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Ukraine: les effets des sanctions économiques contre la Russie

Les sanctions contre la Russie portent leurs fruits (et nous touchent aussi)

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Un office de change à Saint-Pétersbourg, le 28 février 2022. Les sanctions économiques se font déjà sentir en Russie. Image: EPA
Alors que les Occidentaux peaufinent les mesures de sanctions économiques contre la Russie, celles-ci commencent déjà à faire effet. Et elles vont faire mal. On fait le point sur les premières conséquences.
02.03.2022, 10:3004.03.2022, 17:53
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Réunis en session extraordinaire mardi, les ministres des Finances du G7 se sont félicités des premiers effets des sanctions à l'encontre de grandes banques ou des oligarques russes.

Le ministre des Finances allemand, Christian Lindner (dont le pays préside le G7 cette année), n'a pas caché sa satisfaction:

«Le rouble est en chute libre et le trésor de guerre de Vladimir Poutine a été sérieusement touché. Cette mesure a un impact limité sur nous, mais un impact maximum sur la Russie»

Un impact limité, vraiment? En tout cas, voici les derniers effets des sanctions sur l'économie russe (et mondiale).

L'exclusion du réseau Swift est actée

Sept banques russes ont été exclues de Swift mercredi midi, parmi lesquelles figure VTB, la deuxième plus grosse banque de Russie. La mesure sera effective à partir du 12 mars.

Cette exclusion n'empêche pas les transferts effectifs de capitaux d'une banque à une autre, mais elle gênera considérablement les opérations.

En revanche, la sanction ne concerne ni Sberbank, première banque du pays, ni Gazprombank, par lesquelles passent une grande partie des paiements pour les fournitures de gaz et pétrole russes, dont sont très dépendants certains États européens. La nouvelle devrait rassurer l'Allemagne et l'Italie: celles-ci craignaient en effet de ne plus pouvoir payer leurs approvisionnements de gaz russe, dont elles sont très dépendantes, en cas de blocage de l'accès à Swift des banques russes chargées de ces transactions.

Toutefois, cette exclusion des banques russes aura certainement des conséquences au niveau international.

Au total, environ 80% du système bancaire russe est visé d'une façon ou d'une autre par une batterie de sanctions financières de l'UE.

Le prix du baril s'envole

Alors que l'Union européenne s'apprête à exclure les banques russes de la messagerie interbancaire, les prix du pétrole continuaient leur flambée mercredi. Les craintes de pénurie se renforcent.

Le baril de Brent – la référence européenne de l'or noir – a dépassé les 110 dollars. Le prix du baril de pétrole de WTI américain, quant à lui, s'est envolé de près de 5%, à 108,64 dollars.

Avant même le conflit ukrainien, les prix étaient déjà en train de s'envoler. Cela s'explique par la levée des restrictions Covid dans de nombreux pays. Celle-ci avait provoqué une forte reprise de la demande de baril dans le monde... et donc à une à l'insuffisance de l'offre.

Afin de calmer les tensions sur le marché pétrolier, les 31 membres de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) ont décidé de puiser dans leurs réserves stratégiques. Au total, ils vont libérer 60 millions de barils, ce qui représente six jours de production russe, selon Les Echos.

Vous ignorez ce qu'est l'AIE? On vous expliquait son rôle dans notre lexique!

A noter que la Russie est le deuxième plus grand exportateur de pétrole brut au monde et représente plus de 40% des importations annuelles de gaz naturel de l'Union européenne.

Sberbank, au bord de la faillite, se barre d'Europe

L'augmentation du coût de la vie en Russie provoque la panique et pousse les épargnants à aller retirer leur épargne à la banque, comme l'explique Europe 1.

La première banque de Russie, Sberbank (pourtant épargnée par l'exclusion du système Swift) est confrontée à un phénomène identique: elle n'est plus en mesure de fournir des liquidités à ses filiales européennes. Trop de fonds sont sortis d'un coup et la banque ne parvient plus à se refinancer. Résultat: elle met fin aux activités de Sberbank Europe.

La filiale suisse, Sberbank (Switzerland) n'est pas concernée, précise Keystone-ATS.

