«Terminator» est né en 1998 et porte tous les espoirs d'une nation. Comme Kylian Mbappé. Ici s'arrêtent les comparaisons, même si Vladimir Poutine abandonnerait volontiers quelques maîtresses et deux ou trois généraux s'il avait l'assurance que son engin de 47 tonnes pouvait se montrer aussi efficace sur la ligne d'attaque que le chouchou d'Emmanuel Macron. Présenté comme la botte secrète du Kremlin, ce gros char au blindage réactif est d'abord une bestiole qui permettrait à l'armée russe de ne pas trébucher définitivement sur la résistance ukrainienne.
Une petite mise au point stratégique: la région de Severodonetsk est considérée comme l'une des priorités immédiates de Moscou et la Russie se refait une (petite) santé dans le Donbass actuellement. Peu étonnant que le BMPT «Terminator» ait été aperçu dans les parages pour la première fois.
BMPT "Terminator-2" spotted near Severodonetsk. These tank support vehicles are designed to protect tanks against enemy infantry, basically replacing motorized infantry in urban & other battlefields that are usually dangerous for tanks. pic.twitter.com/EBYQITiwsL
— Russians With Attitude (@RWApodcast) May 15, 2022
On raconte même que Vladimir Poutine le gardait jalousement. Un peu comme cet avant-centre tout frais, chargé de la mettre au fond des filets dans les dernières secondes de jeu. Voir «Terminator» débouler dans les seize mètres ukrainiens, après trois mois d'un match ininterrompu, offre aux supporters du Kremlin les plus optimistes une raison d'espérer.
Après le missile nucléaire «Satan-2», c'est donc «Terminator» qui pendouille au ceinturon de Poutine. Il s'agit, ici, d'apaiser quelques frustrations militaires. Et c'est de notoriété publique: on gagne toujours quelques centimètres d'assurance en baptisant férocement sa Lamborghini jaune pisse avant de la promener sur les quais d’Ouchy. Et pour qu'on comprenne bien pourquoi «Terminator» est un atout pour les soldats du maître, le site Korii parle sobrement d'un engin «anti-tout». Une économie de superlatifs qui permet déjà de saisir l'enjeu derrière son déploiement.
Mais le BMPT est surtout un garde du corps de luxe pour tous les autres chars. Vous savez, ces blindés russes célèbres pour avoir principalement été soigneusement défoncés un par un par les troupes ukrainiennes. Un char qui protège des chars? Yes, sir!
Particulièrement à l'aise sur le bitume, le jouet coûte deux millions de dollars pièce (c'est toujours moins que Kylian). Sur son CV, on peut découvrir qu'il a officiellement commencé à saloper ses chenilles en Syrie, puis en Afghanistan et, une fois lancé, il est même un poil plus rapide que le numéro 7 du PSG (65 km/h). Mais c'est d'abord sa coquille de compétition qui lui permet de frimer sur la ligne de front. Un blindage à lamelles, dans lequel on trouve aussi du kevlar, souvent synonyme de qualité. (Même quand on parle d'un bête équipement de randonnée.)
Contrairement à ses acolytes, les T-72, ridiculement tombés au combat, «Terminator» ne craint pas les missiles et les drones tueurs de chars. (Vous saviez que depuis le début de la guerre, Poutine avait perdu 697 blindés? C'est le blog Oryx qui décortique en direct la débâcle militaire russe.)
Sur sa carrosserie galbée, quatre lance-missiles thermobariques, des canons de 30mm, mais aussi un double lance-grenades et une belle mitrailleuse. Conçu par l'industriel imprononçable (mais respecté) Uralvagonzavod, le bazar est idéal pour la «guerre urbaine de haute intensité». De quoi décimer plus facilement des pions d'infanterie, selon de nombreux experts. Voilà pour la fiche technique, niveau débutant.
Latest Defence Intelligence update on the situation in Ukraine - 22 May 2022
— Ministry of Defence 🇬🇧 (@DefenceHQ) May 22, 2022
Find out more about the UK government's response: https://t.co/GGC8C7MQ1u
🇺🇦 #StandWithUkraine 🇺🇦 pic.twitter.com/Ntuj5gasql
Une immense inconnue demeure, pourtant. Si «Terminator» cache tant de ressources pour revigorer la virilité de l'armée russe, pourquoi l'avoir convoqué si tard? La réponse se trouvera peut-être dans le Donbass ces prochains jours. En attendant, le ministère britannique de la Défense ricane doucement. «Dix tanks BMPT»? A peine de quoi consoler le moral des troupes. On est donc encore bien loin du Jugement dernier.