Le géant des processeurs Nvidia, porté par le boom de l'intelligence artificielle, est brièvement entré dans le club très fermé des méga-capitalisations mardi, sa valorisation boursière dépassant à Wall Street la barre des 1000 milliards de dollars (908,3 millions de francs).
L'entreprise a vu le jour en 1993 à San José, haut lieu de la technologie californienne. Chris Malachowsky, Curtis Priem et Jensen Huang en sont à l'origine. Priem et Malachowsky se sont connus à l'époque où ils travaillaient ensemble chez IBM et Sun microsystems. Huang est aujourd'hui le CEO de l'entreprise. Il est originaire de Taiwan, mais a grandi dans l'Etat du Kentucky. C'est un fan de Steve Jobs. Il porte toujours un jean foncé, une chemise noire et une veste en cuir noire.
Les fondateurs de Nvidia ont commencé modestement, confirmant une fois de plus le mythe selon lequel le progrès dans la Tech se fait soit dans l'industrie pornographique, soit dans les jeux. Nvidia est concernée par le deuxième cas de figure: l'entreprise a commencé par fabriquer des puces graphiques pour la Xbox de Microsoft.
Plus tard, les crypto-mineurs ont découvert les qualités de la puce Nvidia et ont permis une première envolée des actions de l'entreprise. Pendant le crypto-hiver, ces titres se sont effondrés. Mais Nvidia ne dépendait plus de Bitcoin & Co. Chris Miller dans son livre Chip war (en français: La guerre des puces) écrit:
Jensen Huang n'a pu qu'entrevoir la véritable percée de Nvidia en tant que dernière superstar de l'industrie technologique. Selon Chris Miller, «le facteur décisif pour l'utilisation du traitement parallèle est l'intelligence artificielle (IA).»
Depuis l'arrivée de ChatGPT, l'IA est définitivement devenue «the next big thing». Et les puces de Nvidia sont incontournables pour tout concurrent qui souhaite rester dans la course. C'est pourquoi leurs ventes ont littéralement explosé au cours des derniers mois. Fin juillet, le chiffre d'affaires s'élevait à plus de onze milliards de dollars au lieu des sept milliards prévus. Et ce n'est probablement qu'un début.
Michael Sansoterra d'Atlanta's silvant capital management explique au Wall Street journal (WSJ):
Voici une petite digression sur la notion de fabricant de puces: la conception d'une puce et sa fabrication sont deux choses totalement différentes. Les deux étapes sont extrêmement complexes, c'est pourquoi il est préférable de les séparer. C'est exactement ce que fait Nvidia. Elle ne possède pas sa propre usine. Elle fait fabriquer ses pièces par la première usine du monde, TSMC, à Taiwan. C'est l'une des raisons pour lesquelles Nvidia a depuis largement dépassé Intel. Cette dernière continue d'avoir ses propres usines.
C'est bien connu, lors de la ruée vers l'or du début du siècle dernier, ce ne sont pas les petits chercheurs d'or qui se sont enrichis, mais les fabricants de pics et de pelles. Il en va de même aujourd'hui avec Nvidia. Ses puces sont la clé des outils d'intelligence artificielle. C'est pourquoi son chiffre d'affaires a explosé et, avec lui, sa capitalisation boursière. Aujourd'hui, Nvidia est sur le point de rejoindre le club très select des trillions, un club dont les membres sont Apple, Alphabet, Microsoft et Amazon. L'enfant prodige d'autrefois, Tesla, se retrouve loin derrière.
L'ascension fulgurante de Nvidia est-elle durable ou s'agit-il d'un feu de paille? La puce H100 de Nvidia est actuellement sans concurrence et fait de l'entreprise le seul vendeur de pics et de pelles de la scène. Le CEO Huang se montre confiant: «Je pense que nous ne sommes qu'au début d'une transition de dix ans qui va bouleverser les centres de données mondiaux», explique-t-il au WSJ.