Six des onze juges de la Cour suprême du Brésil se sont prononcés jeudi avant la suspension d'un procès crucial pour les peuples autochtones. Le verdict pourrait affecter leur droit à occuper leurs territoires ancestraux.
Le «procès du siècle», comme l'intitulent les défenseurs des peuples indigènes, doit se poursuivre la semaine prochaine avec le vote des cinq derniers juges. Il s'était ouvert mercredi après une suspension début juin et un premier report en septembre 2021.
Les onze membres de la plus haute juridiction du pays votent pour valider ou rejeter le «cadre temporel», une thèse qui ne reconnaît comme terres revenant de droit aux autochtones que celles qu'ils occupaient au moment de la promulgation de la Constitution en 1988. Mais les indigènes expliquent que certains territoires n'étaient plus occupés à cette époque car ils en avaient été expulsés, en particulier sous la dernière dictature militaire (1964-1985).
Jeudi, deux nouveaux juges l'ont rejeté, portant à quatre les votes en faveur de ces peuples, contre deux qui s'étaient prononcés mercredi en faveur de cette motion soutenue par le lobby de l'agro-négoce:
Selon l'autre juge ayant voté contre, Luis Roberto Barroso, «l'occupation traditionnelle peut être démontrée par divers mécanismes». Le procès, qui devrait faire jurisprudence, porte plus précisément sur le cas du territoire Ibirama-Laklano, dans l'Etat de Santa Catarina (sud), qui a perdu son statut de réserve indigène en 2009, à la suite d'un jugement d'une instance inférieure.
Les magistrats avaient alors justifié leur décision en expliquant que ces terres n'étaient pas occupées par les autochtones en 1988.
De nombreux scientifiques considèrent que ces réserves constituent des remparts contre la déforestation, en raison du mode de vie traditionnel des indigènes, plus respectueux de l'environnement. Selon le dernier recensement, réalisé l'an dernier, le Brésil compte près d'1,7 million d'autochtones. (ats/jch)