Badiucao, critique du régime chinois, devant son œuvre «Winnie the Xi Jinping».Image: watson
L'artiste Badiucao dénonce sans retenue les abus de la politique et de la société chinoises, ainsi que la guerre criminelle contre l'Ukraine. Le régime chinois l'a dans le viseur, tout comme en Europe.
09.07.2023, 16:0910.07.2023, 10:02
Il est de notoriété publique que la Chine pratique une censure rigoureuse. Mais les mesures étatiques visant à réprimer la liberté d'expression dépassent largement les frontières du pays et touchent l'Europe. C'est ce que montre le cas de l'artiste et activiste chinois Badiucao.
Né à Shanghai, ce Chinois, qui préfère taire son patronyme, s'est réfugié à l'étranger dans sa jeunesse. Il a trouvé une seconde patrie en Australie et dénonce depuis sans relâche les crimes de la Chine contre l'humanité et les agissements de ses dirigeants.
Badiucao s'est fait un nom dans le monde entier avec ses impressions et peintures critiques à l'égard du régime, ses installations et ses actions urbaines. Il se concentre sur les violations actuelles et passées des droits humains, comme la persécution des Ouïghours ou le massacre de Tian'anmen en 1989.
Badiucao se montre sévèrement critique concernant les liens qui unissent Xi Jinping et Vladimir Poutine.
Deux dictateurs assoiffés de sang
Pour appuyer les dessins et les diatribes de l'artiste chinois, un journaliste ukrainien a écrit:
«Ces deux dirigeants autoritaires sont responsables de nombreux crimes et décès qui ont eu lieu ces dernières années et qui se produisent encore aujourd'hui. Le plus terrible d'entre eux est la guerre contre l'Ukraine, à laquelle Vladimir Poutine s'est préparé depuis son premier jour de président de la Fédération de Russie. Et le régime chinois, dirigé par Xi Jinping, est l'un de ses principaux soutiens dans cette entreprise.»
quelle: sfg.media
Selon le journaliste, le fait que Badiucao ait osé dépeindre les deux souverains comme des cannibales est d'une pertinence clinique:
«Pour ne pas perdre le pouvoir, il faut tuer: faire sauter des maisons pour justifier l'invasion. Eliminer les rivaux politiques pour rester au sommet. Eliminer les libertés pour ne pas être critiqué. (...)
Toutes ces actions sont toujours directement liées à des pertes humaines et à des décès. Et si tout cela ne se produit pas, l'autocrate perd son pouvoir ou disparaît. C'est pourquoi il doit constamment "manger". Il a constamment besoin de sang.»
Deux têtes, un corps, une direction
Une colombe squelettique pour la paix russo-chinoise
Badiucao s'en est également pris à Emmanuel Macron, déplorant le manque flagrant d'esprit critique lors de sa visite en Chine
Pékin veut empêcher l'exposition en Europe
Ce printemps, la première exposition de Badiucao devait avoir lieu en Pologne; son titre est inspiré du slogan de propagande chinoise «Tell China's Story Well» («Racontez bien l'histoire de la Chine»). Il s'agissait donc d'opposer l'art critique aux récits diffusés par le régime de Pékin, de «raconter une autre histoire», comme l'indique le descriptif brossé par les exposants polonais:
«Une histoire sur les violations continues des droits humains, la manipulation de la mémoire historique des événements de la place Tian'anmen en 1989, la censure des citoyens chinois pendant la pandémie du Covid, l'assimilation culturelle forcée des Ouïghours, les protestations au cours desquelles les habitants de Hong Kong ont lutté contre la politique du gouvernement, et la relation inquiétante entre la Chine et la Russie face à la guerre en Ukraine.»
Comme on pouvait s'y attendre, le projet a déplu à l'Etat chinois, qui a tenté d'empêcher l'exposition par la voie diplomatique.
Un haut représentant de l'ambassade de Chine s'est rendu au Château d'Ujazdów à Varsovie, où se trouve le Centre d'art contemporain, et a demandé la fermeture immédiate de l'exposition, selon les informations disponibles.
«L'exposition est pleine de préjugés et de mensonges, attaque la politique intérieure et extérieure de la Chine, porte gravement atteinte à l'image nationale de la Chine, blesse les sentiments du peuple chinois et induit en erreur la perception de la Chine par le peuple polonais. (...)
Nous demandons aux organisations compétentes de prendre des mesures efficaces pour cesser d'organiser des expositions, de ne pas faire de publicité pour les forces anti-chinoises et de maintenir le développement sain et stable des relations sino-polonaises.»
Extrait d'une lettre de protestation chinoise, publiée sur le site de l'ambassadesource: pl.china-embassy.gov.cn (traduite via google traduction)
En outre, des lettres ont été envoyées au ministère polonais de la Culture et du Patrimoine national pour dénoncer «une ingérence de la censure», ont révélé les gérants du centre d'art. Parallèlement, leur site web a été bloqué en Chine par les autorités locales.
Dans leur prise de position, les exploitants du musée ont déclaré qu'ils interprétaient ces mesures «comme des actes de censure préventive» et qu'ils protestaient fermement.
«Nous encourageons également tous ceux qui croient en la liberté de parole et d'expression à soutenir l'artiste et notre institution, notamment en participant au vernissage et à toutes sortes d'autres activités qui contribuent à faire cesser les pressions liberticides.»
Malgré les critiques chinoises et les menaces, l'exposition a finalement pu se tenir.
Badiucao ne se laisse pas intimider
Tout récemment, une exposition consacrée aux vastes efforts de censure de Pékin a été inaugurée à Londres. Intitulée «Banned by Beijing», elle met l'accent sur la «répression transfrontalière» de l'art critique du régime par le Parti communiste.
«Interdit par Pékin», exposition à l'église Saint John's dans le quartier londonien de Waterloo.
Badiucao est l'un des artistes chinois qui exposent dans la capitale britannique à l'initiative de l'organisation à but non lucratif Index on Censorship. Ceux-ci ont parlé de leur difficile travail en exil lors du vernissage.
La conservatrice le décrit comme suit:
«Badiucao est un artiste sino-australien et un défenseur des droits humains. En plus de faire l'objet de harcèlement et de campagnes de diffamation, il a été confronté à plusieurs reprises à des tentatives de censure de son travail, notamment en République tchèque, en Italie et plus récemment en Pologne.»
Sur leur site web, les initiateurs de l'exposition donnent également la parole à une analyste de la Chine et experte en droits humains, Nyrola Elimä, originaire de la région ouïghoure:
«Je n'aurais jamais pensé que les gens seraient censurés en Europe. Je n'aurais jamais pensé que la Chine aurait le bras aussi long pour faire taire quelqu'un. On ne peut pas la voir physiquement, mais on sent sa présence.»
source: indexoncensorship.org
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder
Alors que les Chinois sont confinés, des chiens robots patrouillent dans les rues
Video: watson
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