J'ai envie de le baffer, mais c'est plus fort que moi. J'adore parler des frasques du prince Harry.
Ces dernières semaines, avec un plaisir infini et pas vraiment coupable, j'ai consacré un bulletin-météo à la plus courte bande-annonce de la série Harry&Meghan, disséqué chaque épisode avec une minutie médicolégale, raconté l'extrait le plus futile de Spare, avant de finalement dépenser 40 francs dans l'autobiographie de 500 pages pour en pondre une critique.
On se rassure en se disant que les autres médias ne valent guère mieux. Pendant que le Daily Mail titrait vendredi dernier: «Oh épargnez-nous!» sur une édition spéciale de 17 pages consacrée aux mémoires, le Times soupirait: «Les pleurnicheries s'arrêteront-elles un jour?», avant de grommeler longuement sur l'interview du duc à la télévision britannique.
Pas trop tôt, espérons. Au fond, n'aimons-nous pas tellement nous énerver?
De la même façon que nous goûtons une joie malsaine à nous agacer de notre insupportable collègue de travail - celui-là même qui, comme par hasard, fait un maximum de bruit dans la cafétéria - râler contre Harry est un exutoire. L'équivalent d'une bonne séance chez le psy.
Et puis, heureusement que le couple le plus insupportable de la monarchie est là pour abuser du déballage. Comme le rappelait à juste titre Sa Majesté la reine Victoria, en 1871: «La réclusion est l'un des rares luxes auxquels les personnages royaux ne peuvent se livrer. La royauté a besoin d'une vie de publicité presque ininterrompue pour la soutenir».
La dignité silencieuse du prince William et de Kate est certes admirable et fort reposante, c'est un fait: elle fait moins rire, et surtout moins vendre.
S'il est une chose sur Terre qui unisse le prince Harry et les médias, c'est bien que l'adage «Ne jamais se plaindre, ne jamais s'expliquer» est loin de satisfaire notre appétit très humain pour les scoops un peu crades.
Que le bout d'un gland gelé (désolée Harry, je dois le rappeler à chaque fois) ou une bonne fessée post-dépucelage relèvent de l'intérêt public, je vous laisse méditer. Mais prenons un instant pour remercier le duc de Sussex d'être incapable de la boucler et de régaler notre besoin d'agacement journalier. Ça fait du bien.