C'est l'un des procès les plus attendus de l'année, et pour cause: Sean Combs, le rappeur et producteur phare de 55 ans, qui a amassé une fortune considérable depuis les années 1990 dans la musique, la mode et les boissons alcoolisées, risque la prison à vie.
Lundi matin, de nombreux journalistes et curieux se pressaient devant le tribunal fédéral de Manhattan, où la sélection du jury pourrait s'étirer sur une semaine. Au premier groupe de jurés potentiels, qui doivent répondre à un questionnaire de 14 pages sur leur capacité à juger sereinement cette vaste affaire de violences sexuelles, le juge Arun Subramanian a lancé:
Les premières plaidoiries de l'accusation et de la défense sont pour l'heure prévues le 12 mai pour ce procès dont la durée est estimée à huit à dix semaines.
Le fondateur de Bad Boy Records, qui a eu sous son aile des stars comme la reine du hip-hop soul Mary J. Blige ou le rappeur The Notorious B.I.G. - assassiné en 1997 - est jugé pour trafic à des fins d'exploitation sexuelle, transport de personnes à des fins de prostitution, ainsi que des actes d'enlèvement, corruption et de violences regroupés sous l'inculpation d'entreprise criminelle.
En prison depuis huit mois et son arrestation retentissante à Manhattan, il croule en parallèle sous les accusations de violences sexuelles de plus d'une centaine de femmes et d'hommes devant la justice civile.
P. Diddy, aussi appelé Puff Daddy ou Diddy, clame son innocence et a refusé un accord de plaider-coupable proposé par l'accusation, dont les détails n'ont pas été révélés. Le célèbre rappeur assure n'avoir eu que des relations sexuelles consenties. Son avocat Marc Agnifilo a évoqué un mode de vie «échangiste».
Au coeur des poursuites, qui concernent des faits qui s'étalent sur une période allant de 2004 à 2024, figure l'organisation de marathons sexuels appelés «freak-offs», alimentés par la prise de drogues, et où des femmes étaient contraintes à de longues relations avec des travailleurs du sexe.
Selon l'acte d'accusation, Sean Combs «dirigeait» ses scènes, parfois enregistrées en vidéo et pouvait se montrer menaçant ou violent pour arriver à ses fins. Le parquet fédéral de Manhattan évoque des complices, mais sans les nommer, et Sean Combs sera le seul accusé.
L'affaire secoue l'industrie musicale américaine, qui a plutôt échappé à la vague #MeToo, à l'exception de la vedette déchue du R&B R. Kelly, condamné à 30 ans de prison pour crimes sexuels en 2022. «J'espère que (le procès) incitera d'autres victimes à se manifester», affirme Caroline Heldman, la cofondatrice de l'organisation Sound Off Coalition, qui lutte contre les violences sexuelles dans l'univers de la musique.
Son procès s'ouvre, comme un symbole, le même jour que le célèbre gala du Metropolitan Museum of Art (Met) de New York, rendez-vous mondain par excellence où il avait encore monté les marches en 2023, au milieu de dizaines d'autres célébrités. (mbr avec afp)