Cette affaire porte un nom: «Le scandale 1MDB». Pour Malaysia Development Berhad. Un fonds souverain (donc l'argent du peuple malaisien) qui est au coeur de l'un des plus vastes montages financiers de la planète. Au total, 4,5 milliards de dollars auraient été utilisés pour toute autre chose que le bien commun.
En vrac, on parle tout de même d'un complot de corruption à grande échelle, mais aussi de pots-de-vin, de détournement XXL, de vol et de blanchiment d'argent. En 2016, le ministère de la Justice américain en faisait carrément le plus «grand cas de kleptocratie à ce jour».
La liste des financiers, banques, institutions et politiciens fourrés dans ces draps très sales est proprement sans fin. Et puis, non seulement l'explosion du scandale est liée à la Suisse, mais elle a concerné (pas toujours de loin) une quantité de famous people du show-biz. Kim Kardashian et Leonardo DiCaprio ont d’ailleurs été interrogés à ce sujet par le FBI. C'est Bloomerg qui l'a révélé ce week-end. En guise d'amuse-bouche, sachez que de nombreux cadeaux offerts aux stars d'Hollywood auraient été financés par les fruits de cet arbre judiciaire, qui cache une véritable forêt de méfaits.
(Nous y reviendrons, soyez patients.)
En 2015, le premier ministre malaisien de l'époque, Najib Razak, est accusé d'avoir détourné 2,67 milliards de ringgits (environ 700 millions de dollars) vers ses comptes bancaires personnels et depuis le fameux fonds Malaysia Development Berhad.
A l'origine de cette révélation? Le blog d'une journaliste britannique spécialisée, renseignée par... un Genevois, autrefois directeur administratif de la firme PetroSaudi. Le mois dernier, Xavier Justo a d'ailleurs publié un bouquin (en anglais), Rendezvous with Injustice, qui raconte sa turbulente traversée médiatico-judiciaire. Aujourd'hui ruiné, fatigué et en colère, Xavier Justo dénonce.
Un nom fait très vite irruption au milieu du barouf: Low Taek Jho. Enfin... Jho Low pour les intimes (et ils sont nombreux). En cavale depuis 2018, ce multimilliardaire et puissant businessman malaisien est accusé, au départ par les autorités malaisiennes, d'être le cerveau machiavélique de l'affaire 1MDB. Selon lui, et depuis le début, tout cela n'a été qu'une cabale politique visant à lui faire mordre la poussière.
Jho Low est un homme d'affaires à qui tout a toujours réussi. La nuit tombée, c'est une tout autre mayonnaise qui monte dans l'antichambre du show-business. Avant de disparaître des radars, Jho Low était surnommé The Great Gatsby d'Asie. Un party-boy insatiable, de toutes les orgies, pourvu qu'il y ait du beau monde, de l'alcool, des liasses qui tombent du ciel, pas mal d'épate et des jeunes starlettes à son bras.
L'homme, aujourd'hui âgé de 41 ans, aurait utilisé l'argent détourné pour nourrir de nombreux montages financiers, mais surtout pour abreuver le tout Hollywood d'attention(s). Pour ne donner qu'un exemple, c'est à cause de lui qu'Emily Ratajkowski s'est retrouvée «un jour perdue au milieu des gradins» huppés d'une finale du Super Bowl: Jho Low lui avait simplement glissé 25 000 dollars pour que le jeune top s'y montre jusqu’au bout de la nuit.
Il faut dire que ses goûts et dépenses en matière de VIP WTF n'avaient pas pour objectif de passer inaperçus. Celui qui a commencé à côtoyer les grands de ce monde grâce aux connexions (et aux parties de golf) de son riche papa, aligne les superlatifs depuis son adolescence. Un yacht à 250 millions de dollars, des bastringues sans commune mesure entre Las Vegas et Saint-Tropez, des toiles de Van Gogh ou Monet pour plus de 200 millions. Entre autres.
Mais attention, Monsieur était très généreux: il a notamment offert un Basquiat à Leonardo DiCaprio (que la star a dû rendre à la justice peu après) et des jetons de casino à Kim Kardashian. La plus célèbre it-girl de la planète avait déclaré être rentrée au petit matin, de Las Vegas, avec «250 000 dollars dans un sac poubelle,» sans trop savoir comment.
Le fait que Low passait ses nuits avec le gratin d'Hollywood n'est pas tant un scoop. Mais Bloomberg, ce week-end, a dévoilé une enquête précisant les liens que certains people entretenaient avec le super-riche, aujourd'hui en cavale. Le journal américain a rendu public des interrogatoires menés par le FBI. Sous l'ampoule brûlante des enquêteurs? DiCaprio et Kim Kardashian.
En 2019, la businesswoman avait également déclaré que Low avait payé les feux d'artifice de son premier mariage (désastreux), avec la star de NBA Kris Humphries. Une attention à plus de 100 000 dollars. Plus tard, le basketteur avait aussi été gratifié d'un Basquiat (décidément). Pour l'anecdote, et grâce à l'enquête de Bloomberg, on apprend que Kanye West, un poil jaloux, avait lui aussi demandé à Low un petit cadeau (un Monet, soyons originaux).
A la base de ses révélations, une enquête des autorités américaines, dévoilée par Bloomberg. En 2016, le procureur a dégoupillé une chasse aux biens de Jho Low. Et, forcément, ces cadeaux aux stars ont beaucoup intéressé les enquêteurs. Miranda Kerr, avec qui le fugitif a eu une brève relation, a également été entendu par le FBI à l'époque.
Mais c'est Leonardo DiCaprio qui a tenu les enquêteurs en haleine. Si Jho Low a financé le Loup de Wall Street, les deux hommes entretenaient manifestement une relation beaucoup plus intime. Leurs mamans se connaissaient et les projets financiers jaillissaient comme du champagne à Las Vegas. Selon Bloomberg, ça causait mégafonds de 1 milliard de dollars pour plusieurs films ou parc à thèmes labellisés Warner Bros, en Asie, nourri de manèges basés sur les films de la star de Titanic. Le parc ne verra jamais le jour.
Acheter des stars pour qu'elles deviennent ses amies. Voilà comment on pourrait résumer l'obsession de Low pour les paillettes. L'apogée du bling-bling restera sans doute la petite fiesta qu'il a organisée pour ses 31 printemps, en 2013. Sage et mesuré, le party-boy avait fait construire un cirque en plein désert. Au programme, une troupe de nains, Britney Spears qui jaillit d'un gâteau d'anniversaire et, forcément, ses «amis». En plus de DiCaprio KimK., on pouvait y croiser Robert De Niro, Jamie Foxx ou... le chanteur coréen Psy.
L'existence de Jho Low, qu'importe l'issue judiciaire, restera d’ailleurs un immense Gandnam Style médiatico-financier. Le principal intéressé, lui, est introuvable. On le soupçonne de s'être planqué en Chine et il risque jusqu'à quarante ans de prison.