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Chine: «Renversez Xi Jinping le dictateur» | Reportage

«Renversez Xi Jinping le dictateur»: malgré la répression, Pékin se révolte

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Image: Twitter
Peu avant le 20e congrès du Parti communiste, tout-puissant en Chine, un inconnu a accroché des bannières critiques à l'égard du régime dans le centre-ville de Pékin. Cette manifestation publique, la plus importante depuis des années, révèle les fissures sous le vernis rouge vif du parti. Notre reporter en a fait les frais.
15.10.2022, 11:4615.10.2022, 17:42
Fabian Kretschmer, pékin / ch media
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C'est sans doute la plus grande protestation publique dans la capitale chinoise depuis le début du millénaire. Quelques jours seulement avant le 20e congrès du Parti communiste, un citoyen a accroché deux bannières géantes sur le pont de Sitong, dans le district de Haidian (nord-ouest), où roule une artère à six voies.

Mais au lieu de l'habituelle propagande d'Etat, on pouvait y lire une critique inédite du système chinois:

«Nous voulons de la nourriture, pas des tests PCR. Nous voulons des réformes, pas une révolution culturelle. Nous voulons la liberté, pas le confinement. Nous voulons être des citoyens et non des esclaves»

Et juste à côté, on peut lire, en des termes qui laissent peu de place au doute:

«Renversez le dictateur et voleur Xi Jinping»

Si l'évènement a duré assez longtemps pour être pris en photo et partagé sur les réseaux sociaux, à mon arrivée sur place, tout a disparu.

Soudainement, deux policiers en brassard rouge s'approchent de moi et confisquent mon passeport et ma carte de presse.

Propagation fulgurante sur les réseaux sociaux

Car même une présence policière accrue n'était pas visible dans un premier temps, le régime est bien là. Dans les minutes qui suivent, je remarque qu'un grand nombre des «passants» environnants sont en fait des policiers en civil. Comme ce joggeur vêtu d'un pantalon de course et de chaussures de sport.

Après un contrôle de sécurité d'une quinzaine de minutes, la situation se calme, les policiers me rendent mon passeport et ma carte et me laissent partir. Compte tenu du pouvoir des forces de sécurité en Chine, on peut dire que la chose s'est terminée de manière pacifique.

Les vidéos circulent sur les réseaux occidentaux

Sur les réseaux sociaux chinois, les événements ont toutefois été immédiatement bloqués par les censeurs. En revanche, les photos et vidéos se sont multipliées sur les plateformes en ligne étrangères, notamment Twitter.

Les vidéos montrent des passants incrédules devant le pont Sitong regarder fixement les bannières avant que celles-ci ne soient arrachées par les policiers.

On peut aussi apercevoir des nuages de fumée et quelques flammes s'élever dans le ciel. Est-ce un incendie? Les raisons de ce phénomène ne sont pas encore claires.

Qu'est-il arrivé à l'auteur des banderoles?

La réussite de cette action de protestation tient presque du miracle: non seulement les rues de Pékin sont truffées de caméras de surveillance tous les deux mètres, mais la présence policière est incroyablement élevée à l'approche du congrès du Parti. Aux principaux carrefours de la périphérie intérieure de la ville, des agents de sécurité surveillent couramment les événements.

Et surtout, la question qui agite les réseaux: qui a accroché les bannières et qu'est-il arrivé à cette personne? Dans un pays où des posts critiques sur les réseaux sociaux peuvent entraîner des convocations au poste de police, une telle action est extraordinairement courageuse — et dangereuse.

Ce que cette action montre, au final, c'est que le vernis rouge vif du Parti communiste chinois se fissure et que, bien que silencieuse, une partie de la population est en résistance intérieure.

La main de fer de l'Etat

Mais après deux ans et demi de politique «Zéro Covid», les choses grondent de plus en plus. Les lockdowns soudains, les quarantaines forcées arbitraires et les tests de masse quotidiens ont non seulement mené l'économie au bord de la récession, mais ont également détruit les moyens de subsistance économiques de plusieurs familles.

Mais les critiques, si elles existent, ne sont exprimées qu'à mots couverts. Les lignes rouges, qui n'ont cessé de se durcir ces dernières années sous Xi Jinping, autorisent certes le mécontentement contre le gouvernement local. Mais ceux qui le dirigent contre Pékin ou qui remettent en question le système doivent s'attendre à une main de fer de la part de l'Etat.

Le moment de la protestation est incomparablement plus précaire. Dimanche se tiendra le 20e congrès du parti à Pékin. Au cours de celui-ci, Xi Jinping - premier chef d'Etat depuis Mao Zedong - déclarera son troisième mandat.

Le fait que de nombreux Chinois souhaitent que leur pays prenne une autre direction n'apparaît pas dans le discours des médias dirigés par l'Etat. Pourtant, ce jeudi après-midi, le désaccord a été visible, du moins pendant quelques minutes.

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