Pendant que nous dormons paisiblement, à onze millions de kilomètres de là, Dart s'apprête à mourir... pour faire avancer la science. Et sauver potentiellement l'humanité. Son objectif est simple: foncer à toute vitesse sur l'astéroïde Dimorphos pour le faire dévier de sa trajectoire. Il ne s'agit pas de détruire l'astéroïde – seulement de le pousser très légèrement, selon une technique appelée «impact cinétique».
Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles: même s'il a tout d'un méchant de Star Wars, ledit astéroïde Dimorphos ne menace pas directement la Terre. Son orbite autour du Soleil passe très loin de nous, à environ sept millions de kilomètres au plus proche.
Le suicide de Dart répond, en fait, à une nécessité expérimentale. Si un astéroïde venait un jour à menacer la Terre pour de vrai, une tentative de déviation similaire permettrait (peut-être) de nous sauver la peau.
«Le premier test consiste à voir si nous arrivons à envoyer un vaisseau contre un astéroïde. Le second, tout aussi important, c'est d'analyser comment l’astéroïde répond à cet impact. Sommes-nous capables de faire bouger l’astéroïde? Et avec quelle efficacité?» a expliqué Tom Statler, astrophysicien à la NASA à la RTS.
Ce petit vaisseau, qui fait approximativement la taille d'une voiture, a décollé il y a dix mois de la Californie à bord d'une fusée Falcon 9 de SpaceX. Sa cible mesure, quant à elle, environ 160 mètres de diamètre (soit la moitié de la hauteur de la Tour Eiffel, pour vous donner une idée).
Débuté en novembre 2021, le voyage de la sonde touche ainsi à sa fin. A 23h14 GMT lundi (1h14 mardi en Suisse), Dart ira s'écraser contre Dimorphos à la vitesse de 24 000 kilomètres à l'heure. Pour les noctambules, ce moment spectaculaire pourra être suivi en direct sur la chaîne vidéo de l'agence américaine.
Comment savoir que le sacrifice de Dart ne sera pas vain et que Dimorphos déviera effectivement de sa ligne initiale? Difficile d'être affirmatif: les conséquences de l'impact pourraient être visibles au bout de quelques minutes ou de quelques semaines, sans qu'on ne soit sûr de rien.
La scène du suicide, quant à elle, ne sera pas inspectée en détail avant 2026, par la mission européenne Héra.
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