Le timing, c’est capital. En sport, en politique et, peut-être plus que tout, en bourse. Mercredi, Donald Trump a donné le tournis aux marchés financiers, en reculant d’un pas sec au sujet des taxes douanières, offrant 90 jours de répit à la plupart des pays du monde. Pour ses plus grands fans et la Maison-Blanche, pas de doute, on a affaire à the art of the deal. Trump sait négocier et il le prouve une nouvelle fois en graciant (à sa manière) tous ces pays qui lui «lèchent le cul». Une nouvelle stratégie dans la stratégie.
Pour d’autres, Donald Trump ne sait absolument pas ce qu’il fabrique et appuie sur tous les boutons au hasard, dans l’espoir de faire plier le monde à ses genoux et remplir les caisses de l’Etat.
Mais, depuis mercredi, 9h37 heures locales, on le soupçonne d’avoir purement et simplement manipulé la bourse, car ses va-et-vient au sujet des taxes douanières donnent évidemment des haut-le-cœur aux marchés financiers. Ce matin-là, à 9h37 précise, le président américain a publié un étrange message sur Truth Social, soi-disant pour rassurer les marchés, «car c’est le travail du président de le faire», se justifiera la Maison-Blanche quelques heures plus tard.
Moins de quatre heures après ce mystérieux appel à la population, Donald Trump annonçait la suspension des nouvelles taxes douanières pour 90 jours. Comme le rappelle le New York Times, «le S&P 500 a grimpé de plusieurs points de pourcentage en quelques minutes et s'est engagé dans sa meilleure performance depuis la reprise après la crise financière de 2008».
Sans surprise, les commentaires outrés ne se sont pas fait attendre. Le plus réactif n’est autre que le représentant démocrate de Californie Mike Levin, qui a littéralement explosé sur les réseaux sociaux:
De son côté, le sénateur Adam Schiff a affirmé que le coup de frein volontaire du président américain offrait «de dangereuses opportunités de délit d'initié». Le mot est lâché. Parmi les proches soutiens à Donald Trump, Marjorie Taylor Greene est ciblée de toutes parts, notamment sur la plateforme X.
La représentante républicaine au Congrès, qui aurait d’ailleurs acheté quelques bons du Trésor en janvier dernier, selon Newsweek, se retrouve cette fois accusée d’avoir fait de très bonnes affaires ces deux derniers jours, quand les marchés piquaient du nez.
This is unusual.
— unusual_whales (@unusual_whales) April 8, 2025
Yesterday, politician Marjorie Taylor Greene said that people panicking over tariffs are "losers and failures."
Today, she disclosed over a dozen stock purchases, purchasing hundred of thousands of numerous stocks.
She bought when the market was deeply red.… pic.twitter.com/VN3BkNWyii
Si le président a signé son appel à «acheter» de ses initiales, elles sont «également le symbole boursier de Trump Media and Technology Group, la société mère de la plateforme Truth Social», ajoute de son côté Time. Autrement dit, on ignore toujours si ce message incitait à acheter de manière générale ou plus précisément les actions de sa propre société. Le magazine américain précise néanmoins que...
Si la Maison-Blanche rejette toutes les accusations en bloc, Donald Trump a donné des réponses un peu vaseuses à la presse américaine, dans la foulée de ses récentes décisions. Car la question la plus importante est la suivante:
Reste maintenant à savoir ce qui sera mis en place pour s’assurer que les marchés financiers n’ont pas été manipulés par le président des Etats-Unis. Mais pour Kathleen Clark, professeure spécialisée dans l'éthique gouvernementale, interrogée par le New York Times, «les actions de Mr. Trump devraient déclencher normalement une enquête de la Securities and Exchange Commission». Elle ajoute: «Si nous sommes encore dans un Etat de droit, cette affaire doit faire l’objet d’une enquête».
Pour de nombreux observateurs et spécialistes, le timing est louche: «C’est comme si vous aviez les chiffres de l’EuroMillions avant tout le monde», dira un expert financier au Figaro, mardi en milieu de journée. Quoi qu’il en soit, ce sera à la SEC, le régulateur des marchés américains, de prouver que les proches de Donald Trump ont bien bénéficié d’un petit scoop en douce, afin d’acheter massivement des actions avant son violent coup de frein au sujet des taxes douanières.