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Pourquoi la mort de centaines de lions de mer au Pérou inquiète

epa10469442 A handout photo made available by Peru's National Forestry and Wildlife Service (Serfor) showing experts examining a dead sea lion on a beach in Peru, 15 February 2023. The decision o ...
Des experts de l'Agence péruvienne de l'environnement examinant une otarie morte sur la côte du pays.image: keystone

Pourquoi la mort de centaines de lions de mer au Pérou inquiète

Au Pérou, plus de 600 lions de mer ont été retrouvés morts sur la côte après avoir été infectés par la grippe aviaire. Les scientifiques craignent désormais que le virus ait appris à se transmettre de mammifère à mammifère, ce qui pourrait également être dangereux pour l'humain.
20.02.2023, 06:0920.02.2023, 06:58
Nico Conzett
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Ce qui s'est passé

La grippe aviaire fait actuellement des ravages dans une grande partie du monde et décime parfois littéralement les populations d'oiseaux, comme au Pérou. Dans les zones protégées de ce pays d'Amérique du Sud, plus de 55 000 oiseaux ont été retrouvés morts, dont des pélicans, des pingouins et des fous.

Alors que l'on sait que le virus peut causer des dommages dévastateurs aux populations d'oiseaux, c'est autre chose qui préoccupe actuellement les experts. En effet, en plus des milliers d'oiseaux, au moins 634 lions de mer morts se sont échoués sur la côte péruvienne.

Une équipe de chercheurs péruviens et argentins vient de confirmer que la mort de ces animaux est due à la grippe aviaire, comme le rapporte le journal espagnol El País. Les lions de mer sont des mammifères et ne font donc pas partie du véritable «groupe cible» du virus de la grippe aviaire.

Pourquoi l'évolution est inquiétante

C'est précisément cela qui inquiète les scientifiques. En soi, le fait que les mammifères puissent contracter la grippe aviaire n'est pas nouveau. Dans le passé, des infections ont été détectées chez des animaux sauvages comme les ours, les renards ou les fouines. Mais la différence est que ces derniers avaient contracté le virus en mangeant des oiseaux infectés ou en entrant en contact avec les fientes de ces derniers.

Le cas actuel des lions de mer péruviens est différent. Des groupes importants d'animaux morts ont été retrouvés, dont les cadavres flottaient ensemble dans l'eau. Le biologiste argentin Sergio Lambertucci remet donc en question le fait que tous ces animaux aient été infectés individuellement:

«Il n'est pas impossible que certains d'entre eux aient mangé des oiseaux infectés, mais tous?»
Sergio Lambertucci, cité par «El País»

Thijs Kuiken, expert néerlandais en maladies animales émergentes, estime lui aussi qu'il est probable qu'une transmission directe ait eu lieu entre les otaries.

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Image: sda

Ces dernières semaines, de nombreux rapports indiquent que de plus en plus de mammifères sont touchés par une infection du virus des oiseaux. Le cas d'un élevage de visons espagnol a particulièrement fait parler: c'est à cette occasion que l'on a soupçonné pour la première fois que le virus de la grippe aviaire avait pu évoluer.

La différence avec le cas actuel des lions de mer au Pérou est toutefois que les infections se sont cette fois-ci produites dans la nature, où les conditions de transmission d'un virus sont nettement moins favorables que chez les visons élevés en masse.

Le danger pour les humains

Barbara Wieland, directrice de l'Institut suisse d'immunologie et de virologie, a récemment déclaré à la SRF que le risque d'infection par la grippe aviaire était faible pour les humains. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a également déclaré dans une évaluation des risques en janvier que le virus n'était en principe pas en mesure de se transmettre durablement entre les hommes.

Mais s'il s'avère que l'agent pathogène a effectivement évolué et que les infections des lions de mer d'Amérique du Sud se sont produites d'un animal à un autre, cela deviendra inquiétant. Thijs Kuiken déclare à El País: «C'est le deuxième épisode de mortalité massive qui indique que le virus s'est adapté à une transmission de mammifère à mammifère.»

«Si cela a pu arriver aux visons et aux lions de mer, pourquoi pas aux humains?»
Thijs Kuiken, expert en maladies animales

Un autre exemple pourrait également étayer la théorie de la transmission directe. En décembre, l'université du Daghestan (Russie) a annoncé que plus de 700 phoques morts avaient été retrouvés dans la mer Caspienne. Là aussi, des infections à la grippe aviaire ont été détectées et, en raison du grand nombre d'animaux, une transmission directe entre les phoques semble également plausible. Cette hypothèse n'a toutefois pas encore été confirmée.

South American Sea lions relaxing on rocks of Ballestas Islands in Paracas National park,Peru. Flora and fauna
Des lions de mer sur la côte péruvienne.image: http://www.imago-images.de/

Au Pérou, les autorités tentent actuellement de tenir les gens à l'écart des animaux morts afin d'éviter que la possible nouvelle souche virale ne s'établisse dans le corps humain. Toutefois, plusieurs scientifiques critiquent la réaction des autorités, qu'ils jugent trop timide, et craignent que tôt ou tard, des personnes entrent en contact avec le virus.

Le biologiste Sergio Lambertucci déclare: «En raison de la situation inquiétante, nous voulions tirer la sonnette d'alarme le plus rapidement possible. Il s'agit du premier cas de mortalité massive chez des mammifères sauvages en Amérique du Sud et il pourrait s'agir du premier événement de transmission intraspécifique chez des mammifères sauvages dans le monde.» Les chercheurs veulent maintenant vérifier l'hypothèse de la transmission directe d'animal à animal par des tests génétiques.

Une otarie s’invite dans un hôtel et chourave le transat d'un client
Video: watson
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