Vendredi 19 juillet, 22h29, voie 1 de la gare de Montreux. L’ambiance est électrique sur le quai, entre les festivaliers euphoriques rentrant de leur soirée au Montreux Jazz Festival, les vacanciers venus d'Italie en transit et les habitués du coin qui s’apprêtent à rentrer chez eux. Le train de 22h29 depuis Domodossola pour Genève via Lausanne est annoncé. Les portes s’ouvrent.
Tout le monde monte, ou essaie. Les compartiments se remplissent à vue d’œil, les couloirs se bouchent, les valises se coincent, les sacs débordent. A l’intérieur, les passagers s’organisent comme ils peuvent. Le train est bondé. Et pourtant, il ne bouge pas.
Une minute passe. Puis deux. Puis cinq. A bord, l’étonnement grandit. Quelques soupirs s’échappent. On vérifie les horaires sur son téléphone. Toujours pas de départ. C’est alors qu’une voix résonne dans les haut-parleurs des wagons:
Des regards de surprise sont échangés. Il faut dire que l’annonce est inhabituelle, surtout dans un pays où les trajets debout sont monnaie courante aux heures de pointe. On croit à une erreur. Mais quelques instants plus tard, le message est répété.
Face à cette drôle de situation, nous avons contacté les CFF. Jean-Philippe Schmidt, porte-parole de l’entreprise, confirme d’emblée que l’incident est exceptionnel: «Ce genre d’événement est très rare.» La raison, selon lui, tient au type de train concerné: «Le train de 22h29 est un EuroCity, un train international reliant la Suisse à l’Italie.»
En clair, ce n’est pas un Regio, un InterRegio ni un InterCity classique. Or vendredi soir, un nombre exceptionnel de personnes, festivaliers, voyageurs occasionnels, passagers en transit, ont voulu monter à bord de ce train-là. D’où la décision de faire descendre ceux qui n’avaient pas de place assise, le train étant considéré comme «surchargé».
La question que l’on se pose alors: les CFF avaient-ils anticipé l’énorme vague de passagers provoquée par le festival se déroulant chaque été sur les quais de Montreux? La réponse est oui, affirme leur porte-parole:
Mais, nuance importante: «Bien que le train EuroCity ne soit pas conçu pour transporter davantage de passagers en raison de sa configuration, les trains suivants, notamment celui de 22h38 et ceux circulant plus tard dans la soirée, étaient, eux, prévus pour absorber l’affluence. Ils sont adaptés au transport de nombreux voyageurs, y compris debout.»
En d’autres termes, le renforcement de l’offre était bel et bien en place, mais pas sur ce train international spécifique. La seule solution, c’était donc de faire descendre des passagers.
L’épisode aura duré un petit quart d’heure, le temps que certains voyageurs redescendent, souvent résignés, parfois agacés par cet ultimatum. Finalement, le train a pu quitter la gare avec un léger retard, dans le calme.
Les passagers descendus, eux, ont dû patienter pour le train de 22h38, lui aussi en retard, à cause du retard de celui circulant entre l’Italie et la Suisse.