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Des travailleurs humanitaires parmi les dizaines de morts au Soudan

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L'armée soudanaise a demandé à la population de rester chez elle alors qu'elle poursuivait ses frappes aériennes.Image: sda

Des travailleurs humanitaires parmi les dizaines de morts au Soudan

Au Soudan, les affrontements ont fait des dizaines de morts parmi les civils et l'armée. Plus de 600 blessés ont également été dénombrés. Des avions civils ont été incendiés.
16.04.2023, 10:5016.04.2023, 18:13
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Les combats entre armée et paramilitaires au Soudan ont fait au moins 56 morts parmi les civils et des «dizaines» parmi les forces de sécurité, a rapporté dimanche matin une organisation de médecins. Ils ont également fait plusieurs centaines de blessés.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé dimanche la suspension de ses opérations au Soudan. Dans le même temps, un accord pour évacuer les blessés a été trouvé.

Aide humanitaire suspendue

Le PAM a annoncé dimanche la suspension de ses opérations au Soudan après la mort samedi de trois humanitaires qui travaillaient pour cette agence spécialisée de l'Organisation des nations unies (ONU) dont le siège est à Rome.

Les trois humanitaires ont été tués «samedi en accomplissant leur travail au Darfour-Nord», dans l'ouest près du Tchad, qui a fermé sa frontière samedi à cause des violences, précise dans un communiqué Volker Perthes. Il ajoute que des «bâtiments humanitaires auraient été touchés et d'autres pillés au Darfour», bastion historique des Forces de soutien rapide (FSR).

«Nous sommes obligés de suspendre temporairement nos opérations au Soudan le temps d'analyser l'évolution de la situation sécuritaire», indique la directrice du PAM, Cindy McCain, citée dans un communiqué.

«Le PAM est engagé dans l'assistance à la population soudanaise qui fait face à une terrible insécurité alimentaire, mais nous ne pouvons pas faire notre travail, qui sauve des vies, si la sécurité de nos équipes et partenaires n'est pas assurée. Toute perte de vie dans l'exercice humanitaire est inacceptable et je demande des mesures immédiates pour garantir la sécurité de ceux qui sont encore présents. Les travailleurs humanitaires sont neutres et ne devraient jamais être des cibles.»
Cindy McCain, directrice du PAM

L'armée et les paramilitaires qui s'affrontent depuis samedi au Soudan ont annoncé ouvrir dimanche à 16 heures des «couloirs humanitaires» pour évacuer les blessés «pendant trois heures», se gardant des deux côtés un «droit de riposte en cas de violation» de l'accord.

De nombreux civils tués

Selon les correspondants de l'Agence France-presse (AFP), les fenêtres ont tremblé et les immeubles ont été secoués dans de nombreux quartiers de la capitale, Khartoum, pendant les affrontements de samedi, et des explosions ont été entendues tôt dimanche.

Le Comité central des médecins soudanais, une organisation indépendante et pro-démocratie, a parlé également de «dizaines de morts» parmi les forces de sécurité. En plus de cela, le Comité a déclaré que:

«Le nombre total de morts parmi les civils a atteint 56 personnes»

Le Comité a dit avoir dénombré quelque 600 blessés, notamment parmi les forces de sécurité. De nombreuses victimes n'ont pas pu être transférées vers les hôpitaux en raison de difficultés de déplacement liées aux affrontements.

Des avions civils incendiés

Les Forces de soutien rapide - des milliers d'ex-miliciens de la guerre du Darfour devenus supplétifs de l'armée - ont déclaré contrôler la résidence présidentielle, l'aéroport de Khartoum et d'autres infrastructures clés.

L'armée dément la prise de l'aéroport, mais reconnaît que les FSR y ont «incendié des avions civils, dont un de la Saudi Airlines», ce que la compagnie a confirmé. Dans un communiqué publié samedi en fin de journée, l'armée a demandé à la population de rester chez elle alors qu'elle poursuivait ses frappes aériennes contre les bases des paramilitaires.

Des appels au cessez-le-feu internationaux

Toute la journée, les appels au cessez-le-feu se sont multipliés: de l'ONU, Washington, Moscou, Paris, Rome, Ryad, l'Union africaine, la Ligue arabe, l'Union européenne (UE) et même l'ancien premier ministre civil Abdallah Hamdok. Mais en vain.

La Suisse s'est dite «très préoccupée par les informations relatives à un affrontement militaire» au Soudan. Elle a appelé les deux parties à cesser immédiatement les combats et les invite au dialogue, a indiqué le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) sur Twitter.

La Ligue arabe a annoncé une réunion d'urgence dimanche sur le Soudan, à la demande du Caire - où elle siège - et de Ryad, deux grands alliés de l'armée soudanaise, aux prises avec les paramilitaires qui veulent désormais la déloger du pouvoir.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé les deux belligérants, le chef de l'armée, Abdel Fattah al-Burhane, et le patron des paramilitaires, Mohamed Hamdane Daglo, dit «Hemedti», ainsi que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour réclamer «un arrêt immédiat de la violence».

Pas de place pour les négociations

Les paramilitaires, eux, se disent inflexibles. Ils «ne s'arrêteront pas avant d'avoir pris le contrôle de l'ensemble des bases militaires», a menacé sur la chaîne Al-Jazeera le commandant Hemedti, à la tête des FSR.

Le général Burhane, lui, n'est pas apparu depuis le matin, mais assure par communiqué avoir été «surpris à 9 heures du matin» par une attaque de son QG par les FSR, son ancien meilleur allié que l'armée qualifie désormais de «milice soutenue par l'étranger» pour mener sa «trahison».

L'armée, elle, a publié sur sa page Facebook un «avis de recherche» contre Hemedti. «Ce criminel en fuite est recherché par la justice», lit-on sur le montage photo, alors qu'un autre communiqué annonce la dissolution des FSR, appelant tous leurs hommes à se rendre.

En 2022, les Soudanais fuyaient le pays:

Des deux côtés, fini les négociations feutrées et autres discussions policées; l'armée a mobilisé ses avions pour frapper - et «détruire» - des bases des FSR à Khartoum. Quant aux appels à revenir à la table des négociations, l'armée a répondu que c'était «impossible avant la dissolution des FSR».

Ces dernières appellent les 45 millions de Soudanais et même les militaires à «se rallier à elles» et à se retourner contre l'armée.

Aucune solution ne semble se profiler

Lors du putsch en octobre 2021, Hemedti et le général Burhane avaient fait front commun pour évincer les civils du pouvoir. Mais au fil du temps, Hemedti n'a cessé de dénoncer le coup d'Etat.

Récemment même, il s'est rangé du côté des civils - donc contre l'armée - bloquant les discussions et donc toute solution de sortie de crise au Soudan.

Pour les experts, les deux commandants n'ont cessé ces derniers jours de faire monter les enchères alors que les civils et la communauté internationale tentent de leur faire signer un accord politique censé relancer la transition démocratique. (sas/ats)

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