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Pro-Chine et antisémitisme: les casseroles de Mélenchon

Pro-Chine et antisémitisme: les casseroles de Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon: nuits de Chine, nuits câlines...image: shutterstock, montage saïnath bovay

Pro-Chine, antisémitisme: les casseroles de Mélenchon et ses insoumis

La France insoumise et son chef Jean-Luc Mélenchon font face à des accusations de complaisance avec l'antisémitisme. Le leader aggrave son cas après ses déclarations jugées pro-Pékin dans la crise taïwanaise.
08.08.2022, 16:4709.08.2022, 09:29
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Faire l’objet d’un tweet de remerciement de l’ambassade Chine, ça peut être lourd à porter. Ou pas. C’était à la fin de la semaine dernière, Pékin lançait les plus grandes manœuvres militaires de son histoire pour intimider Taïwan, suite à la visite à Taipei de la présidente de la Chambre de représentants, la démocrate américaine Nancy Pelosi.

L’incomparable Jean-Luc Mélenchon a réussi ce tour de force. De retour d’une tournée de quinze jours en Amérique latine, le leader de La France insoumise (LFI), admirateur du père des indépendances sud-américaines Simon Bolivar, contempteur de l’impérialisme de l’Oncle Sam, a couché sur son blog un commentaire plein de moulinets dans lequel il laisse libre-cours à son parti pris anti-américain. Après avoir dénoncé «les misérables simagrées des macronistes avec leur diversion sur l’antisémitisme attribué à la LFI» (on y revient plus bas), le chef des Insoumis embraie sur la géopolitique asiatique:

«Mais autrement plus lourde de conséquences est la provocation des USA à Taïwan. Quel est le sens de la visite de Pelosi sur place?»
Jean-Luc Mélenchon

Tout est dans le ton, mieux, dans l’intonation, tant on reconnaît dans ces mots datés du 3 août la verve accusatoire du tribun de la gauche radicale française.

Avec les félicitations de Pékin

L’ambassade de Chine ne s’y est pas trompée. Dès le lendemain, sautant sur l'occasion, elle remerciait Jean-Luc Mélenchon, copie d’écran à la clé. «Merci @JLMelenchon pour son soutien constant à la politique d'une seule Chine», s’empressait-elle d’écrire:

Il est où, le problème?

Rappeler, comme s’y emploie Mélenchon sur son blog, que la France, à l’instar de la quasi-totalité des Etats de la planète, ne reconnaît qu’une seule Chine, celle qui a Pékin pour capitale, c’est une chose. Parler de «provocation» américaine, dans des termes qui ne laissent pas la place au doute sur ses préférences, alors qu’une puissante dictature menace une démocratie de la taille d’un confetti, c’est plus problématique.

A part quelques camarades insoumis et un tweet du Parti communiste français (PCF) dans la même veine que les déclarations polémiques de Jean-Luc Mélenchon, valant, là encore, un «merci» que voici de l’ambassade de Chine à Paris:

Ça commence à faire beaucoup...

A part, donc, les soutiens évoqués, tous ont volé dans les plumes du théoricien de l’insoumission permanente. Même ses partenaires socialistes et écologistes au sein de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), la coalition de gauche à l’Assemblée nationale, ont fait part de leur désaccord et déclaré leur attachement à la démocratie taïwanaise. A l'exemple de Julien Bayou, secrétaire national des Verts:

Jean-Luc Mélenchon, qui plaide tant pour l'instauration d'un régime parlementaire en France, prétendument pour plus de démocratie, a la fâcheuse habitude de caresser les dictateurs dans le sens qui leur convient, dès lors qu’ils incarnent une opposition à la puissance américaine: d’abord Chavez, puis Maduro au Venezuela, Poutine en Russie, qu’il a soutenu face à l’Otan jusqu’à la veille de l’invasion de l’Ukraine, le 24 février. Et maintenant Xi Jinping, ou plutôt la Chine continentale, dont «Taïwan est une composante à part entière», écrit-il dans son billet de blog comme pour couper court à tout débat sur le sujet.

Un problème avec les juifs?

L’antisémitisme à LFI, maintenant. Les reproches ne datent pas d'hier et ils ne visent pas seulement Jean-Luc Mélenchon. Ils ont resurgi mardi dernier à l’Assemblée nationale dans la bouche de la première ministre Elisabeth Borne et dans celle du ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, créant un incident de séance et des demandes d’excuses – qui ne viendront pas – de la part des députés insoumis.

Eric Dupond-Moretti, dans une envolée pleine de sous-entendus, a conspué l’«extrême gauche», comme le rapporte l’hebdomadaire Le point:

«(Jeremy) Corbyn (réd: l'ancien leader travailliste britannique exclu de son groupe parlementaire, taxé de laxisme contre l'antisémitisme), l'apartheid, les mots que vous avez choisis pour commenter le discours du président de la République, ces mots-là vous collent à la peau»
Eric Dupond-Moretti, ministre de la Justice

Le ministre de la Justice faisait allusion:

  1. A la visite en juin de Jeremy Corbyn à Paris en soutien de deux candidates LFI aux élections législatives.
  2. A un projet de résolution rédigé par des députés de la Nupes condamnant Israël comme Etat d’«apartheid», soit «un régime institutionnalisé d'oppression et de domination systématique par un seul groupe racial», les Juifs d’Israël contre les Palestiniens.
  3. Au terme de «rescapée», employé le 7 juillet par la cheffe du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, pour désigner Elisabeth Borne. «Vous êtes une rescapée», lança ce jour-là l'Insoumise à la face de la première ministre, au motif que de tous les chefs de gouvernement, elle est la moins bien élue à un scrutin législatif. «Rescapée»: mot malheureux, quand on sait qu’Elisabeth Borne est la fille d’un rescapé de la Shoah qui s’est suicidé après la guerre. Absence de tact ou provocation délibérée?

Dans un thread fourni, le compte Twitter «Gaston Crémieux», du nom d’un juif français ayant vécu au 19e siècle, fusillé en 1871 pour sa participation à la Commune de Marseille, liste, sur la question de l'antisémitisme, les propos litigieux de LFI et de leur chef. Ce qui semble attester dans ce parti, du moins chez certains de ses membres, de l'existence d'un problème «juif»:

Il n'y a qu'à les «traduire devant les tribunaux»

De son côté, le député insoumis Manuel Bompard, non signataire de la résolution sur Israël ayant mis le feu dans les débats, a enjoint le ministre de la Justice, «s'il considère qu'il y a des antisémites à l'Assemblée nationale», à «les traduire devant les tribunaux», car l'antisémitisme n'est «pas une opinion mais un délit».

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