Lula a à son tour lancé mardi sa campagne officielle pour la présidentielle d'octobre au Brésil. Il a choisi, comme son rival le président sortant Jair Bolsonaro, un endroit qui a profondément marqué sa carrière politique: les usines où il a embrassé le syndicalisme.
Favori des sondages, Luiz Inacio Lula da Silva, 76 ans, a tenu son premier meeting dans une usine automobile de son fief de Sao Bernardo do Campo, près de Sao Paulo (sud-est), zone industrielle où il a été tourneur-fraiseur, avant de devenir leader syndical dans les années 70.
Jair Bolsonaro, lui, était plus tôt dans le Minas Gerais (sud-est), à Juiz de Fora «la ville où je suis né à nouveau», hissé sur une estrade installée sur le même carrefour où il avait été poignardé par un déséquilibré il y a quatre ans, frôlant la mort.
Vêtu d'une veste noire boutonnée jusqu'au cou dissimulant les formes d'un gilet pare-balle, l'ancien capitaine de l'armée, 67 ans, a égrené un discours chargé de déclarations patriotiques et d'allusions à Dieu et à la Bible.
Il a réitéré sa promesse de lutter contre l'inflation à deux chiffres, l'avortement, la drogue et de défendre la «propriété privée», brandissant la menace «communiste» au Brésil s'il perd les élections en octobre contre son rival Lula.
«Mito, mito» (réd: mythe), ont scandé les partisans du leader d'extrême droite rassemblés autour du slogan «Dieu, patrie, famille et liberté», dont plusieurs étaient vêtus de t-shirts aux couleurs du Brésil. Jair Bolsonaro a ensuite donné la parole à la première dame, une évangélique fervente ovationnée autant, voire plus, que son époux. Michelle Bolsonaro a invité l'assistance à fermer les yeux et à réciter le Notre père.
Lula, qui a retrouvé ses droits politiques en 2021 après l'annulation de ses condamnations dans une immense affaire de soupçons de corruption, caracole en tête des sondages bien que son adversaire semble combler l'écart.
Lundi soir, un sondage de l'institut Ipec donnait toujours un avantage confortable à l'ex-président de gauche, avec 44% des intentions de vote au premier tour contre 32% pour le chef de l'Etat actuel. Fin juillet, une enquête d'opinion de l'autre institut de référence, Datafolha, faisait état d'un écart de plus important: 47% pour Lula, 29% pour Bolsonaro.
La principale préoccupation des Brésiliens, selon les sondages, est la situation économique, marquée ces dernières années par des niveaux élevés de chômage et d'inflation qui ont sapé la popularité de Bolsonaro. Ce mardi sera intronisé à la présidence du Tribunal supérieur électoral (TSE) le juge Alexandre de Moraes.
Ce magistrat de la Cour suprême est une des bêtes noires du président Bolsonaro, contre lequel il a ordonné l'ouverture d'une enquête pour diffusion de fausses informations sur le système électoral. Le chef de l'Etat n'a cessé de remettre en cause la fiabilité des urnes électroniques utilisées dans le pays depuis 1996, évoquant des «fraudes» sans apporter de preuves. (ats/jch)