Le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus va diriger un gouvernement intérimaire au Bangladesh après la dissolution du Parlement et la fuite de la Première ministre Sheikh Hasina, a annoncé la présidence tôt mercredi (heure locale).
La décision «de former un gouvernement intérimaire(...) avec Yunus comme chef» a été prise lors d'une rencontre entre le président Mohammed Shahabuddin, des hauts dignitaires de l'armée et des responsables du collectif Students Against Discrimination (Etudiants contre la discrimination), principal mouvement à l'origine des manifestations initiées début juillet, a-t-elle précisé.
Cet économiste de 84 ans est connu pour avoir sorti des millions de personnes de la pauvreté grâce à sa banque de microfinance, pionnière en la matière. Mais il s'était attiré l'inimitié de Sheikh Hasina, qui l'avait accusé de «sucer le sang» des pauvres.
«Nous faisons confiance au Dr Yunus», a écrit sur Facebook Asif Mahmud, un des dirigeants du collectif Students Against Discrimination (Etudiants contre la discrimination).
Les manifestations contre un système de quotas d'embauche dans l'administration ont fait plus de 400 morts depuis début juillet à travers le pays. Elles ont finalement abouti lundi au départ de la première ministre âgée de 76 ans, contrainte de s'enfuir à bord d'un hélicoptère.
L'ancienne cheffe du gouvernement a atterri dans une base militaire près de New Delhi, selon la presse indienne, mais une source de haut niveau a affirmé qu'elle ne faisait que «transiter» par le pays avant de se rendre à Londres. L'appel du gouvernement britannique à une enquête de l'ONU sur des «niveaux de violence sans précédents» a cependant mis en doute cette destination.
Dans le pays, le principal syndicat de policiers au Bangladesh a demandé «pardon» mardi pour avoir tiré sur des étudiants. Il a affirmé que les officiers de police avaient été «forcés à ouvrir le feu» puis présentés comme les «méchants». Il a annoncé aussi une grève pour garantir la sécurité des policiers.
La situation était calme mardi dans la capitale, Dacca. Si la circulation a repris et les magasins ont rouvert, les bureaux de l'administration restaient cependant fermés, au lendemain de violences qui ont fait au moins 122 morts.
Lundi a été la journée la plus meurtrière depuis le début des manifestations début juillet et 10 autres personnes ont été tuées mardi, portant le bilan à au moins 432 morts, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres de la police, des responsables gouvernementaux et de médecins dans des hôpitaux.
Le chef de l'Etat a ordonné lundi en fin de journée la libération des personnes arrêtées lors des manifestations. L'ex-Première ministre et cheffe de l'opposition Khaleda Zia, 78 ans, a par ailleurs été libérée mardi, selon le porte-parole de son parti, le BNP. Cette grande rivale de Mme Hasina avait été condamnée à 17 ans de prison pour corruption en 2018. (jch/ats)