L'ex-présentateur vedette de la BBC Huw Edwards a été condamné lundi à 6 mois de prison avec sursis et à une obligation de soins pour détention d'images pédopornographiques. Ce verdict conclut une affaire embarrassante pour le groupe de média public britannique.
Huw Edwards, 63 ans, indissociable des événements les plus marquants au Royaume-Uni depuis le début des années 2000, avait plaidé coupable en juillet, ce qui lui a évité un long et médiatique procès.
Il encourrait 10 ans de prison, mais le juge de la Westminster Magistrates Court a suivi les réquisitions du parquet qui avait mis en avant ses problèmes psychologiques et les «remords sincères» exprimés.
«Votre réputation est en lambeaux», a lancé au présentateur le juge Paul Goldspring en énonçant la peine. Durant l'audience, l'avocat d'Huw Edwards, Philip Evans, a affirmé que son client reconnaissait «la nature répugnante» des images qu'il avait reçues et qu'il était «profondément désolé.»
«Il a trahi la confiance inestimable de tant de gens», a-t-il insisté, tandis que Huw Edwards n'avait pris la parole en début d'audience que pour confirmer son identité.
L'affaire a eu un énorme retentissement au Royaume-Uni et mis la BBC dans l'embarras. Début août, le premier ministre Keir Starmer s'est dit «choqué et épouvanté».
Marié et père de cinq enfants, Huw Edwards est né au Pays de Galles. Il intègre la BBC en 1984. Journaliste politique, il devient en 1994 le présentateur du journal de 18 heures, avant de devenir le visage de celui de 22 heures.
Son flegme, associé à la réputation d'impartialité du groupe audiovisuel, a fait de lui une présence fiable et rassurante pour des millions de téléspectateurs.
Du mariage du prince William et Kate Middleton (2011) à l'annonce du décès de la reine Elizabeth II (2022): Huw Edwards était le journaliste le mieux payé avec un salaire pour l'année 2023/2024 de plus de 475 000 livres (plus de 560 000 euros).
Sa chute est intervenue brutalement, à l'été 2023, lorsque le tabloïd The Sun a affirmé qu'il avait payé un adolescent en échange de photos à caractère sexuel et avait été suspendu. Aucune poursuite n'avait alors été lancée.
Mais de nouvelles accusations amènent la justice à l'inculper en juin 2024, deux mois après sa démission.
Cette fois, l'enquête montre qu'Huw Edwards était en contact sur WhatsApp avec un homme qui lui envoyait des images pédopornographiques. Les charges retenues contre lui concernaient 41 images, certaines montrant un enfant âgé entre sept et neuf ans, reçues entre décembre 2020 et août 2021.
Ces images illégales retrouvées avaient été «clairement envoyées avec l'accord de Monsieur Edwards», selon le parquet. L'avocat d'Huw Edwards avait lui insisté sur le fait que son client n'avait fait que recevoir ces images, sans les partager.
Cette affaire a porté un coup dur à la BBC. Sévèrement critiquée pour sa gestion du scandale, elle a réalisé une enquête interne concluant à des insuffisances dans ses procédures pour traiter des plaintes relatives au comportement de ses employés.
Le géant audiovisuel, qui s'est dit «choqué» par l'affaire, a annoncé chercher à récupérer les salaires versés à son ex-présentateur après son arrestation en novembre dernier.
Le groupe reste traumatisé par sa gestion de plusieurs scandales à caractère sexuel, en premier lieu l'affaire Jimmy Savile, qui a éclaté en 2012 un an après la mort de cet animateur-star, auteur de viols et d'agressions sexuelles sur des mineurs pendant des décennies.
Engagée dans un vaste plan d'économies, la BBC tire la plus grande part de ses revenus de la redevance, 169,50 livres sterling (200 euros). Mais ce modèle est critiqué et elle a lancé récemment une réflexion pour le réformer. (chl/ats)