Le président de la Confédération Alain Berset est arrivé samedi matin tôt près de Kiev pour une visite d'une douzaine d'heures en Ukraine. Il a rencontré son homologue Volodymyr Zelensky.
Les crises se multiplient mais la Suisse reste solidaire avec l’🇺🇦. Je l’ai répété au président @ZelenskyyUa. La 🇨🇭 s’engage en faveur de la collaboration internationale et du déminage humanitaire. Elle soutient le Registre des dommages @coe et la création d’un tribunal spécial. https://t.co/lJ1jdDGb1S
— Alain Berset (@alain_berset) November 25, 2023
Pour cette visite d'Etat restée confidentielle jusqu'au dernier moment, le conseiller fédéral et sa délégation ont été accueillis par des officiels ukrainiens à leur arrivée en gare de Nemishaieve, en provenance d'un train de nuit spécial.
Au programme de cette visite-éclair figurent un tête-à-tête avec Volodymyr Zelensky et la participation au Sommet «Céréales d'Ukraine» sur la sécurité alimentaire, qui vise à assurer la livraison du blé ukrainien, en dépit du blocus russe, dans les pays touchés par des pénuries.
Alain Berset a commencé sa journée par une visite à Boutcha, dans la matinée, lieu d'un terrible massacre commis par l'armée russe contre la population civile ukrainienne dans les premiers temps de la guerre. Il a déposé une gerbe en hommage aux victimes en compagnie du maire, Ruslan Kravchenko et d'Andriy Kostin, le procureur général d'Ukraine (à droite sur l'image ci-dessous).
Le conseiller fédéral a fait quelques pas dans cette ville-martyre aujourd'hui largement repeuplée (quelque 40'000 habitants). Les jours qui avaient suivi les exactions de Boutcha, les témoignages et les images d'horreur avaient afflué dans le monde, provoquant un vif émoi. Malgré des documents considérés comme accablants, les Russes ont démenti être impliqués dans ces massacres et soutenu que ceux-ci s'étaient déroulés après le départ de leurs troupes le 31 mars 2022.
Alain Berset et Volodymyr Zelensky ont participé à une cérémonie de commémoration des victimes de l'Holodomor (1932-1933) qui a fait plusieurs millions de morts en Ukraine alors soviétique. Il a déposé une bougie sur le monument commémoratif à Kiev en compagnie du président ukrainien Volodymyr Zelensky et de son épouse.
Cette année marque donc les 90 ans de la tragédie du Holodomor, la terrible famine qualifiée en 2008 de crime contre l'humanité par le Parlement européen et que le chef absolu de l'Union soviétique de l'époque, Joseph Staline, est accusé d'avoir orchestrée. La Russie de son côté a toujours contesté le caractère génocidaire de cette tragédie.
Dans l'après-midi, la conférence de presse d'Alain Berset et de Volodymyr Zelensky a dû être écourtée à cause d'une alerte au missile balistique, lancée depuis la Russie.
Les dirigeants, la délégation suisse et l'assistance ont quitté précipitamment le palais pour aller se réfugier dans des sous-sols, a constaté un journaliste de Keystone-ATS sur place.
L'alerte a été levée une vingtaine de minutes plus tard. Alain Berset et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, accompagnés du président letton Edgars Rinkevics et de la première ministre lituanienne Ingrida Simonyte, étaient en train de terminer leur point de presse lorsqu'une sirène a retenti via des portables dans la salle de l'événement, sous les lustres et les dorures.
Les dirigeants et participants n'ont jamais paru réellement en danger. L'alerte a disparu des radars peu après, s'agissant apparemment d'une «alerte sur fausse cible», a indiqué la sécurité ukrainienne. Alain Berset a pu poursuivre sa visite en compagnie du premier ministre Denys Chmyhal. Berset et Zelensky s'étaient auparavant entretenus 45 minutes en tête-à-tête.
Alain Berset a par ailleurs annoncé l’octroi par la Suisse d’une aide de 3 millions de francs destinée au programme alimentaire, bénéficiant à l'Ukraine. Il a aussi rappelé le récent déblocage par la Suisse de 100 millions de francs supplémentaires pour aider au déminage, en particulier dans les zones agricoles.
Cette visite d'Alain Berset vient aussi réaffirmer la solidarité suisse avec l'Ukraine. En ces temps marqués par de multiples crises internationales, l'Ukraine ne doit pas être oubliée: tel est le message du président suisse. La visite aura duré une journée. (jah/ats)