International
Art

Berlinale 2024 : l’Ours d’or va au documentaire «Dahomey» de Mati Diop

L'Ours d'or de la Berlinale va au documentaire «Dahomey» de Mati Diop

La Berlinale a sacré samedi une réalisatrice franco-sénégalaise, Mati Diop, pour son documentaire «Dahomey» qui porte sur la question de la restitution par les anciennes puissances coloniales d'oeuvres d'art volées en Afrique.
24.02.2024, 22:5525.02.2024, 10:07
Illustration de Mati Diop à la Berlinale.
Illustration de Mati Diop à la Berlinale.Keystone

La Berlinale a sacré samedi une réalisatrice franco-sénégalaise de 41 ans, Mati Diop, pour son documentaire «Dahomey». Ce film porte sur la question brûlante de la restitution par les anciennes puissances coloniales d'oeuvres d'art volées en Afrique.

En récompensant un film qui aborde frontalement la question post-coloniale, le jury présidé par l'actrice mexicano-kényane Lupita Nyong'o, première personnalité noire à occuper ce poste prestigieux, est resté fidèle à la tradition politique de ce festival. Mati Diop a déclaré, en recevant son prix, après avoir cité l'intellectuel martiniquais Aimé Césaire :

«Nous pouvons soit oublier le passé, une charge désagréable qui nous empêche d'évoluer, ou nous pouvons en prendre la responsabilité, l'utiliser pour avancer.»

La coproduction italo-helvétique «Gloria!» de la jeune actrice et chanteuse italienne Margherita Vicario, également en lice pour la prestigieuse distinction, n'a pas été primé.

«Refuser d'oublier»

«En tant que Franco-Sénégalaise, cinéaste afrodescendante, j'ai choisi d'être de ceux qui refusent d'oublier, qui refusent l'amnésie comme méthode», a-t-elle poursuivi.

«Dahomey» raconte la restitution en novembre 2021 au Bénin de 26 oeuvres pillées en 1892 par les troupes coloniales françaises. Un mouvement amorcé ces cinq dernières années par les anciennes puissances occidentales, dont la France, l'Allemagne et la Belgique.

Mati Diop, fille du musicien sénégalais Wasis Diop, et d'une mère travaillant dans l'art, qui est née et a grandi à Paris, avait déjà remporté à Cannes en 2019 pour «Atlantique» le Grand prix, la plus haute distinction après la Palme d'Or. La réalisatrice a confié à l'AFP qu'elle aimerait que son film soit «vu dans un maximum de pays africains», «dans les écoles et les universités».

Il s'agit du deuxième film africain à recevoir l'Ours d'or (après le sud-africain «U-Carmen e-Khayelitsha» («Carmen de Khayelitsha») de Mark Dornford-May en 2005). Mati Diop succède au Français Nicolas Philibert, Ours d'or l'an dernier.

Elle ajoute son nom à une jeune garde de réalisatrices françaises qui cumulent les prix majeurs ces dernières années: Julia Ducournau (Palme d'Or à Cannes en 2021), Audrey Diwan (Lion d'or à Venise la même année), Alice Diop (deux prix à Venise en 2022) et bien sûr Justine Triet, qui vient de dominer les César après avoir remporté la Palme d'Or l'an dernier à Cannes et est en lice pour les Oscars.

Du quai Branly à Cotonou

Pour raconter l'histoire de 26 oeuvres pillées en 1892 par les troupes coloniales françaises au royaume du Dahomey, dans le centre-sud du Bénin actuel, composé alors de plusieurs royaumes, Mati Diop fait parler en voix off la statue anthropomorphe du roi Ghézo.

Dans la langue du Bénin, le fon, il se plaint de ne plus porter de nom, seulement un numéro, «le 26», dans les réserves du musée du quai Branly à Paris. Il décrit son arrachement à sa terre, sa vie en exil, puis son récent rapatriement dans un musée de Cotonou, la capitale du Bénin.

Les présidents français Emmanuel Macron et béninois Patrice Talon, à l'origine de cette restitution qui a eu lieu le 10 novembre 2021, n'apparaissent pas dans le film. La réalisatrice insiste sur le fait que seules ces 26 oeuvres avaient été rendues «par rapport aux 7000 oeuvres encore captives au musée du quai Branly» à Paris. (lal/ats)

Dakota Johnson est très drôle en interview
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
Avez-vous quelque chose à nous dire ?
Avez-vous une remarque ou avez-vous découvert une erreur ? Vous pouvez nous transmettre votre message via le formulaire.
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
On est retournés sur les terrasses de Paris: «Papa a pris une bombe»
De la rue Bichat au boulevard Voltaire, j'ai refait le chemin des attentats du 13 novembre 2015. Entre douleur et résilience, Paris met un point d'honneur à continuer de vivre. Rencontre avec des Parisiens, qui rendent hommage à leurs morts et célèbrent la vie.
Je commence mon exploration entre Le Petit Cambodge et Le Carillon, quelques jours avant les dix ans des attentats du 13 novembre 2015. Il fait beau, presque trop pour un mois de novembre. Sur les terrasses, les verres brillent au soleil, les discussions s’entremêlent. On ne peut pas enlever aux Parisiens qu’ils savent profiter de la vie.
L’article