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Le Twitter d'Elon Musk est-il proche du crash?

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shutterstock / montage watson
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Cadres en fuite, stars piégées, amendes salées: Musk tue-t-il Twitter?

Elon Musk l'a dit lui-même: «Il y aura encore beaucoup de choses stupides sur Twitter». Doja Cat, George W. Bush ou Britney Spears en ont déjà fait les frais. Alors que le grand souk des comptes certifiés torture les utilisateurs, jeudi, plusieurs hauts responsables ont claqué la porte et le nouveau patron a brandi la menace d'une faillite. Sans compter que la société risque des milliards de dollars d'amende. La fin des haricots? Analyse des dernières 24 heures.
11.11.2022, 06:1412.11.2022, 17:26
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In twitto veritas. 🐦 Si l'on devait résumer la stratégie actuelle d'Elon Musk, et comme le dit l'insupportable adage numérique, rien ne vaut l'expérience utilisateur. Celui qui s'est nommé «Twitter Complaint Hotline Operator» a au moins le mérite d'afficher du cœur à l'ouvrage: pas une minute ne s'écoule sans que Mister Tesla sonde son nouveau vivier d'internautes.

A en croire les milliers de ronchons, tout ça paraît à la fois simple, effrayant et agaçant: les révolutions que le nouveau patron a promises ne se décident pas dans un laboratoire secret infesté de programmeurs sataniques. Toutes les nouveautés se testent, en direct, sous nos yeux et surtout... grâce à nos yeux. Les personnalités se plaignent, les journalistes accusent et de rares soldats convaincus proposent des améliorations que le patron n'ignore jamais: «Bonne idée!», «Pourquoi pas!»

Une véritable télé-réalité en open source qui réunit sans surprise grognes, pleurs et couacs. En quelques jours, Twitter est devenu le confessionnal d'une communauté chahutée par un gourou bavard qui... ne cache pas son (manque de) plan de vol.

«Veuillez noter que Twitter fera beaucoup de choses stupides dans les mois à venir. Nous garderons ce qui fonctionne et changerons ce qui ne fonctionne pas»
Elon Musk, dans un tweet publié le 9 novembre.

La foire aux comptes certifiés

Cette petite coche bleue, c'est le gros morceau du Twitter du futur, que peu d'utilisateurs sont actuellement capables d'avaler sans tousser.

Jusqu'à mardi dernier, cette fameuse certification attisait encore toutes les convoitises et permettait aux stars, aux politiques ou aux journalistes de prouver qu'ils étaient bien ceux qu'ils prétendent être. Ce qui représentait 423 000 comptes répartis sur le globe, soit 0,2% des utilisateurs. Elon Musk avait très vite annoncé vouloir en finir avec ce système qu'il juge injuste pour nous, les «vassaux» face à eux, les «grands seigneurs».

«Libérer le petit oiseau», qu'il disait.

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Et tout va très vite. Cette nouvelle petite coche est déjà (plus ou moins) accessible aux Etats‑Unis, au Canada, en Australie et en Nouvelle‑Zélande, moyennement un abonnement de 8 dollars par mois. Autrement dit, Twitter devient officieusement payant, pour peu qu'on soit prompt à offrir une large audience à nos publications. Car l'algorithme a déjà promis les limbes de l'enfer à ceux qui ne sortiront pas le porte-monnaie. Cette (r)évolution un poil bordélique porte un nom: Twitter Blue.

Objectif affiché? Pacifier les échanges, rassurer les annonceurs et faire de cette (nouvelle) certification l'arme fatale contre les robots malveillants et les usurpateurs d'identité. Pour l'heure, le bilan est pour le moins mitigé. N'est-ce pas George W. Bush?

«Tuer des Irakiens me manque»
Un faux compte de l'ancien président des Etats-Unis.
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Depuis 24 heures, les faux comptes pleuvent et ce n'est pas sans conséquence. En vrac, LeBon James a annoncé vouloir quitter les Lakers, un compte labellisé Nintendo a publié un Super Mario qui brandit un doigt d'honneur et quand un chenapan se fait passer pour un membre du groupe BTS, la vraie Britney Spears s'y abonne sans broncher.

