Kim Jong-un a un sourire enjoué, porte un chapeau de soleil et un costume beige. A première vue, on le croirait en train d'assister à une réception dans un country club. En réalité, il présente son tout premier sous-marin nucléaire.
Le colosse noir trône derrière le dictateur nord-coréen et sur sa proue se tiennent des hommes en uniforme. «Le sous-marin symbolise notre puissance, que nos adversaires les plus acharnés craignent», explique l'homme d'Etat:
Le nouveau sous-marin est équipé de missiles balistiques et conçu aussi bien pour de premières frappes nucléaires tactiques que pour des contre-attaques. Il s'agit du premier du genre dans ce pays d'Asie de l'Est. La Corée du Nord envoie ainsi un message clair au monde entier: sa marine est elle aussi capable de faire la guerre. Elle est prête à affronter un conflit armé avec ses voisins, la Corée du Sud, le Japon ou les Etats-Unis.
Le moment du dévoilement du sous-marin n'a pas été choisi au hasard. Ce samedi 9 septembre, la Corée du Nord fêtera le 75e anniversaire de la fondation de l'Etat par Kim Il-sung, le grand-père de Kim Jong-un. Les anniversaires marquant la naissance de l'Etat sont toujours accompagnés de grands défilés militaires et de nouvelles présentations.
De plus, le «dirigeant suprême» va probablement conclure prochainement un accord d'armement avec la Russie. Kim Jong-un est attendu à partir de dimanche à Vladivostok, dans l'est de la Russie, où se tient la conférence sur l'investissement Eastern Economic Forum.
Là encore, le dirigeant nord-coréen veut se présenter comme le leader d'une nation robuste qui a beaucoup à offrir en matière d'armement. La Corée du Nord dispose, en effet, de capacités militaires impressionnantes par rapport à son niveau de prospérité global.
En même temps, le pays est l'un des plus pauvres du monde en termes de produit intérieur brut par habitant et lutte depuis un certain temps contre une crise alimentaire. La Russie pourrait lui acheter des munitions pour différents systèmes d'armes, y compris de l'artillerie. Les services de renseignement américains pensent que cela se fait déjà depuis longtemps.
Au cours des dernières semaines, la Corée du Nord a également fait deux tentatives de mise en orbite d'un satellite. Les deux ont échoué. Avec sa propre infrastructure satellitaire, le pays asiatique, qui a, par ailleurs, déjà procédé à plusieurs essais nucléaires, parviendrait mieux à surveiller les autres Etats. Kim Jong-un va probablement aller chercher de l'aide en Russie pour le lancement de son satellite. Afin de ne pas avoir l'air de quémander, il est important pour la Corée du Nord d'avoir quelque chose à offrir en retour – et pourquoi pas un sous-marin équipé d'armes nucléaires.
Et cette nouvelle arme à d'autres raisons d'être, la Corée du Nord montre toujours les dents lorsque ses dirigeants politiques ont l'impression que leurs ennemis en font autant. En juillet, un sous-marin à propulsion nucléaire des Etats-Unis a été installé à Busan, en Corée du Sud. Les deux Corées sont formellement en état de guerre depuis le début de la guerre de Corée, qui a duré trois ans et s'est terminée par un armistice en 1953. La Corée du Nord considère depuis lors la forte présence militaire américaine chez sa voisine comme une menace.
La Corée du Nord ne va pas se contenter d'un sous-marin équipé d'armes nucléaires, comme l'a annoncé Kim Jong-un. Les engins existants seront modernisés en conséquence. Une entreprise de grande envergure, car rapporte le think tank américain Nuclear Threat Initiative:
Toutefois, l'institut souligne également que «les experts doutent que tous les navires soient opérationnels, étant donné leur âge».
Selon les analystes, le sous-marin qui vient d'être présenté est basé sur une technologie soviétique que la Corée du Nord a achetée à la Chine dans les années 1970 et qu'elle a améliorée depuis. Il ne répond, toutefois, probablement pas aux normes les plus élevées.
«Ce modèle est relativement bruyant, lent et a une portée limitée», a souligné Vann Van Diepen, ancien expert en armement du gouvernement américain qui travaille désormais pour 38 North, une plateforme d'analyse américaine sur la Corée du Nord. L'ancien fonctionnaire américain a déclaré auprès de l'agence de presse Reuters:
Interprété de l'allemand par Tanja Maeder