Les forces spéciales guinéennes ont assuré, dimanche avoir, capturé le président Alpha Condé et «dissout» les institutions, dans une vidéo adressée à un correspondant de l'AFP. Le ministère de la Défense affirme lui avoir repoussé leur attaque contre la présidence.
Les putschistes, auprès desquels le correspondant de l'AFP a confirmé la provenance de ces images, ont diffusé une vidéo du président Condé entre leurs mains. Ils lui demandent s'il a été maltraité, et Alpha Condé, en jeans et chemise dans un canapé, refuse de leur répondre.
De son côté, le ministère de la Défense a affirmé dans un communiqué que «les insurgés (avaient) semé la peur» à Conakry avant de prendre la direction du palais présidentiel, mais que «la garde présidentielle, appuyée par les forces de défense et de sécurité, loyalistes et républicaines, a contenu la menace et repoussé le groupe d'assaillants».
Des tirs nourris d'armes automatiques ont retenti dimanche matin dans le centre de Conakry, capitale de la Guinée, et de nombreux soldats étaient visibles dans les rues, ont rapporté plusieurs témoins à l'AFP.
Aucune explication n'était disponible dans un premier temps sur les raisons de cet accès de tension sur la presqu'île de Kaloum, centre de Conakry, où siègent la présidence, les institutions et les bureaux d'affaires.
Des habitants joints au téléphone à Kaloum ont fait état de tirs soutenus. S'exprimant sous le couvert de l'anonymat pour leur sécurité, ils ont dit avoir vu de nombreux soldats intimant aux résidents de rentrer chez eux et de ne pas en sortir.
L'accès à la presqu'île de Kaloum est restreint du fait de sa géographie. Les forces de sécurité peuvent aisément la bloquer.
Depuis des mois, ce pays d'Afrique de l'Ouest parmi les plus pauvres du monde malgré des ressources minières et hydrologiques considérables est en proie à de profondes crises politique et économique, aggravées par la pandémie de Covid-19.
La candidature du président Alpha Condé à un troisième mandat le 18 octobre 2020 a provoqué avant et après l'élection des mois de tensions qui ont causé des dizaines de morts dans un pays coutumier des confrontations politiques sanglantes. L'élection a été précédée et suivie par l'arrestation de dizaines d'opposants.
Condé, 83 ans aujourd'hui, a été définitivement proclamé président pour un troisième mandat le 7 novembre, malgré les recours de son principal challenger, Cellou Dalein Diallo, et de trois autres candidats qui dénonçaient des «bourrages d'urnes» et des irrégularités de toutes sortes. (ats/hkr)