A minuit au plus tard, les centrales d'Isar 2 (sud-est), Neckarwestheim (sud-ouest) et Emsland (nord-ouest) devaient être déconnectées du réseau électrique. Le gouvernement allemand leur avait accordé un sursis de quelques semaines, par rapport à l'arrêt initialement fixé au 31 décembre, mais sans remettre en cause la décision de tourner la page.
La première économie européenne va ainsi ouvrir un nouveau chapitre, après avoir été mise au défi de se sevrer des énergies fossiles, tout en gérant la crise gazière déclenchée par la guerre en Ukraine.
Ils inquiètent de larges pans de la population et ont cimenté le mouvement écologiste.
A la pointe de la lutte anti-nucléaire, le mouvement Greenpeace organise en milieu de journée au pied de la porte de Brandebourg à Berlin une célébration d'adieu. «Enfin, l'énergie nucléaire appartient à l'histoire! faisons de ce 15 avril une journée mémorable», proclame l'ONG.
«Energie nucléaire, merci», écrit au contraire samedi le quotidien conservateur FAZ, en soulignant les bénéfices qu'elle a selon lui apportés au pays.
La sortie du nucléaire vient de loin. Après une première décision de Berlin, au début des années 2000, d'abandonner progressivement l'atome, l'ex-chancelière Angela Merkel avait accéléré le processus après la catastrophe de Fukushima, en 2011.
L'invasion de l'Ukraine aurait pu tout remettre en question. Privée du gaz russe dont Moscou a interrompu l'essentiel des flux, l'Allemagne s'est retrouvée exposée aux scénarios les plus noirs, du risque d'arrêt de ses usines à celui d'être sans chauffage.
L'hiver s'est finalement passé sans pénurie, le gaz russe a été remplacé par d'autres fournisseurs, mais le consensus autour de la sortie du nucléaire s'est effrité: dans un récent sondage pour la chaîne publique ARD, 59% des personnes interrogées estiment qu'abandonner le nucléaire dans ce contexte n'est pas une bonne idée.
Les trois dernières centrales n'ont fourni que 6% de l'énergie produite dans le pays l'an dernier, alors que le nucléaire représentait 30,8% en 1997. Entre-temps, la part des renouvelables dans le «mix» de production a atteint 46% en 2022, contre moins de 25% dix ans plus tôt.
Mais en Allemagne, plus gros émetteur de CO2 de l'Union européenne, le charbon représente encore un tiers de la production électrique, avec une hausse de 8% l'an dernier pour compenser l'absence de gaz russe. (chl/ats)