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Coup dur pour Bolsonaro, Telegram est bloquée

Coup dur pour Bolsonaro, Telegram est bloquée

On vous explique en 5 points pourquoi l'application Telegram, chérie par le président brésilien Jair Bolsonaro, a été suspendue par un juge de la Cour suprême du Brésil.
19.03.2022, 12:3919.03.2022, 18:36
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L'application favorite du président brésilien, Jair Bolsonaro, a été bloquée par un juge de la Cour suprême brésilienne.
L'application favorite du président brésilien, Jair Bolsonaro, a été bloquée par un juge de la Cour suprême brésilienne. sourceS: keystone et shutterstock

Un juge de la Cour suprême du Brésil a bloqué la populaire messagerie en ligne Telegram, très utilisée par le président d'extrême droite Jair Bolsonaro et ses réseaux à sept mois de la présidentielle, dans un pays gangréné par la désinformation.

Non-respect des normes

A plusieurs reprises, Telegram «n'a pas respecté des ordres judiciaires», a écrit le juge Alexandre de Moraes dans son arrêt publié sur le site officiel de Cour suprême, qui ordonne «la suspension complète et intégrale du fonctionnement au Brésil de Télégram», téléchargée sur 53% des téléphones mobiles.

Stratégie de campagne

Cette messagerie en ligne cryptée fondée par le Russe Pavel Durov, dont le siège social est à Dubaï, était une clef de voûte de la stratégie de campagne de Bolsonaro, qui vise la réélection à la présidentielle d'octobre et défend la liberté d'expression sans limites.

Contrairement à d'autres plateformes, il n'y a pratiquement pas de modération de contenu des messages et les groupes peuvent rassembler jusqu'à 200'000 membres, ce qui augmente considérablement le potentiel viral des fausses informations.

Cela a valu à Telegram des sanctions dans certains pays, de la suspension - temporaire ou définitive - de ses services au blocage ciblé de certains comptes ou groupes d'usagers.

Désinformation

«Notre compte Telegram donne chaque jour des informations sur les actions d'intérêt national (du gouvernement), qui sont malheureusement omises par beaucoup» de médias, avait écrit le chef de l'Etat vendredi matin sur Twitter, avant la publication de l'arrêt de Moraes.

Le juge de la Cour suprême cite notamment le refus de Telegram de bloquer à la demande de la justice brésilienne le compte d'Allan dos Santos, blogueur bolsonariste visé par une enquête pour désinformation.

Pornographie infantile

Le magistrat a également évoqué l'absence de coopération de la plateforme dans des affaires de pornographie infantile.

Il a donné 24 heures à l'Agence nationale des télécommunications (Anatel) pour faire appliquer sa décision et bloquer l'accès à la plateforme sur tout le territoire, jusqu'à ce que Telegram « applique les ordres judiciaires » qui lui ont été imposés.

«Territoire sans loi»

«Comme il n'applique pas les décisions judiciaires, Telegram est une sorte de territoire sans loi. Les règles de la justice électorale, comme l'interdiction d'envoi massif de messages dans des groupes ou la campagne anticipée, ne s'y appliquent pas», a expliqué vendredi sur Twitter Pablo Ortellado, professeur de l'Université de Sao Paulo (USP) et spécialiste des plateformes numériques.

Le 15 février, Telegram était le grand absent d'un accord signé par le Tribunal supérieur électoral (TSE) avec huit plateformes numériques (Twitter, TikTok, Facebook, WhatsApp, Google, Instagram, YouTube et Kwai) qui se sont engagées à combattre la désinformation en vue de la présidentielle.

Le président du TSE, Luis Roberto Barroso, avait affirmé en décembre qu'«un grand nombre de théories conspirationnistes et de fausses informations» étaient disséminées «sans aucun contrôle» sur Telegram.

Elections en octobre

Ces propos avaient suscité une réaction outrée du président Bolsonaro, pour qui une telle suspension serait un signe de «lâcheté».

L'élection du président d'extrême droite, en 2018, a été entachée par la diffusion massive de fausses informations, notamment sur WhastsApp, principal concurrent de Telegram.

Le compte Telegram de Jair Bolsonaro compte plus d'un million d'abonnés, contre seulement 48'000 pour son principal adversaire probable à l'élection d'octobre, l'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), qui le devance pourtant dans les sondages. (ats/myrt)

Ce Brésilien s'est fait tatouer le maillot de son équipe favorite.
Video: watson
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