International
Afrique

Guerre au Soudan: la situation s'aggrave, ce qu'il faut savoir

Sudanese demonstrators attend rally to demand the return to civilian rule nearly a year after a military coup led by General Abdel Fattah al-Burhan, in Khartoum, Sudan, Tuesday, Oct. 25, 2022. (AP Pho ...
Des manifestants soudanais lors d'un rassemblement pour exiger le retour à un régime civil près d'un an après un coup d'Etat militaire dirigé par le général Abdel Fattah al-Burhan, à Khartoum, au Soudan, le 25 octobre 2022.Image: AP

Pourquoi le Soudan est à feu et à sang

La situation dans ce pays africain s'aggrave dramatiquement. Le Soudan du Sud, autrefois opprimé, peut-il aider? Explication en cinq points.
17.04.2023, 15:1517.04.2023, 17:19
Markus Schönherr, Pretoria / ch media
Plus de «International»

Que se passe-t-il?

Une centaine de civils ont été tués au Soudan. Tirs et explosions secouent Khartoum sans discontinuer lundi, au troisième jour de combats entre l'armée, fidèle au général Abdel Fattah al-Burhane, et la puissante force paramilitaire du général Mohamed Hamdane Daglo. Dans la capitale Khartoum, baignée dans une odeur de poudre, privée en partie d'eau et d'électricité, les habitants sont barricadés chez eux alors qu'une épaisse fumée noire monte du centre-ville où siègent les institutions politiques et militaires. Des centaines d'autres civils et soldats ont été blessés ce week-end, a annoncé une association de médecins.

Alors qu'aucune trêve ne se dessine, médecins et humanitaires tirent la sonnette d'alarme. Dans certains quartiers de Khartoum, l'électricité est totalement coupée depuis samedi, comme l'eau courante.

Des médecins ont annoncé des coupures d'électricité dans des salles d'opération et selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS):

«Plusieurs des neuf hôpitaux de Khartoum qui reçoivent des civils blessés n'ont plus de sang, d'équipement de transfusion, de fluides intraveineux et d'autres matériels vitaux»

Les patients, parfois des enfants, et leurs proches «n'ont plus ni à boire ni à manger», a affirmé un réseau de médecins pro-démocratie, disant ne plus pouvoir laisser partir en sécurité les patients soignés, ce qui crée «un engorgement qui empêche de s'occuper de tous».

Pour le troisième jour consécutif, de violents combats ont été signalés, lundi 16 avril, entre l'armée régulière et les forces paramilitaires Rapid Support Forces (RSF). Les opposants en uniforme luttent pour le contrôle des aéroports, des bâtiments gouvernementaux et des chaînes de télévision. Des chars et des chasseurs-bombardiers ont été utilisés.

La maison du chef d'Etat militaire de transition, le général Abdel Fattah al-Burhan, a également été visée par des combattants de la RSF. Selon les médias locaux, il se trouverait dans un lieu tenu secret. L'armée a occupé les ponts sur le Nil qui relient Khartoum à la ville voisine d'Omdurman. Des combats ont aussi été signalés dans d'autres régions du pays. Face à la situation, Mohamed Osman, chercheur sur le Soudan à Human Rights Watch (HRW) s'est montré très critique:

«Une fois de plus, les chefs militaires soudanais font preuve d'un mépris total pour les espoirs et les droits du peuple soudanais»
Mohamed Osman, chercheur sur le Soudan à Human Rights Watch (HRW).

Les combats de ce week-end ont lieu dans une «zone densément peuplée». Les deux parties doivent protéger les habitants et les installations civiles, demande le spécialiste des droits de l'homme.

Quel est le contexte du conflit?

Le Soudan n'arrive tout simplement pas à retrouver le calme. En avril 2019, des manifestants et des militaires avaient renversé le dictateur de longue date Omar al-Bashir. Mais plutôt qu'un retour à la démocratie, c'est l'administration militaire qui a pris le relais.

Depuis lors, de nouvelles manifestations ont éclaté. Les manifestants réclamant le retour à un gouvernement civil. Les autorités militaires ont retardé la transition à plusieurs reprises. En 2021, les forces de l'ordre ont renversé le Premier ministre civil Abdallah Hamdok lors d'un nouveau coup d'Etat.

Qu'est-ce qui a conduit à cette récente escalade?

La cause de la récente escalade pourrait être un conflit entre l'armée et la RSF sur l'avenir du Soudan. La RSF, forte d'environ 100 000 combattants, est accusée de violations grossières des droits de l'homme; elle serait responsable de la mort de dizaines de militants pro-démocratie.

Dans le cadre du processus de transition vers un gouvernement civil, la RSF devait être intégrée à l'armée régulière. Le rôle du chef de la RSF, Mohamed Hamdan Dagalo, qui fait également office de vice-chef d'État sous le gouvernement militaire, semblait incertain.

Quelles sont les réactions?

Ce week-end, plusieurs gouvernements ont condamné les combats. L'Union africaine et l'Union européenne (UA, UE) ont appelé à un cessez-le-feu immédiat. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé les deux adversaires au dialogue:

«Toute nouvelle escalade des combats serait dévastatrice pour les civils et aggraverait encore la situation déjà précaire des droits de l'homme dans le pays»
Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU.

Entre-temps, l'épreuve de force des hommes armés au Soudan suscite l'incompréhension. «Les généraux et les chefs de guerre» mènent leur lutte pour le pays et ses ressources sur le dos de «citoyens innocents», a fait savoir en ligne l'influente SPA, l'association des professionnels soudanais. Le Premier ministre renversé Hamdok a appelé à la «raison»:

«Il ne peut y avoir de victoire obtenue au prix du cadavre de nos citoyens».
Abdallah Hamdok, Premier ministre du gouvernement de transition soudanais, du 21 août 2019 au 25 octobre 2021 et du 21 novembre 2021 au 2 janvier 2022.

Le Soudan du Sud, autrefois opprimé, peut-il aider?

Le gouvernement du Soudan du Sud a également fait part de sa «profonde inquiétude». Le pays s'est séparé de son voisin du nord en 2011 après une guerre d'indépendance et un référendum. Le président Salva Kiir Mayardit est actuellement en «contact étroit» avec les dirigeants soudanais, a annoncé le ministre sud-soudanais des Affaires étrangères Deng Dau Deng. Il a «l'espoir» que le Sud, autrefois opprimé par le Soudan, puisse désormais contribuer à un processus de désescalade.

Entre-temps, Human Rights Watch (HRW) accuse la communauté internationale d'avoir échoué: personne n'a demandé aux chefs militaires de rendre des comptes pour leurs violations des droits après le coup d'Etat. Les activistes demandent une «réponse rapide et tangible» à la situation actuelle. Le Conseil de sécurité mondial doit appeler à la protection des civils lors d'une réunion d'urgence, estime HRW. (aargauerzeitung.ch)

Traduit et adapté de l'allemand par Nicolas Varin

Apple fait sa propre loi sur l'USB-C
Video: watson
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Le monde n'a jamais produit autant d'électricité renouvelable
Le monde a franchi pour la première fois en 2023 le seuil de 30% de production électrique d'origine renouvelable. Cette croissance pourrait permettre de voir décliner la production électrique d'origine fossile.

Mondialement, les énergies renouvelables sont passées d'une part de 19% de la production électrique mondiale en 2000, à plus de 30% en 2023, sous l'effet de l'essor surtout du solaire mais aussi de l'éolien, selon le centre de recherche sur l'énergie Ember

L’article