Pas moins de 3000 policiers ont été mobilisés dans toute l'Allemagne, selon une porte-parole du parquet, pour procéder aux arrestations. Selon l'autorité suprême de justice, ces 25 «Reichsbürger» auraient planifié de renverser le gouvernement pour fonder leur propre Etat, sur le modèle de l'Empire allemand de 1871.
Selon la chaîne de télévision allemande ARD, les citoyens du Reich avaient tout programmé: de l'assaut du Bundestag aux coupures de courant, en passant par la destitution du gouvernement. Certaines personnes avaient même déjà été choisies pour occuper des postes ministériels, après la prise de pouvoir.
Au terme d'un coup de filet qui a mobilisé plus de 3000 membres des forces de l'ordre et considéré comme l'une des plus importantes opérations policières de ce type jamais réalisées en Allemagne, l'enquête vise au total 52 personnes.
Des personnes ont été arrêtées à travers toute l'Allemagne dans les milieux dits «reichsbürgers», ainsi qu'en Autriche et en Italie. Mercredi, le parquet fédéral a annoncé débuter les premiers interrogatoires.
Le personnage central derrière le groupe putschiste serait Heinrich XIII Prinz Reuss, un aristocrate allemand. Depuis quelques années, Reuss défend publiquement la théorie selon laquelle la République fédérale d'Allemagne n'est pas un État souverain et reste contrôlée par les Alliés.
Arrêté à Francfort, il possédait également un château près de Bad Lobenstein, dans le centre de l'Allemagne, qui a été perquisitionné.
Autre protagoniste, la Russe «Vitalia B.», identifiée par la presse allemande comme étant la compagne de Henri XIII, a, selon les procureurs, servi d'intermédiaire pour tenter de prendre contact avec les autorités russes en vue d'un éventuel soutien. Le Kremlin a pour sa part fermement démenti mercredi toute «ingérence russe» dans ce dossier.
Citons aussi parmi les interpellés la juge berlinoise et ancienne députée du parti d'extrême droite AfD, Birgit Malsack-Winkemann.
Une procédure a été engagée pour la démettre de ses fonctions de juge à Berlin. «Nous épuiserons tous les instruments pour que l'accusée soit complètement écartée de la magistrature», a déclaré mercredi la sénatrice de Berlin pour la Justice, Lena Kreck, après l'arrestation, qui a toutefois averti qu'il fallait «attendre les résultats de l'enquête».
Citons également l'ancien lieutenant-colonel de la Bundeswehr, Rüdiger von Pescatore, qui aurait dirigé le «bras armé» du groupe. Commandant entre 1993 à 1996 d'un bataillon de parachutistes, Von Pescatore avait été renvoyé de la Bundeswehr pour avoir vendu des armes provenant des stocks de l'armée de la RDA.
D'autres militaires sont impliqués dans le complot, dont un qui a encore des fonctions, membre du KSK, a précisé un porte-parole du ministère de la Défense, Arne Collatz. La branche militaire de la cellule criminelle était chargée d'acheter des armes et d'organiser des entraînements.
Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, s'est dit «profondément inquiet» face à ce complot, estimant qu'un «nouveau niveau» avait été atteint.
Les autorités allemandes ont classé ces dernières années la violence d'extrême droite au premier rang des menaces à l'ordre public, avant le risque jihadiste. Au printemps, elles avaient démantelé un autre groupuscule d'extrême droite, soupçonné d'avoir projeté des attentats et l'enlèvement du ministre de la Santé, à l'origine des mesures de restriction anti-Covid.