Le rejet dans l'océan Pacifique de l'eau de la centrale nucléaire de Fukushima doit commencer ce jeudi, a déclaré le premier ministre japonais. Cela a déclenché des restrictions à Hong Kong sur les produits de la mer nippons et la condamnation de la Chine. Ce processus a été validé début juillet par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et Tokyo assure qu'il sera sans danger pour l'environnement et la santé humaine. Mais l'opération, qui doit durer des décennies, suscite aussi de vives inquiétudes et critiques, notamment de la Chine.
Cela fait maintenant plus de douze ans que la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon a eu lieu: un séisme sous-marin au large des côtes de la région de Tōhoku a provoqué un tsunami qui a détruit de nombreux villages et villes et coûté la vie à plus de 18 500 personnes. Les dégâts causés par le tsunami ont nécessité l'évacuation de près de 470 000 habitants.
Le tsunami n'a pas seulement endommagé des villages et des villes, mais aussi la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Quatre des six réacteurs ont été détruits et trois d'entre eux sont entrés en fusion. Les émissions radioactives ont contraint jusqu'à 150 000 personnes à quitter temporairement ou définitivement leur domicile.
Douze ans après la catastrophe, le gouvernement japonais veut rejeter l'eau de refroidissement dans la mer. Cela semble inquiétant au premier abord, mais y a-t-il vraiment lieu de s'inquiéter? watson a rassemblé les principales questions et réponses.
Dès jeudi, l'eau radioactive traitée de la centrale nucléaire de Fukushima devrait être rejetée dans l'océan Pacifique. Le chef du gouvernement Fumio Kishida a pris la décision avec les ministres de son cabinet.
Le rejet de l'eau commence donc avant la saison de pêche, en septembre. L'autorité de sûreté nucléaire japonaise avait donné son autorisation à l'exploitant de la centrale Tokyo Electric Power en juillet. L'Agence internationale de l'énergie atomique a également donné son accord en juillet pour le déversement de l'eau de refroidissement dans la mer.
Les barres de combustible fondues dans les réacteurs détruits en 2011 à la suite du tsunami doivent continuer à être refroidies par de l'eau. Celle-ci est stockée dans des réservoirs. Entre-temps, plus de 1,3 million de tonnes se sont accumulées et, selon l'exploitant Tepco, il n'y a tout simplement plus de place pour les stocker. Un tunnel d'un kilomètre de long doit désormais permettre d'évacuer l'eau vers la mer. Cette opération devrait s'étaler sur une trentaine d'années.
Avant d'être rejetée dans l'océan Pacifique, l'eau de refroidissement est nettoyée et filtrée. Le système utilisé par Tepco permet de filtrer presque tous les radionucléides. Seuls le carbone 14 et l'isotope radioactif tritium subsistent. C'est pourquoi Tepco veut également diluer l'eau de refroidissement avant qu'elle ne soit rejetée dans le Pacifique. La concentration de tritium devrait ainsi être réduite à environ 1500 becquerels par litre. Cela correspond à moins d'un quarantième de la norme de sécurité nationale.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a déjà donné son autorisation depuis longtemps et considère que le rejet de l'eau ne pose pas de problème. Le rejet de l'eau est conforme aux normes de sécurité internationales, a déclaré Rafael Mariano Grossi, le directeur de l'Agence pour l'énergie atomique. Et de poursuivre:
Les spécialistes soulignent en outre que d'autres centrales nucléaires éliminent leur eau de refroidissement de la même manière depuis des décennies.
Pourtant, les pêcheurs locaux ne sont pas les seuls à s'opposer fermement à la démarche de leur gouvernement. Outre les éventuels dommages écologiques, ils craignent également des atteintes à leur réputation et des pertes de chiffre d'affaires. D'autres pays s'opposent également au projet. Hong Kong a menacé d'interdire l'importation de produits de la pêche japonais si l'eau de refroidissement était rejetée dans la mer.
La Chine a également annoncé qu'elle allait renforcer les contrôles des importations de produits alimentaires japonais dans le pays. En Corée du Sud, de nombreuses personnes ont déjà protesté contre le rejet de l'eau de refroidissement et ont souligné les éventuels dommages environnementaux.
Traduit et adapté par Noëline Flippe