Economie
Migros

Le mexicain Femsa veut racheter le suisse Valora et la marque Kiosk

ARCHIVBILD ZU DEN UMSATZZAHLEN VON VALORA --- Das Logo der k kiosk, fotografiert am 7. Januar 2020 am Bahnhof Oerlikon. K kiosk ist ein Convenience Services Format der Valora Gruppe. (KEYSTONE/Christi ...
On trouve les enseignes de la marque «Kiosk» dans toutes les grandes gares de Suisse.Image: keystone

Migros et Coop doivent-elles trembler? Le Mexicain Femsa veut s'implanter

La société Valora, qui détient bon nombre d'enseignes dans les gares suisses, devrait être rachetée par l'entreprise mexicaine Femsa. Dans le sillage l'opération, des ambitions européennes assumées qui devraient préoccuper Coop et Migros.
06.07.2022, 18:55
Benjamin Weinmann / ch media
Plus de «Economie»

C'est la fin d'une success story helvétique: le groupe suisse Valora, qui détient les fameux kiosques Kiosk, devrait bientôt passer en mains mexicaines. Le détaillant sud-américain Femsa a fait une offre que le groupe bâlois ne pouvait pas refuser: 1,1 milliard de francs. Le conseil d'administration de Valora recommande aux actionnaires de l'accepter.

C'est un véritable coup qui s'annonce au sein du commerce de détail suisse, et auquel les géants orange Migros et Coop feraient bien d'être attentifs. Car Femsa est un poids lourd mondial avec un chiffre d'affaires qui ne l'est pas moins. En 2021, l'entreprise mexicaine a généré 26 milliards de francs, contre près de 30 milliards pour Migros et 32 milliards pour Coop.

Le groupe Femsa compte, toutefois, beaucoup plus d'employés que les détaillants orange, soit 320 000 au total. Bill Gates, le fondateur de Microsoft, détient, par ailleurs, une participation de 8% dans le groupe par le biais de sa société Cascade. Mais ses copropriétaires les plus puissants, avec une part de près de 40%, sont une poignée de familles mexicaines très riches et influentes.

epa10003334 US Businessman Bill Gates poses on the red carpet, for the Time 100 Gala, which is held annually to celebrate the release of the magazine?s list of the '100 Most Influential People in ...
Bill Gates détient officiellement un pourcentage de la société qui devrait racheter Kiosk.image: keystone

Mais qui est cette entreprise mexicaine?

Femsa est présent dans six pays d'Amérique du Sud avec 25 000 magasins, principalement des supermarchés et des pharmacies. En outre, l'entreprise est le premier partenaire mondial de Coca-Cola, en termes, de volume d'embouteillage et le deuxième actionnaire du brasseur Heineken.

Mais l'entreprise ne compte pas s'arrêter en si bon chemin et nourrit ouvertement des ambitions de croissance en Europe. Son objectif? Progresser en Suisse sur tous les marchés possibles avec Valora, puis conquérir de nouveaux pays.

«Nous prévoyons d'utiliser Valora comme porte d'entrée pour notre expansion en Europe»
Daniel Rodriguez, CEO de Femsa

Valora compte au total 2700 points de vente, comprenant notamment les marques Kiosk, Brezelkönig, Caffè Spettacolo, Avec ou encore Press & Books. Daniel Rodriguez, CEO de Femsa, vise un nombre de points de vente de 3000 dans moins de cinq ans.

Femsa-Chef Daniel Rodriguez
Daniel Rodriguez, un patron aux ambitions ouvertement affichées.image: dr

Des déclarations qui se veulent rassurantes

Lors d'une conférence de presse ayant eu lieu à Zurich, Valora comme Femsa ont indiqué entrevoir de grandes synergies dans ce deal. Des déclarations qui ont peut-être aussi pour but de finir de convaincre le conseil d'administration lors du vote à venir.

Daniel Rodriguez a assuré que des réductions de coûts n'étaient pas l'objectif de Femsa et assuré que le siège social de Valora resterait à Muttenz (BL), dans la banlieue bâloise, et que le CEO Michael Mueller resterait à son poste.

Michael Mueller Valora
Michael Mueller, CEO de Valora, restera en poste.image: dr

Il y a, toutefois, du mouvement au sein de l'entreprise. Sascha Zahnd, un ex-manager de Tesla qui avait repris, il y a trois mois, la présidence du conseil d'administration de Valora (après l'ex-patron d'Intersport Franz Julen), va en revanche laisser la main. Il souligne néanmoins que «Valora restera Valora».

Rien n'est encore signé

Mais le deal n'est pas encore signé et des rebondissements restent possibles. Il n'est pas improbable que Valora reçoive une offre plus lucrative dans les mois à venir, dans le but de couper l'herbe sous le pied de Femsa.

