La justice colombienne a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête visant deux très proches du président de gauche Gustavo Petro pour écoutes illégales sur une nourrice. Un rocambolesque scandale domestique s'est transformé en des règlements de comptes politiques au sein du camp présidentiel.
Une ex-employée de maison, une nourrice accusée du vol d'une mallette contentant plusieurs milliers de dollars au domicile de la puissante directrice de cabinet du président Petro, Laura Sarabia, y a été interrogée à la fin janvier, en dehors de tout cadre légal, au détecteur de mensonges.
Le téléphone de l'ancienne nourrice a également été placé sous écoute à la même période, en toute illégalité. Ces interceptions ont été menées «sur la base d'un faux rapport» liant l'ex-nourrice à un trafiquant de drogue du cartel du clan del Golfo, a expliqué le procureur général.
Mais là où l'affaire se corse, c'est que l'employée de maison a été également la nourrice des enfants d'Armando Benedetti, vieux routard de la politique colombienne, soutien du président Petro et actuellement ambassadeur au Venezuela. Elle avait été alors déjà accusée de vol d'une forte somme en dollars et congédiée après avoir été soumise au détecteur de mensonges.
Or le diplomate a été le patron et mentor en politique de Laura Sarabia, l'introduisant auprès du président socialiste qui en a fait finalement, à 28 ans, sa puissante cheffe de cabinet. Selon des confidences rapportées par la presse, cette dernière accuse désormais l'ambassadeur de l'avoir piégée notamment en lui recommandant la nourrice.
Fait troublant, Benedetti a fait venir à la mi-mai l'ex-nourrice par avion privé jusqu'à Caracas, où elle serait restée plusieurs jours. Il affirme avoir voulu aider son ancienne protégée, à sa demande, mais l'accuse désormais de vouloir «manipuler l'information» en un «écran de fumée qui ne justifie pas l'abus de pouvoir, l'enlèvement et l'intimidation». (ats/jch)