle crise financière associée aux rumeurs a ensuite conduit à une spirale négative qui a marqué le début de la fin du CS.

Les explications de Lehmann​

Axel Lehmann, jusqu'alors président du conseil d'administration du groupe Credit Suisse, est allé dans le même sens lorsqu'on lui a demandé qui était responsable du désastre au CS.

epa10532738 Axel Lehmann, Chairman Credit Suisse, speaks during a press conference in Bern, Switzerland, 19 March 2023. The bank UBS takes over Credit Suisse for 2 billion US dollars. Shares of Credit ...
Il explique les raisons de la crise du CS: Axel Lehmann, président du conseil d'administration.image: keystone

Il est «toujours facile» de regarder en arrière et de pointer du doigt, a expliqué Lehmann. La banque a été rattrapée par des charges héritées du passé, entre autres par les faillites du fonds spéculatif américain Archegos et de la société financière australienne Greensill. Celles-ci avaient entraîné une perte de plusieurs milliards. Le président du CS a constaté que malgré ces gros titres, les clients sont restés fidèles à la banque, et ce jusqu'à l'automne dernier.

«La tempête de rumeurs et de mensonges sur les médias sociaux a eu un impact énorme. Le trop peut soudain devenir de trop. Cumulée à toutes les choses qui se sont accumulées au fil des ans, c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.»
Axel Lehmann

Dimanche, le patron du CS n'a pas manqué de mentionner qu'il n'avait repris le rôle de président du conseil d'administration que depuis un an.

Les explications fournies par la banque et la Finma suscitent des réactions sur les médias sociaux. Ce serait une illusion que d'attribuer la responsabilité de l'effondrement du CS aux mensonges et aux rumeurs dans les médias sociaux. Le ton est donné: aucune trace d'autocritique. Mais de quelles rumeurs la Finma et le CS parlent-ils exactement?

Le tweet pointé du doigt

C'est un journaliste économique australien qui aurait ouvert le bal, le 1er octobre 2022. Il a posté sur Twitter:

«Une source digne de confiance m'a dit qu'une grande banque d'investissement internationale était au bord du gouffre.»
Tweet Investmentbank am Abgrund
screenshot: twitter/Australian Review

Bien que le tweet ne mentionnait pas de nom et qu'il ait ensuite été supprimé, les soupçons se sont rapidement portés sur le Credit Suisse. L'info s'est répandue comme une traînée de poudre.

Sur le forum Reddit Wallstreetbets, qui compte 12,7 millions d'abonnés, rapporte la NZZ, on pouvait lire quelque temps après la publication du tweet:

«La banque d'investissement Credit Suisse pourrait s'effondrer ce week-end»

Le post a été liké des milliers de fois. La discussion s'est enflammée après qu'une personne a fait remarquer, sur Twitter, que le nom de famille du président du CS, Axel Lehmann, était... le même que celui de la banque américaine qui avait déclenché la crise financière en 2008: Lehman Brothers. Un mauvais présage.

Puis l'engrenage: les médias et les sites financiers ont également répandu les rumeurs faisant état d'un «CS au bord du gouffre». La grande banque n'a pu ensuite que limiter les dégâts, car la panique régnait déjà chez certains clients. En plus d'une chute temporaire du cours de l'action de plus de 10%, la banque a été de plus en plus déstabilisée par les sorties massives de liquidités.

Pas la faute des rumeurs, mais l'échec des managers

Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui n'acceptent pas que la Finma et le CS rendent les rumeurs diffusées sur ces mêmes réseaux responsables de la catastrophe.

L'autorité de surveillance ne fait que protéger la grande banque, écrit quelqu'un. D'autres estiment que ce ne sont pas des rumeurs qui sont à l'origine de cette situation, mais bien l'échec des managers.

De son côté, l'ancienne présidente des Verts, Regula Rytz, synthétise:

«Si les rumeurs sur les médias sociaux peuvent causer de tels ravages et prendre des Etats en otage, comme le prétend le Conseil fédéral, ne serait-il pas sage de décupler enfin les marges de sécurité?»
Ce taureau court au milieu d'une banque et provoque le chaos
Video: watson
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