Car de nombreux détaillants européens craignent l'arrivée de ce nouveau concurrent mexicain sur le Vieux-Continent, un défi dont Daniel Rodriguez est bien conscient:

«Nous savons comment se déroule ce genre de deals. Pour autant, nous n'avons pas prévu d'adapter notre offre si un concurrent venait s'immiscer dans le processus»
Daniel Rodriguez, CEO de Femsa

Une entreprise secouée par le Covid

On peut en effet se demander dans quelle mesure l'offre mexicaine arrive au bon moment. Le cours de l'action de Valora a été divisé par deux au cours des quatre dernières années, notamment à cause du Covid.

Avant la pandémie, l'action de la société s'élevait à 355 francs, contre 260 actuellement. En cause notamment, des ventes qui ont complètement chuté dans les gares, vidées de leurs clients, lors des confinements.

Valora erhält von SBB Zuschlag für 262 Kiosk-Standorte. (Archiv)
Les enseignes appartenant à Valora ont fortement souffert de la pandémie.image: keystone

Le CEO de Valora Michael Mueller se veut, toutefois, rassurant. Selon lui, la crise du Covid a été surmontée et les pendulaires sont désormais de retour comme avant. Pour l'année en cours, il s'attend à un bénéfice d'exploitation de 70 millions de francs.

Une contre-offre de la Migros?

Avec Femsa qui annonce ne pas vouloir adapter son prix en cas de contre-offre, les jeux restent ouverts. Qui pourrait venir saisir sa chance dans une fenêtre de rachat qui risque de se refermer très vite?

En 2021, la Banque cantonale de Zurich avait spéculé, dans un rapport, que Coop et Migros auraient la capacité à moyen terme de racheter Valora. La banque réitère son analyse au vu de la situation actuelle.

«Une contre-offre de Migros face à Femsa n'est pas exclue»
Gian Marco Werro, analyste à la Banque cantonale de Zurichcash.ch

Racheter des kiosques, une autre occasion pour Migros de (tout de même) vendre de l'alcool? 👇

Un manque de vision

Pourtant, la sucess story de Valora n'était pas acquise dès le départ. Fondée en 1905 à Olten (BE), la société s'appelait alors Chocoladen & Colonialhaus (Chocolat & Maison coloniale, oui, c'était trendy à l'époque). Elle est devenue ensuite Merkur, avant d'être renommée Valora en 1996.

L'entreprise manquait alors de vision claire et de nombreuses marques ont été successivement rachetées et revendues. Parmi elles, les distributeurs Selecta, le fabricant de biscuits Kägi, le développeur de photos Fotolabo et même les matelas Bico. Ces achats et ventes à répétition ont conduit Valora à frôler la faillite au milieu des années 2000.

Rachats en Allemagne et aux Etats-Unis

Le distributeur a alors affiné sa stratégie et misé davantage sur quatre concepts principaux et liés aux gares, avec Kiosk, Spettacolo, Avec et Press & Books. Une décision qui lui a réussi malgré la baisse du chiffre d'affaires de la presse papier.

La société a continué sur cette voie et a alors racheté les kiosques Naville, qui se sont (vous l'aurez remarqué) tous transformés en enseignes de la marque Kiosk.

En 2012, Valora a vu juste en étendant ses concepts à l'étranger, notamment en Allemagne. L'entreprise y a racheté la chaîne de boulangerie Ditsch, via Brezelkönig, ainsi que les marques Backwerk et Back Factory. Puis elle s'est tournée vers les Etats-Unis avec le rachat de la société Pretzel Baron, qui vend des bretzels surgelés dans les supermarchés américains. Un portefeuille de plus en plus complet qui a manifestement attiré l'attention de Femsa.

Et encore la Migros Edition
1 / 9
Et encore la Migros Edition
The Softy de V-Love (6.70): «Ressemble beaucoup à un vrai camembert et il est très bon sur le pain aux fruits. Mythique.»
partager sur Facebookpartager sur X
Vente d'alcool à la Migros? On a trouvé des produits bien plus punk
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
L'alliance de «l'argent et du purin» chancelle
Une alliance de circonstance entre les agriculteurs et les associations économiques existe depuis quelques années. Mais c'est surtout l'agriculture qui a su tirer son épingle du jeu. Cela pourrait se poursuivre le 22 septembre. Mais les faîtières de l'économie pourraient mal le prendre.

Des petits lézards, des papillons et de l'agriculture bio: c'est avec ces arguments qu'IP Suisse, le label bio de l'Union suisse des paysans (USP) tente de convaincre dans une publicité de voter contre l'initiative sur la biodiversité, soumise au peuple 22 septembre prochain. Les opposants ont décidé de combattre l'initiative non en la critiquant, mais en y opposant des arguments positifs.

L’article