Un évènement passé inaperçu s'est déroulé lors du choc au sommet de Super League entre Bâle et YB, il y a dix jours au Parc Saint-Jacques. A la 70e minute de ce match remporté 4-1 par le FCB, Gabriel Sigua était prêt à entrer en jeu. Problème, le Géorgien n’avait pas le droit de fouler la pelouse. Cinq joueurs extra-européens – Metinho, Tsunemoto, Otele, Traoré et Adjetey – étaient déjà alignés, soit le quota maximum autorisé par la Swiss Football League.
Le règlement est clair: selon l’article 17, un club ne peut compter que cinq étrangers sur le terrain en même temps. La feuille de match, elle, n’a pas de limite. Par «étranger», on entend tout joueur qui n’est ni Suisse ni Liechtensteinois, ni ressortissant d’un pays lié à la Suisse par un accord de libre circulation – en d’autres termes, tout footballeur non-UE.
Dans l’effectif bâlois, pas moins de dix joueurs tombent sous le coup de cette règle: Metinho (Brésil), Tsunemoto (Japon), Otele (Nigeria), Traoré (Côte d’Ivoire), Adjetey (Ghana), Sigua (Géorgie), Gauto (Argentine), Essiam (Ghana), Bacanin (Serbie) et Kaio Eduardo (Brésil). Huit d’entre eux figurent déjà sur la liste officielle des contingents du club, qui n’a plus de place disponible hormis pour un joueur «formé localement». Si le FCB souhaite recruter encore, il devra d’abord libérer un créneau.
Ce n’est pas seulement face à YB que la règle a pesé. Lors de la première journée contre Saint-Gall, entre l’entrée de Metinho à la 62e et la sortie de Tsunemoto à la 80e, Bâle avait déjà cinq extra-européens sur la pelouse.
«Dans ces conditions, je ne pouvais pas me permettre d’en faire entrer un autre, explique Ludovic Magnin. Il aurait fallu sortir un joueur qui, à ce moment-là, était peut-être en pleine réussite.» Et l’entraîneur bâlois d’ajouter:
En 1999, l’entraîneur du FC Zurich avait payé cher une erreur administrative: huit étrangers inscrits sur la feuille de match contre Xamax, alors que sept seulement étaient autorisés. Résultat: une défaite par forfait et un passage obligé par la poule de relégation.
Dans les années 90, Otto Rehhagel (Kaiserslautern), Winfried Schäfer (Karlsruhe) ou Christoph Daum (Stuttgart) avaient connu la même mésaventure en alignant un étranger de trop. Un scénario que Ludovic Magnin entend à tout prix éviter, même s’il continuera à inscrire plus de cinq joueurs extra-européens sur sa feuille de match.
Bonne nouvelle pour Bâle: la règle ne s’applique pas aux barrages de C1 face à Copenhague (20 et 27 août), puisque l’UEFA se calque toujours sur la réglementation de l’équipe la mieux classée. En revanche, elle est bien en vigueur ce samedi lors du 1er tour de Coupe, face au FC Bienne. L’occasion, peut-être, d’offrir du temps de jeu à certains éléments laissés de côté en championnat par les contraintes de la SFL.
Reste que Magnin n’a pas l’intention de bouleverser son onze. Le FCB a axé toute sa préparation sur le futur «rythme anglais» et veut maintenir cette intensité: un match amical interne est d’ailleurs prévu le week-end sans compétition des 23/24 août. Pas question donc d’expérimentations hasardeuses dans le onze de départ.
En Super League, Ludovic Magnin n’est pas le seul à jongler avec la règle. Mitchell van der Gaag (FC Zurich) et Peter Zeidler (Lausanne) doivent composer avec six joueurs extra-européens dans leur effectif (contre huit pour Bâle). Les autres équipes, elles, n’en comptent pas plus de quatre et n’ont donc pas ce casse-tête à gérer – ni de joueur comme Gabriel Sigua, condamné à s’échauffer sans jamais pouvoir entrer.