Arnaud Lagardère, 63 ans, dirigeant du groupe du même nom, a abandonné mardi ses mandats exécutifs, dont celui de PDG, a annoncé l'entreprise. Il avait été mis en examen lundi dans le cadre d'investigations sur le financement de dépenses personnelles par ses sociétés.
«Dans le cadre de sa mise en examen, une mesure provisoire d'interdiction de gérer a été prononcée à l'encontre de M. Arnaud Lagardère, mesure qu'il conteste et contre laquelle il va faire appel, mais qui le contraint néanmoins à se démettre de ses mandats exécutifs au sein du groupe», a indiqué Lagardère dans un communiqué.
Les membres du conseil d'administration «se réuniront très prochainement» afin de «prendre toutes les dispositions provisoires» pour assurer la gouvernance du groupe, «en attendant la possibilité pour Arnaud Lagardère d'en reprendre la direction effective».
Lagardère, âgé de 63 ans, a été mis en examen lundi à l'issue d'une journée d'interrogatoire par des juges d'instruction financiers. Il a été entendu dans une information judiciaire ouverte par le parquet national financier (PNF) en avril 2021 sur la base d'une plainte du fonds Amber Capital, d'un signalement de l'Autorité des marchés financiers (AMF), ainsi que d'un signalement du Haut Conseil du commissariat aux comptes (H3C, devenu la Haute autorité de l'audit, H2A), selon une source judiciaire.
Les faits auraient été commis entre avril 2009 et décembre 2022. Arnaud Lagardère est soupçonné d'avoir, a détaillé la source judiciaire:
Pendant plusieurs années, ces sociétés «auraient notamment pris en charge des dépenses liées aux immeubles qu'il occupe, ainsi qu'une créance successorale et de nombreuses avances en compte courant», a-t-elle ajouté.
Le groupe a pour sa part assuré mardi que «cette mise en examen porte essentiellement sur des faits concernant des sociétés personnelles lui appartenant intégralement et n'impliquant aucune société du groupe Lagardère». Le groupe assure:
Il possède un réseau très profitable de boutiques dans les gares et aéroports (enseignes Relay, magasins Duty Free), des salles de spectacle célèbres (Casino de Paris, Folies Bergère...), des médias (Europe 1, le Journal du dimanche...), ou encore le numéro un français de l'édition, Hachette Livres.
Le groupe Lagardère a été racheté fin novembre par le géant des médias Vivendi, contrôlé par la famille du milliardaire Vincent Bolloré. L'ancien empire aéronautique et médiatique avait été bâti par Jean-Luc Lagardère, le père d'Arnaud. Ce dernier en a hérité à la mort du premier en 2003.
Cet épisode judiciaire est le dernier en date dans un long feuilleton qui a vu l'héritier Lagardère perdre son aura et solder au fil des années le groupe fondé en 1992. Cet empire était le fruit de la fusion entre l'avionneur Matra et l'éditeur Hachette.
Dans la décennie suivant la mort de Jean-Luc Lagardère, son fils s'est endetté, a cédé la branche aérospatiale EADS et vendu plusieurs médias. Il a renoncé en 2021 à la commandite par actions, statut créé par son père qui leur a permis à tous les deux successivement de diriger le groupe Lagardère avec moins de 10% du capital, précipitant ainsi le démantèlement de l'empire familial.
Un démantèlement parachevé en novembre par la prise de contrôle de Vivendi. (jah/ats)