Selon les données du ministère ukrainien de la Défense, ses hommes ont détruit 230 canons d'artillerie russes au cours de la dernière semaine. Il s'agit du chiffre le plus élevé depuis le début de la guerre. Le précédent record était de 229 canons et avait été établi deux semaines plus tôt.
Au total, les envahisseurs ont perdu 651 canons au cours des trois dernières semaines, soit une moyenne de plus de 30 par jour. Comme depuis le début du conflit, la Russie n'a pas confirmé ces chiffres.
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On ne soulignera jamais assez l'importance de ces revers. Car ces armes sont primordiales pour la défense des territoires occupés. Selon Dan Rice, un ancien conseiller du général ukrainien Valeri Zaloujny, l'artillerie est responsable de 80% des pertes des deux côtés:
Les combats les plus intenses se déroulent actuellement autour du village de Verbove, sur le front sud. D'après différentes sources, les troupes ukrainiennes tentent de pénétrer dans la pointe nord-ouest du village. Malgré de lourdes pertes, l'Ukraine progresse pas à pas. Des vidéos tournées dans la région environnante montrent des combats de tranchées acharnés qui rappellent les images sombres de la Première Guerre mondiale.
Malgré la forte pression exercée par l'Ukraine, les unités russes de Robotyne tentent régulièrement de lancer des contre-offensives. Une tactique qui, selon le dernier rapport de l'Institut d'études de la guerre (ISW), fait froncer les sourcils des experts militaires ukrainiens et russes. En effet, les troupes aguerries au combat utilisées à cet effet sont généralement anéanties sans avoir eu d'effet au préalable.
D'après les experts, un retrait accompagné d'une réorganisation serait plus judicieux à ce stade. Selon l'observateur militaire ukrainien Konstiantin Mashovets, le sacrifice consenti d'unités d'élite n'aurait de sens que si la Russie jouait la montre, en cherchant à gagner du temps pour s'organiser en vue d'une grande riposte ou pour construire de nouvelles lignes de défense.
Les spéculations de l'ISW vont encore plus loin: Moscou aurait ordonné de tenir les positions à tout prix. L'objectif serait de pouvoir présenter sa propre campagne comme un succès – et la campagne ukrainienne comme un échec. Ce récit vise à saper le soutien occidental à l'Ukraine. L'origine de cette stratégie est controversée. L'ISW spécule qu'elle pourrait même être une conséquence de la microgestion de Poutine.
D'après une autre théorie, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou aurait reçu de Poutine un délai d'un mois pour stopper l'offensive ukrainienne. Choïgou tenterait alors coûte que coûte d'obtenir le «lucky punch» en lançant des contre-attaques.
Les unités concernées ne se réjouissent guère de cette avancée coûteuse et infructueuse. L'ISW cite un blogueur militaire russe qui décrit avec une certaine panique la situation autour de Verbove et le mauvais moral des unités russes. Le centre d'analyse américain flaire là une exagération tactique – pour donner à Mikhaïl Teplinski une plus grande marge de manœuvre.
Mikhaïl Teplinski, adjoint de Valeri Guerassimov, a pris le commandement suprême de la guerre en Ukraine. Il est très apprécié des ultra-nationalistes et des membres de l'armée. Même le défunt chef de Wagner, Prigojine, s'est toujours montré élogieux à son égard. Comme Prigojine autrefois, Teplinski ne mâche pas ses mots et critique parfois sévèrement ses supérieurs au Kremlin. Il est donc une épine dans le pied du ministre de la Défense Sergueï Choïgou. La bataille se poursuit également sur le terrain politique.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)