Plus cocasse encore, les péripéties de la chanteuse Doja Cat qui, en voulant provoquer Elon Musk et ses nouvelles directives, se retrouve désormais prisonnière d'un nom de profil qu'elle n'a plus le droit de modifier.

Dites bonjour à... «Christmas».

Pas contente, la mère Noël:

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Plus grave, cette démocratisation du Graal a aussi permis à Kyle Rittenthouse, accusé (puis acquitté) du meurtre de deux manifestants en marge de manifestations antiracistes aux Etats-Unis, de se certifier lui-même.

De son côté, Twitter ne se laisse pas démonter et promet une sérieuse chasse aux faux comptes. Mais la plupart des petits malins cités plus haut ont tout de même eu le temps d'engranger plusieurs milliers de likes et de partages avant d'être définitivement supprimés du réseau social.

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Faillite et amendes salées pour le Twitter de Musk?

Depuis la grande purge opérée par Musk, plus de la moitié du personnel a dû faire ses cartons. Même si, depuis, il semblerait que la société rappelle certains employés, les spécialistes sont de plus en plus nombreux à tirer la sonnette d'alarme. Selon eux, l'architecture de Twitter se fissure peu à peu sous les assauts d'Elon et les petits bugs visibles se multiplient de manière «alarmante». Parmi ces couacs, des tweets qui ne s'affichent plus, des abonnés ou des fonctionnalités qui disparaissent avant de réapparaître.

Et la raison avancée est la suivante: trop d'ingénieurs garants de la solidité du site ont été licenciés en même temps. «Les défaillances catastrophiques sont plus spectaculaires, mais le plus grand risque est que les petites choses commencent à se dégrader», explique Ben Krueger, spécialiste en ingénierie de fiabilité internet, à MIT technology review.

Des milliards de dollars d'amende?

Des craintes d'un autre genre sont sorties de la bouche de l'un des avocats de la société jeudi matin. Selon The verge, le responsable de la confidentialité, celui de la sécurité de l'information et la cheffe de la conformité ont tous démissionné dans la matinée. En cause, la légèreté avec laquelle Elon Musk traiterait les obligations juridiques de Twitter et notamment avec la très puissante Commission fédérale du commerce (FTC).

Dans une note interne, le patron aurait brandi la menace que...

«La faillite est une possibilité si tous les cadres s'en vont»
Une source proche du patron de Twitter

Mardi, Elon Musk a organisé une conférence en direct sur Twitter, pour répondre aux inquiétudes des annonceurs. Le chef de la division «confiance et sécurité», Yoel Roth, était présent, selon Bloomberg. Dans la nuit de jeudi à vendredi, il aurait également quitté l'entreprise.

«Elon Musk risque de faire peser sur l'entreprise des amendes de plusieurs milliards», a déclaré l'un des avocats à The verge, en évoquant la mise en route de la certification Twitter Blue sans l'aval préalable de la FTC. «Nous suivons les développements récents sur Twitter avec une profonde inquiétude. Aucun PDG ou entreprise n'est au-dessus de la loi», a déclaré pour sa part, jeudi soir, la très puissante commission.

La réponse bourrée d'ironie de l'avocat personnel de Musk:

«Vous savez, Elon envoie des fusées dans l'espace, il n'a pas peur de la FTC»
Alex Spiro, l'avocat personnel d'Elon Musk

Un effet Musk?

Pour le tout frais PDG, au contraire, cette transition est d'abord l'occasion de tester, en temps réel, ses plus grands rêves. Et il semble plutôt sincère dans cette démarche. Quitte à fragiliser la plateforme, à mettre son équipe (réduite) sous pression, à fâcher la FTC et à dérouter les plus fidèles.

Surprise, enfin: cette médiatisation soudaine de Twitter et de ce grand souk aux nouvelles fonctionnalités affole les audiences et attire de nouveaux curieux: la croissance d’utilisateurs actifs quotidiennement a bondi de plus de 20%. Des résultats que Musk s'est empressé d'utiliser, mardi soir, pour rassurer les grands annonceurs, dont certains menacent de quitter l'aventure.

Reste désormais à savoir si la plateforme, les employés, le service juridique et les nerfs des utilisateurs tiendront bon jusqu'à la fin des essais à tâtons du patron.

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