Une semaine après la fusillade dans une école primaire d'Uvalde, qui a bouleversé l'Amérique, la petite ville texane encore traumatisée a enterré mardi les premières victimes. Il s'agit de l'une des pires tueries de ces dernières années dans le pays.
L'une des premières cérémonies a été celle d'Amerie Jo Garza, une petite fille au grand sourire qui venait de fêter son dixième anniversaire quand elle a été tuée.
Le cercueil argenté de la fillette a été porté à l'intérieur de l'église Sacred Heart par six hommes portant des chemises avec des oeillets rouges. Les participants à la cérémonie s'étaient massés à l'extérieur du bâtiment, encadrés par une importante présence policière.
Les funérailles d'une autre victime, Maite Rodriguez, 10 ans, devaient se dérouler un peu plus tard. La fillette, qui voulait devenir biologiste marine, était «gentille, charismatique, aimante», a écrit sa mère sur Facebook jeudi:
La douleur des proches endeuillés se mêlait à la colère face au délai d'intervention de la police, jugé trop long. Il avait fallu attendre environ une heure pour que les forces de l'ordre interviennent dans la classe où s'était retranché le tireur. Les 19 agents sur place attendaient l'assaut d'une unité spécialisée.
Ce drame, comme ceux qui l'ont précédé, a aussi réveillé les appels à un encadrement plus strict de l'accès aux armes, dans ce pays qui compte plus de pistolets et fusils que d'habitants et connaît régulièrement des fusillades meurtrières. Le président américain Joe Biden a pu les entendre, en se rendant à Uvalde dimanche, des voix scandant: «Faites quelque chose!», alors qu'il passait.
Le démocrate «doit faire passer des lois pour que nous puissions protéger les enfants des AR-15», l'arme semi-automatique utilisée à l'école Robb, réclamait ainsi un homme de 73 ans.
Un homme de 47 ans, qui travaillait à l'hôpital d'Uvalde le jour du drame, racontait ne pas réussir à «ôter de [sa] tête le hurlement des mamans à qui l'on annonçait la mauvaise nouvelle». «Il faut arrêter de vendre des armes, point final», plaidait-il.
Lundi, Joe Biden a promis de «continuer à pousser» pour une régulation plus stricte des armes à feu:
«Je crois que les choses sont devenues tellement graves que cela rend tout le monde plus rationnel sur ce sujet», a espéré le président démocrate. Il s'exprimait après un week-end à nouveau marqué par une série de fusillades, ayant fait plusieurs morts et des dizaines de blessés, drames devenus monnaie courante aux Etats-Unis.
Mais passer des mots aux actes sera difficile: l'étroite majorité de son parti au congrès ne lui permet pas d'adopter seul une telle législation. Mardi, le président a «promis» qu'il irait à la rencontre des élus républicains à ce sujet. Tout texte nécessitera un compromis avec ces conservateurs, afin d'atteindre la majorité qualifiée nécessaire. (ats/jch)