La Bourse de Moscou reste fermée

Pour le troisième jour d'affilée, la Bourse de Moscou est restée fermée mercredi. Elle a indiqué que certaines opérations demeureraient restreintes jusqu'au samedi 5 mars.

Vers 9 heures GMT, le rouble s'échangeait mercredi autour de 109 roubles pour un dollar et de 119 roubles pour un euro.

«L'économie russe subit un sérieux coup dur», a admis le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, tout en affirmant qu'il y a «un degré de résistance, du potentiel, des plans, un travail énergique en cours». «Nous resterons debout», a-t-il ajouté.

Les autorités russes multiplient les mesures pour limiter la casse:

  • L'interdiction aux étrangers de vendre des actions russes.
  • L'interdiction du retrait de fonds du marché financier russe face à une hémorragie d'investissements étrangers.
  • L'interdiction de quitter la Russie avec plus de 10 000 dollars en espèces.
  • L'abolition de la TVA sur les achats d'or par des particuliers

Les émetteurs de paiements ont agi

Les émetteurs américains de cartes de paiements Visa, Mastercard et American Express ont indiqué avoir pris des mesures pour mettre en œuvre les sanctions imposées. Tous trois ont décidé d'empêcher des banques russes d'utiliser leur réseau.

Cela implique de suspendre l'accès des entités sanctionnées à leur réseau.

Dans ce contexte, les patrons de Mastercard et d'American Express se sont dits particulièrement méfiants face au risque de cyberattaque. Ils sont décidés à surveiller de près l'intégrité des réseaux de paiements. «La menace est considérablement accrue dans l'environnement actuel», a expliqué Michael Miebach, directeur général de Mastercard, dans un message posté sur son site lundi soir.

«American Express prend toutes les mesures nécessaires pour détecter, prévenir et répondre à toute activité malveillante grâce à nos défenses à plusieurs niveaux», a affirmé de son côté le directeur général Stephen Squeri, dans un message aux employés diffusé sur le site de l'entreprise.

Le franc suisse s'apprécie

Le franc s'appréciait fortement mercredi, alors que les investisseurs se tournaient vers les valeurs refuges, dont le franc suisse fait partie.

Face à l'euro, sa principale monnaie pour les échanges commerciaux, la devise helvétique s'approchait du niveau atteint pour la dernière fois en janvier 2015 après l'abandon du taux plancher. Peu avant midi, le franc s'échangeait à 1,01945 franc pour un euro, alors que la paire de devises valait encore 1,03447 la veille à la mi-journée.

Mais selon les spécialistes d'UBS, «les futures hausses des taux directeurs aux Etats-Unis, au sein de l'UE et en Grande-Bretagne devraient affaiblir le franc dans les mois à venir».

La Réserve fédérale (Fed) devrait «bientôt commencer à relever ses taux d'intérêt» et la Banque centrale européenne (BCE) devrait suivre «plus tard dans l'année». Quant à la Banque nationale suisse (BNS), «il est fort probable» qu'elle emboîte le pas à ses consœurs.

Selon Ricardo Evangelista d'Activtrades, cité par l'agence Keystone-ATS, «l'euro est, parmi toutes les grandes monnaies, celle qui est peut-être la plus exposée au conflit en Europe de l'Est, une situation qui pourrait entraîner une nouvelle faiblesse de la monnaie unique».

Le risque d'une inflation généralisée

Une chose est sûre: les combats en Ukraine alimentent les pires craintes sur le front économique, en particulier en matière de hausses de prix. Le conflit risque d'impacter les économies des pays industrialisés et la reprise économique européenne post-pandémie.

Le taux d'inflation dans la zone euro a battu un nouveau record en février, à 5,8% sur un an. Depuis novembre, elle a atteint chaque mois un nouveau sommet historique.

La hausse des prix à la consommation est toujours alimentée par la flambée des prix du pétrole, du gaz et de l'électricité. Mais la progression des prix de l'alimentation (y compris alcool et tabac) s'est aussi accélérée le mois dernier. Les prix du blé meunier et du maïs battent actuellement des records ce qui devrait se refléter dans les indicateurs des prochains mois.

Cette hausse généralisée est une très mauvaise nouvelle pour les ménages, dont certains peinent de plus en plus à boucler les fins de mois.

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