Les investissements annuels dans la protection du climat devraient être multipliés par deux à quatre en Europe pour atteindre les objectifs climatiques. C'est une des conclusions du troisième et dernier volet du sixième rapport du Conseil mondial du climat (Giec).
Quelles sont les actions qui peuvent être mises en place pour atténuer le réchauffement climatique? Selon les auteurs, les paquets de mesures à large spectre qui impliquent le plus grand nombre possible d’acteurs sociaux sont particulièrement efficaces. L’abandon rapide des sources d’énergie fossiles est au cœur des mesures à prendre.
Dans les villes, des infrastructures appropriées, par exemple dans les transports, permettent de réduire considérablement les besoins en énergie. Côté transports terrestres, c’est l’électrification qui présente le plus grand potentiel, a indiqué l'Académie suisse des sciences naturelles (Scnat) lors d'un point de presse à l'occasion de la publication du rapport.
La demande de biens, d’énergie et de services en général est également essentielle: une stratégie globale de gestion et de réduction de la demande en fonction du climat pourrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 à 70% d’ici 2050.
«Il n'y a pas d'exception suisse, les recommandations du Giec sont valables pour la Suisse», a indiqué Julia Steinberger, professeure d'économie écologique à l'Université de Lausanne (Unil), co-directrice académique de Climact et auteure principale du chapitre trois du rapport. Elle rappelle, par ailleurs, que la Suisse ne fait pas partie des bons élèves puisqu'elle figure parmi les 20 pays les plus polluants en termes d'émissions de CO2 par habitant dues à la consommation.
«La décroissance énergétique est possible, par l'efficacité, la sobriété et le renouvelable», selon elle, et ce en maintenant une bonne qualité de vie pour tout le monde.
Les différents rapports du Giec montrent qu'une action urgente est nécessaire, ajoute la professeure lausannoise: «Si l'on voulait agir rapidement, ce serait sans problème. La transition aurait été plus douce si on s'y était mis il y a 20 ou 30 ans, mais le point positif aujourd'hui, c'est que les possibilités n'ont jamais été aussi bonnes, on a des pistes pour tous les secteurs».
Pour Julia Steinberger, les énergies fossiles sont triplement dangereuses, pour la santé, pour le climat et également au niveau géopolitique. Nous avons donc avantage à en sortir.
Stefano Battiston, professeur aux universités de Zurich et Venise, également un des auteurs principaux du rapport, souligne, pour sa part, que les flux financiers «verts» sont encore trois à six fois inférieurs au niveau requis d'ici 2030 pour limiter la hausse des températures à deux degrés.
La place financière suisse, particulièrement forte, a ici un rôle à jouer en soutenant la politique climatique, selon cet expert en finance durable. La coopération entre le secteur financier, la politique et l'économie sera décisive pour la mise en œuvre des mesures.
La Suisse pourrait assumer un rôle de pionnier en investissant dans les technologies vertes, poursuit le spécialiste. Pour cela, il faut que le système financier y croie et agisse de manière déterminée, faute de quoi trop peu d'argent ira dans la décarbonisation. (ats/svp)