Une ancienne secrétaire d'un camp de concentration nazi, âgée de 96 ans, devait être jugée jeudi matin. Alors que son procès devait s'ouvrir, le président du tribunal d'Itzehoe (nord du pays) a annoncé que l'accusée était «en fuite».
Il se trouve que la dame avait quitté sa maison de retraite en taxi au petit matin. Les limiers avaient perdu sa trace près d'une station de métro à Norderstedt à la périphérie de Hambourg. Mais, elle a finalement été attrapée par la police dans l'après-midi. Qui est cette presque centenaire dont la cavale n'aura duré que quelques heures?
L'ancienne secrétaire était active dans le camp de concentration allemand de Stutthof près de Dantzig (actuellement en Pologne). Elle est accusée d'avoir aidé et encouragé le meurtre d'au moins 11 380 personnes, selon Der Tages Spiegel. Plus précisément:
Elle tapait les ordres du commandant du camp aux gardes et rédigeait les listes des noms des prisonniers qui seront déportés au camp d'extermination d'Auschwitz. Toute la correspondance avec le centre administratif SS de Berlin passait par son bureau, a-t-elle déclaré en qualité de témoin dans un procès nazi après la fin de la guerre.
Environ 30 plaignants sont représentés dans le procès contre Irmgard F. Ce sont des parents des personnes assassinées à Stutthof. Certains y ont été emprisonnés eux-mêmes. «La justice a une obligation envers les victimes et les survivants gravement traumatisés d'essayer de rendre un peu de justice», a déclaré leur avocat.
C'est la première fois qu'un employé civil d'un camp d'extermination nazi est jugé. A l'époque, Irmgard F, avait 18 ans. Elle a aujourd'hui 96 ans et vit dans une maison de retraite à Quickborn (près de Hambourg).
L'ex-secrétaire aurait écrit au juge qu'elle ne voulait pas se présenter à son procès à cause de son âge et de son état de santé, a-t-elle écrit au journal Der Spiegel. Son avocat devait la représenter, écrit-elle encore.
Or, selon le droit allemand, un procès ne peuvent se tenir en l'absence de l'accusé. L'aptitude de l'accusée à passer en jugement a, par ailleurs, été confirmée par une expertise, a déclaré Frederike Milhoffer, porte-parole du tribunal régional d'Itzehoe. (jah)