Les rumeurs et les mensonges sur les médias sociaux auraient définitivement sonné la fin de la grande banque Credit Suisse (CS). Axel Lehmann, son président et Marlene Amstad, présidente du conseil d'administration de l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) sont d'accord là-dessus. Tous deux l'ont expliqué lors de la conférence de presse du Conseil fédéral dimanche soir.
L'autorité de surveillance suisse, la Finma, est la seule au monde à avoir assisté à l'effondrement d'une banque d'importance systémique depuis la crise financière. Tout a commencé à l'automne dernier, a expliqué sa présidente, Marlene Amstad:
La banque a «malgré tout (!) toujours respecté les exigences réglementaires minimales» en matière de capital et de liquidités, même après que la Finma a augmenté ces exigences suite aux sorties de capitaux.
Amstad constate que le CS a, par ailleurs, conservé encore plus de liquidités que ce qu'il lui était imposé. La banque s'est ainsi assurée d'être en mesure d'absorber les «sorties de fonds historiquement élevées».
La présidente de la Finma souligne: «Bien que les données fondamentales étaient foncièrement correctes, la confiance se perdait de plus en plus.» La grande peur d'une nouvelle crise financière associée aux rumeurs a ensuite conduit à une spirale négative qui a marqué le début de la fin du CS.
Axel Lehmann, jusqu'alors président du conseil d'administration du groupe Credit Suisse, est allé dans le même sens lorsqu'on lui a demandé qui était responsable du désastre au CS.
Il est «toujours facile» de regarder en arrière et de pointer du doigt, a expliqué Lehmann. La banque a été rattrapée par des charges héritées du passé, entre autres par les faillites du fonds spéculatif américain Archegos et de la société financière australienne Greensill. Celles-ci avaient entraîné une perte de plusieurs milliards. Le président du CS a constaté que malgré ces gros titres, les clients sont restés fidèles à la banque, et ce jusqu'à l'automne dernier.
Dimanche, le patron du CS n'a pas manqué de mentionner qu'il n'avait repris le rôle de président du conseil d'administration que depuis un an.
Les explications fournies par la banque et la Finma suscitent des réactions sur les médias sociaux. Ce serait une illusion que d'attribuer la responsabilité de l'effondrement du CS aux mensonges et aux rumeurs dans les médias sociaux. Le ton est donné: aucune trace d'autocritique. Mais de quelles rumeurs la Finma et le CS parlent-ils exactement?
C'est un journaliste économique australien qui aurait ouvert le bal, le 1er octobre 2022. Il a posté sur Twitter:
Bien que le tweet ne mentionnait pas de nom et qu'il ait ensuite été supprimé, les soupçons se sont rapidement portés sur le Credit Suisse. L'info s'est répandue comme une traînée de poudre.
Sur le forum Reddit Wallstreetbets, qui compte 12,7 millions d'abonnés, rapporte la NZZ, on pouvait lire quelque temps après la publication du tweet:
Le post a été liké des milliers de fois. La discussion s'est enflammée après qu'une personne a fait remarquer, sur Twitter, que le nom de famille du président du CS, Axel Lehmann, était... le même que celui de la banque américaine qui avait déclenché la crise financière en 2008: Lehman Brothers. Un mauvais présage.
Puis l'engrenage: les médias et les sites financiers ont également répandu les rumeurs faisant état d'un «CS au bord du gouffre». La grande banque n'a pu ensuite que limiter les dégâts, car la panique régnait déjà chez certains clients. En plus d'une chute temporaire du cours de l'action de plus de 10%, la banque a été de plus en plus déstabilisée par les sorties massives de liquidités.
Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui n'acceptent pas que la Finma et le CS rendent les rumeurs diffusées sur ces mêmes réseaux responsables de la catastrophe.
L'autorité de surveillance ne fait que protéger la grande banque, écrit quelqu'un. D'autres estiment que ce ne sont pas des rumeurs qui sont à l'origine de cette situation, mais bien l'échec des managers.
Wenn "Social Media-Gerüchte" solche Verwüstungen anrichten und Staaten in Geiselhaft nehmen können, wie der Bundesrat behauptet: Wäre es nicht klug, endlich die Sicherheitsmargen zu verzehnfachen? Wer sich immer noch weigert, verdient keine Stimme bei den Wahlen2023! @GrueneCH pic.twitter.com/yT80vGRA9g
— Regula Rytz (@RegulaRytz) March 19, 2023
De son côté, l'ancienne présidente des Verts, Regula Rytz, synthétise: