Le président du géant minier Rio Tinto, Simon Thompson, a annoncé, mercredi, sa démission suite à un scandale provoqué par la destruction par son entreprise d'un site historique de la communauté aborigène en Australie.
L'émoi suscité par ce dynamitage dans l'Etat d'Australie Occidentale de la grotte de Juukan Gorge, un site vieux de 46 000 ans considéré comme sacré par les peuples Puutu Kunti Kurrama et Pinikura (PKKP), avait déjà conduit à la démission, en septembre, du patron de Rio Tinto, le Français Jean-Sébastien Jacques, et de deux autres hauts dirigeants.
L'entreprise souhaitait, grâce au dynamitage, agrandir une mine de fer. Avant l'opération, les PKKP disent avoir alerté sur le fait que les explosifs détruiraient des formations rocheuses historiques et que Rio Tinto aurait pu protéger le site. Considéré comme sacré par les PKKP, il abritait plusieurs objets aborigènes parmi les plus anciens retrouvés en Australie.
Simon Thompson a qualifié la destruction du site de «source de tristesse personnelle et de profond regret, ainsi que de violation flagrante des valeurs de notre entreprise».
Il regrette également que les succès engrangés par Rio Tinto en 2020, qui l'ont conduit à verser un dividende record aux investisseurs, ont été «éclipsés» par le scandale dont il s'affirme être le responsable.
Une enquête parlementaire a recommandé fin 2020 que le groupe anglo-australien dédommage les PKKP, reconstruise le site détruit et s'engage à respecter un moratoire permanent en matière d'exploitation minière dans la région.
Un rapport préliminaire avait également conseillé à toutes les compagnies exploitant des mines en Australie Occidentale de revoir les accords passés avec les propriétaires terriens autochtones et de mettre fin à toute destruction planifiée des sites patrimoniaux jusqu'à la mise en place de protections juridiques renforcées. (ats)