Au vu des succès de l'armée ukrainienne contre l'occupant russe, la pression sur le chancelier allemand Olaf Scholz augmente pour qu'il mette également à la disposition de l'Ukraine des chars de combat et des véhicules de combat d'infanterie modernes comme le Leopard 2 ou le Marder. Des experts militaires comme Gustav Gressel estiment que ces chars sont indispensables à la reconquête ukrainienne.
La CDU/CSU (Union chrétienne-démocrate), qui se trouve dans l'opposition, veut faire céder le chancelier par l'intermédiaire du Bundestag. En effet, il est prévu que le Parlement examine, jeudi, une proposition correspondante visant à «étendre l'aide à l'armement» pour l'Ukraine. Cette proposition contient la demande de livraison de chars de combat et de véhicules blindés de combat d'infanterie allemands modernes.
Mais Olaf Scholz ne veut toujours pas entendre parler de chars de combat allemands contrôlés par Kiev contre la Russie. «Nous ne ferons pas cavalier seul dans tout ce que nous entreprendrons», a déclaré l'élu de 64 ans dans une interview, rejetant la demande selon laquelle l'Allemagne serait le seul pays occidental à livrer à l'Ukraine des chars de combat ou des véhicules de combat d'infanterie de sa propre production.
En effet, le Royaume-Uni, la France ou les Etats-Unis ont jusqu'à présent également hésité à faire ce pas. Comme au printemps, Scholz a évoqué le risque de guerre nucléaire:
Le prétendu «référendum» prévu dès la fin de cette semaine dans les «Républiques populaires» autoproclamées de Donetsk et de Louhansk ainsi que dans la région occupée de Kherson sur le rattachement des territoires ukrainiens à la Russie ne devrait pas faire changer Olaf Scholz de position sur la question des chars, bien au contraire.
Le résultat du pseudo-référendum est déjà quasiment acquis à l'avance, les territoires feront partie de la Fédération de Russie selon la lecture de Moscou.
Depuis le début de l'invasion russe, le chancelier a lutté pour que l'Ukraine reçoive de l'artillerie lourde pour sa lutte défensive. Désormais, des chars de combat de fabrication allemande et provenant des dépôts de l'armée allemande, la Bundeswehr, adaptés à une guerre d'agression, pourraient aider à repousser l'armée russe, et ce, même dans des régions qui devraient être déclarées partie intégrante de la Russie dans les prochains jours. Et c'est sans doute là que le problème réside.
Si les Ukrainiens attaquent leurs envahisseurs russes dans les «Républiques populaires» autoproclamées, les dirigeants de Moscou interpréteront cela comme une attaque sur le territoire russe. «Si l'Ukraine avançait avec des chars allemands provenant des stocks de la Bundeswehr, les chars allemands se battraient pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale sur un territoire que Moscou considère comme son propre territoire», indique Gero Neugebauer, membre du SPD et politologue, en faisant référence à un récit que Moscou utiliserait dans un tel cas.
Aux yeux de Scholz, un tel scénario représente probablement la rupture de tabou qui pourrait inciter Poutine à une escalade dans la guerre. L'inquiétude présumée de Scholz: Poutine pourrait non seulement recourir aux armes nucléaires, mais aussi vendre plus facilement une mobilisation générale à sa population. Gero Neugebauer:
Il n'est, toutefois, pas exclu que l'Ukraine reçoive des chars de combat de fabrication allemande. Avec la Bundeswehr, 13 armées européennes utilisent le Leopard 2, dont la Suisse. L'expert militaire Gustav Gressel demande une initiative européenne pour la livraison coordonnée de ce type de chars. Ainsi, les chars Leopard 2 ne seraient pas les seuls de l'armée allemande à combattre la Russie. L'argument de Scholz «faire cavalier seul» serait ainsi invalidé. (aargauerzeitung.ch/adapté par jah)