En Suisse, le prix du pain et des pâtes a augmenté depuis le début de l'année. La hausse générale des coûts, mais aussi la mauvaise récolte de 2021 sont davantage responsables que la flambée des cours du blé à cause de la guerre en Ukraine.
Pour le prix du pain, «on commence à être sur une tendance à la hausse», a expliqué Jean Busché, responsable Economie à la Fédération romande des consommateurs (FRC). Selon l'Office fédéral de la statistique (OFS):
Pour l'expert, il est «difficile d'isoler la part de cette augmentation directement liée à la guerre en Ukraine», grand pays producteur de blé, car «la chaîne de valeur est assez étendue pour un kilo de pain». Les facteurs sont nombreux au-delà du blé, «il y a aussi le transport, le moulin, etc.»
Selon l'Association suisse des patrons boulangers-confiseurs (BCS), les professionnels ne subissent pas de conséquences liées à la guerre en Ukraine. Une porte-parole de l'association professionnelle qui rassemble 1400 membres assène qu'en revanche:
En novembre dernier, l'association a attiré l'attention sur les dépenses pour les matières premières, l'emballage, l'énergie, les frais liés aux cartes de crédit et de débit, qui ont augmenté jusqu'à 15%.
A la Fédération des Meuniers Suisses (FMS), il n'y a «pas de panique», a assuré Lorenz Hirt, son directeur:
L'impact financier de la guerre en Ukraine ne peut pas encore être quantifié, selon le responsable. Toutefois, la filière ressent, comme d'autres, la hausse des coûts (gaz, emballage, logistique).
Les meuniers se préoccupent particulièrement de «la qualité de la prochaine récolte» en Suisse, qui influencera les quantités d'importations de France, d'Allemagne ou du Canada, tirant potentiellement les prix vers le haut.
Swiss granum, l'interprofession suisse des céréales, oléagineux et protéagineux, a expliqué dans une prise de position, le mois dernier, que la faible récolte de 2021 ainsi que les stocks de céréales panifiables ne suffiront pas jusqu'à la prochaine récolte. La branche a demandé «une augmentation du contingent tarifaire de céréales panifiables» pour assurer l'approvisionnement en Suisse, couvert dans une année normale par la récolte locale. L'organisation insiste:
Du côté des distributeurs, Coop a prévenu qu'il y aura certainement des augmentations de prix dans les prochains mois. Migros ne pourra «vraisemblablement pas» empêcher une accélération des tarifs à moyen terme.
La Fédération romande des consommateurs se dit vigilante «quant à d'éventuelles hausses des prix indues de la part des distributeurs, qui augmenteraient leurs marges au détriment des consommateurs finaux».